Souvenirs de l'empire de l'atome de Thierry Smolderen (Scénario), Alexandre Clérisse (Dessin)

Souvenirs de l'empire de l'atome de Thierry Smolderen (Scénario), Alexandre Clérisse (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Hervé28, le 3 mars 2013 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 268ème position).
Visites : 3 642 

Un remarquable Ovni

Un véritable Ovni que cette bd intitulée sobrement Souvenirs de l'Empire de l'Atome , de Thierry Smolden (à qui l'on doit déjà cette superbe série Ghost Money et A. Clerisse, dont je découvre le dessin)
Tout d'abord, un Objet éditorial de grande qualité édité étrangement par Dupuis alors que le format le rapprochait plus des albums en provenance de "Futuropolis".
Découpée en plusieurs chapitres, qui vont dans le désordre de 1926 à l'an 110 000 dans le futur, en passant par l'année charnière 1958, cette histoire peut paraître confuse, voire compliquée mais elle bénéficie d'un scénario en béton qui en fait une lecture très fluide et très agréable.
Bref, cette bande dessinée est un véritable régal, voire la révélation de l'année 2013.
Véritable hommage aux thèmes de science fiction développés dans les années 50 (et inspirée apparemment d'un fait divers réel), cet album réconcilie à la fois le franco-belge (avec l'exposition universelles de Bruxelles de 1958 ) et l'inspiration des bd américaines de science-fiction.
On y croise d'ailleurs un André Franquin et une rousse plantureuse et incendiaire issue de Mad Men)un clone de Zorglub, et certainement d'autres références (une Ford T, un Georges Bush Sr qui mériterait une seconde lecture.
Ouvrage fort riche et à plus d'un titre intéressant, qui , s'il le fallait, est encore rehaussé par le magnifique dessin décalé d'Alexandre Clarisse qui donne à cet album à la fois cet aspect désuet des années 50 et toute sa modernité.
Un comble, non?
Bref, s'il ne fallait conseiller qu'un seul livre à lire depuis ce début 2013, ce serait sans nul doute celui-là.

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Fantaisie rétrofuturiste

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 18 février 2017

Tout juste auréolés de leur prix polar à Angoulême pour « L’Eté diabolik », Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse avaient publié trois ans auparavant cette bande dessinée atypique, qui n’était déjà pas passée inaperçue. Ce qui marque avant tout, c’est ce magnifique graphisme inspiré du style indémodable des années 50. Un design qui savait faire rêver les foules, alliant l’art déco des années 20 et à la quête de futurisme destinée à faire oublier une Seconde guerre mondiale éprouvante. En intégrant à son trait les formes pures et élancées des objets industriels de l’époque, rehaussées par des couleurs pétillantes, Alexandre Clérisse a su frapper les esprits de bien belle façon. C’est tout bonnement un délice pour les yeux, et par moments on a presque l’impression d’avoir entre les mains un livre d’art !

Ce parti-pris graphique se retrouve dans le scénario, qui emprunte aux films d’aventure ou de science fiction de l’époque, bien souvent caractérisés par une certaine naïveté et une narration virevoltante. Dans une période où la guerre froide venait de libérer son aura glaciale, il était nécessaire d’identifier facilement les bons et les méchants. Un code qui trouvera son aboutissement dans la décennie suivante avec les premiers James Bond. Comme toujours, ces « méchants » très caricaturaux ne cherchaient qu’à satisfaire leur propre intérêt et leurs velléités absolutistes. Mais, fait nouveau, ils avaient cette fois accès aux technologies les plus avancées, capables de détruire l’humanité entière (Hiroshima venait d’inaugurer une nouvelle ère). Créés par les « gentils » Occidentaux, ces « docteurs Folamour » représentaient, parfois de façon inconsciente, l’ennemi absolu et imprévisible, « l’Empire du mal », l’URSS pour ne pas la nommer.

Dans « Souvenirs de l’Empire de l’atome », Thierry Smolderen a si bien respecté ces codes qu’il semble en avoir oublié le fond. Car si l’histoire reste compréhensible, à condition d’être attentif aux moult flashbacks et autres sauts spatio-temporels, elle se révèle par trop alambiquée, au point de se rapprocher de l’exercice de style purement esthétisant. Les personnages finissent par n’apparaître que secondaires, comme s’ils se désagrégeaient dans ce prodigieux décor arty. Et ce n’est pas la conclusion, aussi philosophique que déroutante, qui risque de clarifier les intentions de l’auteur.

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