Danger, parking miné ! de Serge Brussolo

Danger, parking miné ! de Serge Brussolo

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Kalie, le 17 janvier 2013 (Sarthe, Inscrit le 4 juillet 2010, 54 ans)
La note : 10 étoiles
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Un récit plein d’idées inédites

Voilà encore un roman de Serge Brussolo susceptible de combler ses fans de la première heure. Il se situe dans la lignée des meilleures œuvres sorties de l'imagination débridée de l'auteur.

Dans un monde apocalyptique, les hélicoptères de la police protègent et surveillent une ville transformée en réserve d’arriérés mentaux (?) que la science considère en voie de disparition et qu’il faut préserver le plus longtemps possible. D'un côté, les « Rampants » croupissent sur les parkings et dorment dans les voitures rouillées. De l'autre, les « Sentinelles » vivent au sommet des anciennes tours d’habitation abandonnées. Au milieu, les policiers rendent ces tours inaccessibles pour éviter les affrontements directs et fournissent des vivres aux deux clans pour empêcher leur extinction. Chaque année, à date fixe, les « Rampants » envoient leurs héros à l’assaut des tours. C’est une guerre sans merci qui débute.

Brussolo n‘est pas avare de détails sur les coutumes des deux tribus. Les « Rampants » appelés aussi « Anonymes » sont des nomades sans identité. Ils éliminent toute trace d’individualisation en brûlant leurs empreintes digitales, en se tatouant de grosses lignes noires sur le visage, en s’habillant à l’identique. Ils parlent sans se regarder et mécaniquement pour éviter d’apercevoir des signes physiques (grand, gros etc.) ou auditifs (bégaiement, zozotement etc.) susceptibles de créer des surnoms et donc de nommer. Pas de bègue, pas d’accent, pas de défaut de prononciation qui provoqueraient la naissance d’un surnom : « le Balbutieur », le « Zézayeur » etc. Affubler d’un sobriquet, c’est nommer. Plus de pays, ni de famille (les enfants changent de « mère » tous les 6 mois jusqu’à l’âge de 12 ans). Même les rapports sexuels obéissent à la règle de l’anonymat (pas de cris, ni de mouvements exagérés). Les bébés atteints de malformations sont éliminés. Avec l’aide des policiers, le clergé baptise les « Anonymes » en les marquant d’un chiffre lors de safaris afin d’éviter les risques de consanguinités liés à l’anonymat.

A l’inverse, les « Sentinelles » ou les « Hypernommés » ajoutent des surnoms à leur patronyme tout le long de leur vie. La durée de vie moyenne est de 80 noms ! Ces individus passent leurs journées à les réciter comme des prières pour ne pas en oublier. Contrairement aux « Rampants », ils font tout pour se distinguer en s’habillant d’objets fétiches. Ils ne vivent que pour les enseignes lumineuses géantes marquant leur territoire. Une fois par an, les mots immenses (des marques depuis longtemps oubliées) illuminent les toits des tours et narguent les « Rampants ».

L’auteur détaille les différents modes de vie avec une précision d’anthropologue. Pour les deux clans, il a inventé une histoire expliquant leur évolution ; mais aussi leur fin inéluctable (dégénérescence consanguine, diminution des tablettes énergétiques des dieux-enseignes, perte de la foi et des dogmes). A ce titre, les souvenirs des anciens des deux clans sont poignants. Le livre raconte la naissance et le déclin de ces deux micro-civilisations à travers une bataille dominée par l'incompréhension, la fureur et la haine.

Absolument passionnant.

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