Où va la Turquie ? : Carnet d'un observateur européen de Marc Pierini
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Religion et dynamisme
"Ce pays qui ressemble à la tête d'une jument
Venue au grand galop de l'Asie lointaine
Pour se tremper dans la Méditerranée.."
Nazim Hikmet 1948
Son auteur, Marc Pierini a été chef de la mission diplomatique européenne à Ankara de 2006 à 2011.
A grand renfort d’anecdotes, il dessine le pays sous ses multiples aspects: la langue, la gastronomie, le caractère et la mentalité de ses habitants
Le tableau est joliment brossé, bien mené et plaisant à lire.
On y comprend que l’auteur a vite abandonné l’idée d’apprendre le turc, trop difficile. Pourquoi ? Je suis justement en train d’apprendre le turc, qui est la langue la plus facile du monde. C’est inscrit dans mon bouquin... Simplement, il faut faire fi des structures de notre langue car le turc est une langue agglutinante et à harmonie vocalique.
Marc Pierini nous décrit la modernité d'une économie dynamique, d’un secteur automobile fort développé. Selon lui, l’apport croissant des «Tigres anatoliens», ces petits entrepreneurs non liés au secteur européanisé, prennent une place de plus en plus importante dans le développement économique du pays..
Selon lui, la Turquie constitue à ce jour la plus forte réserve de compétitivité pour l’industrie européenne
Nostalgique de la grandeur passée de l’Empire ottoman, la Turquie ne dissimule pas son aspiration à s’imposer comme un nouveau Grand, en prenant ses distances par rapport à l'«Occident impérialiste».
Les Turcs ont réussi à faire de la religion une force au service de l’économie.
« Il est bon pour une personne religieuse de travailler dur » ou encore
« Ouvrir une usine est une sorte de prière » ou
« 90 % de notre sort dépend du commerce et du courage » parole attribuée à Mahomet.
Le phénomène le plus saisissant est le développement de Turkish Airlines. En 2012, le PDG écrivait : « Un par un, nous laissons derrière nous les géants mondiaux en termes de passagers transportés et nous nous dirigeons avec confiance vers le sommet ».
Un mois plus tard, Turkish Airlines dessert le plus grand nombre de pays : 89 pour 203 destinations et 1000 vols par jour.
Paraphrasant Napoléon, il dira « S’il n’y avait qu’une compagnie aérienne au monde, elle aurait Istanbul pour centre de correspondance… »
J’ai relevé quelques traits de caractère savoureux : les Turcs n’ont pas d’humour. Lors d’un discours, il est très mal venu, suivant la mode des Anglo-Saxons de débuter par une histoire drôle pour détendre l’atmosphère..
Ils apprécient cette maxime « le perdant doit être au sol… Et si possible.. pour longtemps.. »
Et une autre « Zéro problème avec les voisins.. »
Ce qui frappe pour qui vient d’Europe occidentale, c’est l’extraordinaire qualité des services. Tout est possible, sans délai, tard le soir et 7 jours sur 7 (coupe de cheveux, une paire de chaussures, un plombier, un électricien, de l’argent liquide, de l’eau minérale en bouteilles de 20 litres avec pompe…)
Tout dans ce livre est extrêmement intéressant et recèle encore des tas d’informations. On sent que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à vivre dans ce pays et personnellement, je retrouve le dynamisme, la gentillesse et la créativité de cette société qui m’avaient tant frappée lors de mon séjour à Istanbul en août 2012.
Les éditions
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Où va la Turquie ? : Carnet d'un observateur européen
de Pierini, Marc
Actes Sud
ISBN : 9782330015183 ; 19,80 € ; 01/02/2013 ; 153 p. ; Broché
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