L'effroyable imposture du rap de Mathias Cardet
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique
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A lire d'urgence
Résumé
Au vu du succès mondial de cette musique, à ce jour la plus écoutée à travers le monde, cet essai critique s'efforce de retracer ce long processus de domination à travers les 40 dernières années et d'exposer ses terribles conséquences sur le tissu populaire : appauvrissement du langage, donc de la pensée, machisme, glorification de la culture ghetto de type U.S. (culte des armes, de la prison, de la consommation de stupéfiants, de la violence verbale), « automythification » d'une jeunesse immigrée conduisant à une victimisation perpétuelle, et à la division des quartiers populaires : les immigrés d'un côté, les « desouche » de l'autre, et les femmes au milieu. Une « déconscientisation » politique à travers l'apologie de l'ultralibéralisme et du darwinisme sociétal amenant logiquement à l'atomisation de l'individu et au « chacun pour sa gueule », soit la fin de la nation et son glissement vers une société d'hyperconsommation.
Loin de s'arrêter à une simple description d'un défilé de marques de sportwear - d'ailleurs très curieux pour des rebelles affirmés -, ce livre tente d'analyser et d'expliquer ce processus, tout en ne taisant pas le rôle sombre des principaux bénéficiaires du rap, qui s'avèrent en être aussi les principaux instigateurs : pour des raisons économiques, mais aussi, et c'est le plus inquiétant, pour des raisons idéologiques.
MON AVIS
Selon moi si un dicton en particulier s'applique très bien à l'actualité récente c'est bien "chacun ses goûts", or la mainmise scandaleuse du rap et de ce R'N'B frelaté sur les radios françaises, ainsi que parmi les divers médias, ne le permet en aucun point et va donc évidemment contre toute démocratie, ainsi qu'à l'inverse contre cette variété salutaire de tout temps des arts en général. Il y a du bon, et du moins bon, ceci est aussi vrai, mais vouloir imposer en armada un seul et unique genre de musique comme référence ultime est absolument grotesque sinon ridicule (puis nous remarquerons d'ailleurs, in fine, très digne de la soigneuse désinformation pratiquée autrefois en ex-RDA...) Et surtout vu du fait qu'il s'agit bien souvent du pire des refrains appartenant à la base à ce groove originel au pauvre rythme binaire, que l'on doit subir coûte que coûte chaque jour chaque nuit à l'aide de notre tuner personnel ou non. Cessons bien vite tout cela, quant à la rébellion elle ne s'applique pas qu'à un seul groupe ethnique de personnes !
Sans compter que ces faits sont très dangereux pour la culture à venir ou son enrichissement éventuel, il faudrait peut-être également mentionner que les majors comprennent désormais de moins en moins de risques, surtout en France, afin de produire des nouveaux groupes - le court terme ainsi que l'anglomanie sans saveur et de type "U.S." étant de toute façon le plus souvent favorisés en premier lieu. Voilà, j'espère avoir contribué en toute modestie à la promotion de ce bouquin de première nécessité. Et non aux chouchous du show-biz.
Les éditions
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L'effroyable imposture du rap
de Cardet, Mathias
Blanche / Kontre Kulture
ISBN : 9782846283236 ; 20,23 € ; 21/02/2013 ; 200 p. ; Broché
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Du bruit qui ne pense pas…
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 12 février 2023
« L’effroyable imposture du rap » est un essai sur un courant musical qui prédomina pendant plus de quarante années. Une incroyable longévité pour de la pseudo-poésie accompagnée de quelques riffs et scratchs de synthés, « rap » signifiant également « bavarder sur un fond rythmique » en argot noir américain. Si l’auteur, qui en fut grand fan avant de s’en éloigner, démonte bien le mécanisme de lancement d’un produit de consommation courante comme n’importe quelle lessive, s’il prouve que le but de l’opération était surtout de « calmer » les ghettos et ici les « banlieues » en y adjoignant une bonne dose de shit et qu’au bout du bout, que cette fausse « révolte » s’est terminée en consommation à outrance (basket, fringues, etc.) et donc en profits énormes pour ceux qui ont su en faire un bon filon (la fortune de Booba est évaluée à 40 à 60 millions de dollars), on se demande en quoi c’est plus une imposture que tout le reste et en quoi elle est effroyable, la récupération tout comme la marchandisation de tout et de n’importe quoi étant le principe même du capitalisme. Ouvrage intéressant si l’on veut s’informer sur les dessous de cette affaire, mais qui laisse un peu sur sa faim en raison de son titre racoleur.
Wesh ! CQFD.
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 30 septembre 2018
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