Dieu ? de Albert Jacquard

Dieu ? de Albert Jacquard

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Jules, le 15 janvier 2003 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (835ème position).
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"La" grande question !

Albert Jacquard est un scientifique français qui fait autorité même hors de France. C'est donc comme un scientifique qu'il aborde la grande question qui est le titre de son livre.
Ne nous méprenons pas ! Ce n'est pas dans ce livre que vous trouverez la preuve de l'inexistence ou de l'existence de Dieu. Tel n’est absolument pas le but poursuivi par l’auteur. Il précise que le domaine de la science sera sans fin et que l'homme se trouvera toujours devant des questions.
Son but est d'analyser et de réfléchir sur toute une série de choses que l’église, ou la doctrine, demande à ses fidèles de croire. Mais d’abord, comme il le souligne, il est utile de revenir sur la définition du verbe « croire » Ce verbe peut vouloir dire que l’on considère comme sincère celui qui vous parle, il ne ment pas. Mais cela peut aussi vouloir dire que l'on « croit » que ce qu’il dit est vrai. C'est tout à fait différent !
Albert Jacquard va ainsi passer en revue, avec son esprit scientifique, plusieurs « croyances » communément admises au sein de la communauté chrétienne. Il m’est impossible de les analyser toutes ici et je me limiterai à en donner l'un ou l'autre exemple.
« Je crois en un seul Dieu le Père .» Il était considéré comme normal de tenir compte du père seul pour établir la filiation. Mais depuis moins d'un milliard d'années, notre espèce a remplacé la reproduction par la procréation et depuis environ cent cinquante années nous savons que la procréation implique deux êtres et non un seul. La mère est tout aussi importante que le père. Alors pourquoi pas « Dieu la Mère » qui nous semble blasphématoire, mais ne l’est pas davantage que Dieu le Père ? C'est le botaniste Mendel qui en 1865 découvre le principe de ce que, aujourd'hui, nous appelons les gènes.
Pour la tradition biblique, l'espèce humaine a été crée en même temps que l'univers, donc aussi le cosmos tout entier (la même semaine), et la fin de cet univers coïnciderait avec le jugement dernier. Or, nous savons que notre terre n’est apparue que dix milliards d’années après le « Big bang » (que nous datons à environ une quinzaine de milliards d'années de nous) et qu'il faudra encore attendre longtemps pour voir apparaître les premiers mammifères !… De la même façon, il est bien plus que probable que l'espèce humaine disparaîtra quelques milliards d'années avant notre planète. Le Dieu créateur du tout nous semble plus que très hypothétique !
« .son Fils unique Notre Seigneur qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie. »
L'Eglise défend fermement que Jésus était un homme et cela totalement. « .s'incarnant en lui, Dieu s’est « fait homme » Son organisme est donc semblable à celui des autres hommes et sa dotation génétique vient donc pour moitié de la mère, mais qui est le père ? Nous savons que pour faire un enfant de sexe masculin, il faut un chromosome X et un Y. Les femmes ont deux X, elles ne peuvent donc pas transmettre un Y. Qui a donné le chromosome Y à Jésus ? En d'autres termes, qui est son père ? Ce raisonnement n'a rien d’hérétique si l'on admet le raisonnement précédent à savoir que Jésus était « un homme », totalement, comme le veut l'Eglise, alors que le Saint-Esprit reste une notion tout à fait spirituelle…
Ce qui précède ne sont donc que quelques exemples de ce qui est abordé dans ce livre.


Je voudrais cependant reproduire ici quelques phrases écrites par Albert Jacquard : «
…croire en Jésus-Christ ne signifie plus accepter les faits décrits par les Evangiles comme ayant bien eu lieu, mais adhérer aux idées que Jésus a exprimé… L'essence du message est leur signification, et ce qu'elle implique pour le comportement de chacun… Nous sommes fascinés par les détails de la mise en scène ; ce qui compte pourtant est la parole qui est alors proclamée. »
Dans le Sermon sur la montagne Jésus dit « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient » (Matthieu, v)
Pour Albert Jacquard ceci est une nécessité logique conforme à la lucidité et non de bons sentiments. En effet, il faudrait « être capable de réaliser avec les autres un être collectif, de les regarder comme des sources et non comme des dangers ou même des adversaires. …Malheureusement ce passage de l’Evangile est en contradiction radicale avec ce qui est à la base de notre société occidentale : la compétition considérée comme la source du dynamisme aussi bien individuel que collectif. »
Le grand souhait, et le but de Jacquard en ayant écrit ce livre, est surtout que l’on arrête de nous répéter, et que la communauté des chrétiens arrête aussi de le faire, des choses qui ne tiennent plus debout, qui ne sont plus crédibles. Mais voilà, il y a le besoin de la mise en scène et la peur de l'évolution.

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Des dieux et des hommes

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 10 novembre 2012

L'érudition des précédents critiqueurs me fait malheureusement défaut, aussi me contenterais-je de me m'en tenir à ce qui me caractérise le plus ; un esprit critique et une vision rationnelle du monde qui m'enveloppe depuis ma naissance.

L'homo erectus, surgi de la savane, fut confronté à un monde recelant une pléthore de mystères qu'il lui fallait interpréter afin de construire une pensée qui lui permettrait d'entrée en relation avec l'inconnu et ce faisant d'être en mesure d'évoluer dans un environnement a priori hostile et cependant synonyme d'un potentiel infini de possibilités de pérennité pour sa survie.

Aussi, les hommes dirent : "Que les dieux soient" et les dieux furent. Pour autant cela ne suffisait pas. Les dogmes naquirent de ces croyances.

Au cours de sa lente ascension vers la suprématie sur un monde qui l'avait accueilli en son sein, l'homme s'est entouré d'une multitude de dieux qu'il n'hésitait pas à trucider pour en adorer d'autres, une façon d'investir sur l'au-delà ou pour le dire autrement une assurance vie garantissant un accès vers l'éternel. Tous ces déicides renvoient aux massacres perpétrés au nom de ces mêmes dieux interchangeables, car ce qui très tôt a caractérisé les hommes, c'est leurs propensions à établir des formulations ésotériques du monde qui menaçait de les engloutir à chaque instant. La conscience de la mort fut la mise en perspective de la vulnérabilité temporelle. Dès lors, deux choix s'imposaient, affronter la mort en face en construisant et en jouissant pleinement de cette vie qui nous est offerte ou bien lui tourner le dos en décidant que cela n'était pas une réalité tangible et qu'il fallait révoquer cette idée en érigeant un rempart religieux destiné à séparer la vie de la mort. Cette haute muraille sert depuis l'origine à inscrire les lamentations d'une civilisation en proie à l'inéluctable agonie des corps et des esprits.

Dans cet essai, d'Albert Jacquard, s'emploie à déconstruire méthodiquement et scientifiquement les messages véhiculés par le dogmatisme aveugle de l'église qui ont décrédibilisé son discours depuis longtemps. Plutôt que de s'adapter aux évolutions de la pensée philosophique et scientifique au cours des siècles, l'église a préféré s'arcbouter sur des principes et valeurs qui ne s’appuient pas sur une volonté d’acquérir une perception plus ou moins juste d’une réalité changeante au gré des connaissances, mais pourtant tangible pour quiconque tente d’approcher celle-ci sous l’angle rationnel de l’esprit débarrassé de tout dogmatisme. Une réalité dont les scientifiques s’efforcent d’esquisser les contours inlassablement afin de mieux comprendre notre univers. Comme le rappelle l'auteur, la science n'est pas une croyance, mais une connaissance issue d’hypothèses rationnelles qui s'insèrent dans la réalité tout en la construisant. La connaissance scientifique n'est pas monolithique, contrairement à la foi en un dieu, et elle ne possède pas non plus de frontière car par définition elle n'est pas parfaite et encore moins achevée. Ce qui fécond la science c'est le doute, doute qu'il n'est pas permis d'avoir avec les textes sacrés.

Albert Jacquard n'oppose pas brutalement la science à la foi en dieu, mais tente plutôt d'apporter une lumière nouvelle sur des écrits qui ont pris la poussière, soulignant que l'essentiel est de conserver sa foi en l'espèce humaine, de prôner l'amour, l'universalité et la paix avec son prochain. Non pas comme une croyance mais comme une conviction intime qui animerait chaque jour de notre vie.

Un message subtil à décoder

8 étoiles

Critique de Rudzaw (, Inscrit le 7 octobre 2007, 66 ans) - 19 janvier 2008

Dans ce petit livre, Albert Jacquard commente sous l'œil du scientifique quelques phrases du Crédo des chrétiens de l'église romaine. Le livre est écrit avec une grande clarté et met en lumière les incohérences des phrases que les chrétiens prononcent au moins tous les dimanches, sans même en ressentir l'inanité.
À sa manière, il reprend quelques énigmes présentées aux auditeurs de France-Culture et met le lecteur devant la nécessité de pousser plus loin la réflexion. Les arguments qu'il amène et commente devraient aider le lecteur à décoder le message qu'il dissimule. Albert Jacquart, à la différence de bien des scientifiques, possède une juste vision des paradoxes de la création, du temps et de la définition de l'univers.
Un livre destiné aux chrétiens afin qu'ils comparent le discours de l'église à la réalité. Mais un livre aussi destiné aux gens intelligents qui pourront en comprendre le message subliminal.
Il n'y a pas d'« avant big-bang » puisque le temps n'a pas démarré. Il n'y a donc pas de création. L'univers, en tant qu'ensemble de ce qui existe, n'existe pas. Il n'y a donc pas de créateur puisqu'il n'y a pas de création, pas plus qu'il y a d'univers.
La réponse à cette interrogation est simple.
Dieu ? Foutaise !

Encore une invitation à réfléchir.

9 étoiles

Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 87 ans) - 3 mai 2005

Je suis tout à fait d'accord avec la présentation de ce livre par Jules. Il est vrai que Jacquard n'est pas n'importe qui ! Je suis en train de lire "Tentatives de lucidité", je vous présenterai cet ouvrage dès que possible.

Dieu et les hommes

8 étoiles

Critique de Jlambrichts (LIEGE, Inscrit le 18 janvier 2005, 54 ans) - 20 janvier 2005

Oui, j’ai fini un livre : Cela faisait un bout de temps que cela ne m’était plus arrivé donc en soi c’est déjà un évènement.
De plus, ce n’est pas exactement le club des 5 : Albert Jacquard passe à la moulinette scientifique le credo des chrétiens : vous connaissez ?
Mais si ! (Je crois en un seul dieu, tout puissant, créateur du ciel et de la terre …)

Alors bien sûr ces phrases que certains (dont moi à de rares occasions), répètent le plus souvent sans chercher à en comprendre le sens, ne résistent pas du tout à la rigueur scientifique.

Pour Albert Jacquard, le contenu du message est plus important que la forme, et ce ne sont pas les « miracles » réalisés ou non par Jésus qui sont impressionnants mais bien le message totalement révolutionnaire pour l’époque « Aimer son ennemi ».

Il s’attache à nous démontrer que pour les humains, la voie est dans la « communion des saints ». C'est-à-dire que, si l’homme veut grandir, il doit échanger (communier) avec ses condisciples et par là accéder à des projets qui le dépassent.

Un bon livre, court. De petites connaissances scientifiques sont tout de même nécessaires pour suivre le raisonnement de l’auteur.

Petite note

7 étoiles

Critique de Aethus (Evreux, Inscrit le 13 janvier 2004, 38 ans) - 13 janvier 2004

Je voudrais juste ajouter que cet écrit est assez difficile à certains moments pour les non-scientifiques... Du moins c'est ce que j'ai ressenti à sa lecture...
Lecture néanmoins intéressante, même si je ne me sens pas vraiment concerné par ce genre de débat finalement...
Mais je crois que je vais le relire...

Réponse de Dieu à Moïse

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 22 janvier 2003

Dieu dit à Moïse: " Je suis Celui qui suis" Cette réponse, dit Jacquard, suppose un Dieu en permanente construction. Cette réponse, dit-il, marque la différence entre Dieu et les autres êtres conscients. Il peut dire "Je suis" parce qu'il n'a pas besoin du regard des autres pour être. En effet, un humain doit se considérer comme étranger à lui-même pour dire "Je". C'est ce que Rimbaud voulait dire quand il a écrit "Je est un autre"
A propos du monothéisme, Jacquard évoque son côté terriblement "inconfortable". En effet, l'homme conçoit très mal l'unicité. Certes nous admettons tous être différents des autres, mais il n'empêche que nous faisons tous partie du même ensemble: l'espèce humaine. En outre, l'Eglise maintient qu'il n'y a aucune division du Dieu "unique" alors qu'elle nous demande aussi de croire en Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Alors, nous dit Jacquard, pour aider l'homme à comprendre, on introduit une dualité en créant Satan. Ici, pour l'homme, tout devient clair. On nous présente deux protagonistes et la lutte entre le bien et le mal. Et Jacquard poursuit: "Pour faire bonne mesure, ces personnages disposent, comme nos gouvernants, de légions de serviteurs, anges ou démons de toutes catégories, sans compter les saints innombrables de l'Eglise romaine. Peuvent-elles vraiment se prétendre monothéistes les religions qui acceptent une telle prolifération de personnages jouant les intermédiaires et rendant poreuse la frontière entre l'en deçà et l'au-delà ?"
Au terme d'un long raisonnement, Jacquard évoque également la question de la liberté ou du déterminisme. A ses yeux il ne serait pas logique que Dieu intervienne dans l'en deçà. Une des phrases clés prononcée par Dieu aux hommes selon la Genèse est: "Emplissez la Terre et soumettez-la" Cela veut donc dire qu'après avoir créé le monde Dieu a délégué sa "toute puissance" aux hommes. Et Jacquard de dire: "Respecter ce transfert de compétence signifie prendre en charge nous-mêmes le devenir de notre domaine et non supplier le Tout Puissant de prendre des décisions conformes à nos voeux."

JE SUIS QUI JE SUIS

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 20 janvier 2003

"Je suis celui qui est est":
voila la réponse que Dieu donne à Moise quand celui-ci lui demande qui il est (autres traductions: "Je suis qui je suis", "Je suis qui je serai"). Ce qui signifie que Dieu c'est l'ineffable, l'inénarrable Mystère. Dans l’Ancien Testament,
c'est celui dont on ne prononce pas le nom et qu'on ne regarde pas de face.
Confronté à ce mystère inexprimable, l'homme a créé un symbole et l'a appelé Dieu: c'est ce que nous explique Paul Diel qui nous met en garde contre le danger de prendre ce symbole à la lettre, de croire à un Dieu réel, ce qui revient à la négation du mystère et tue ce qu'il appelle le sentiment de religiosité (voir critique sur 'Le Symbolisme dans la Bible'). Paul Diel donne un éclairage intéressant, notons cependant qu'il ignore la dimension mystique, qui semble pourtant tout aussi indéniable (il suffit de lire l'autobiographie de Thérèse d'Avila).
Par ailleurs je partage les interrogations de Persée et de Leura. La recherche, toute personnelle, de la vérité est pour moi plus importante que l'adhésion a des dogmes imposés. Dans cette optique de recherche personnelle, la critique de Jules m'incitera à lire Jacquard dont les réflexions semblent pertinentes. A propos des psychanalystes qui ont écrit sur la Bible, l'abbé Wenin (qui est comme S-G-d-P nous l'a répété un brillant exégète), concluait une conférence la semaine dernière en disant que de telles lectures psychanalytiques de la Bible avaient le mérite de dégager un sens directement utile pour le lecteur, ce qui n'est pas souvent vrai avec les exégètes. Je suis entièrement d'accord, et à ce titre j'aime beaucoup le titre d'un livre de Drewerman, une référence dans le domaine: 'La Parole qui guérit'.
Quant à foi naïve et touchante (que je respecte) de l'amie de Bluewitch, il est clair que l'église aura du mal à concilier une telle croyance qu'on peut qualifier de magique et superstitieuse avec les remises en questions de ceux qui sont plus loin dans leur recherche. On en revient donc à l'importance de la recherche personnelle, comme nous y incite St Jean: "Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va" (Jean 3,7), dans l'entretien de Jésus avec Nicodème.

Religion et foi

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 19 janvier 2003

Il est toujours salutaire de soulever les incohérences de la religion car, malgré ce qu'affirme Saint-Germain, je sais qu'il existe encore de fervents "chrétiens" (n'appartenant pas forcément à quelque dogme que ce soit, pas plus qu'à une secte mais à un christianisme puriste et conformiste) n'ayant pour seule vérité que la Genèse. Je parle là d'une amie avec qui il m'est souvent arrivé de discuter de ces choses. Un jour où elle me disait ne pas croire en la théorie de l'évolution, et abhorrer les scientifiques, je lui ai posé une simple question: si Adam et Eve étaient les parents de l'humanité, ainsi que Cain et Abel leurs seuls fils, comment Cain est-il parvenu à se trouver une femme? Silence, elle me dit préferer se tourner vers la personne organisant leurs "messes" ou "réunions", et me donner la réponse par la suite. Voilà la réponse: "Si ce n'est pas dans la Bible, c'est que Dieu ne veut pas qu'on le sache"...
J'ai trouvé cette explication effrayante. Bien que je respecte la ferveur de sa foi, je n'ai pas pu rester de marbre devant ce genre d'aveuglement. Donc si, il existe encore de naïfs enfants du bon Dieu qui ne voient en la religion qu'une stricte règle de vie, "la" Vérité, l'explication de toute chose et non une vision spirituelle de l'humanité.
Mais que devient la religion de nos jours? Là où elle devrait être symbole de solidarité, elle est souvent rigidité ou motif de discrimination. Quant à la foi, elle est propre à chacun, bien des gens affirmant croire en quelque chose mais sans trop savoir quoi, histoire d'atténuer la crainte d'un néant après la mort.
Quoi qu'il en soit, je rejoins les autres opinions quant à la teneur symbolique de la Bible, d'une richesse incontestable.

Dedans ou dehors ?

8 étoiles

Critique de Persée (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans) - 18 janvier 2003

Christianisme ou catholicisme ? A lire les commentaires précédents, je me pose deux ou trois questions. Etre catholique suppose d'adhérer à un certain nombre de dogmes. Est-il certain que l'Eglise en autorise une lecture symbolique ? Paul Diel, par exemple, fait une lecture symbolique de la Bible : pour lui l'immortalité de l'âme ne suppose pas qu'existe une vie après la mort. L'homme est éternel au sens où l'on parle, par exemple de "l'éternel féminin". Est "immortel" celui qui survit à "la mort de l'âme", qui parvient à déjouer les pièges de la vanité. Pour lui, l'enfer est sur terre et le paradis, c'est vivre selon le sens de la vie, comme une rivière suit un cours qui le ramène sans cesse à son lit. Point de résurrection des morts chez Diel, si ce n'est celle de ceux qui se réveillent après avoir perdu leur âme. Cet auteur analyse également le mythe de la création de l'homme d'une manière symbolique. Il reste que, pour lui, Dieu n'existe pas ailleurs que dans nos têtes. Est-il croyant, chrétien, catholique ? Pour lui, le Christ est "le fils de l'homme" et non le fils de Dieu. Est-il certain que l'Eglise admette une lecture symbolique de la Bible ? Sans doute, mais où place-t-elle la limite ? On conçoit les dérives possibles auxquelles elle estime devoir veiller. Peut-on "individuer" sa foi et rester "relié" (re-ligio) à une religion dogmatique ? L'individualisme est-il possible en matière de religion ? La foi "librement pensée" qu'exprime Leura n'est-elle pas plus proche du protestantisme que du catholicisme ? Ce qui m'importe à moi, c'est d'y voir clair. Peu importe le clocher. L'important est que chacun ait pu se faire "sa propre religion" en remettant en question tout ce en quoi il croit après l'avoir confronté au réel. Devenir adulte est à ce prix. Mais une fois réalisée cette prise de conscience ou cet acte de foi, où se situe finalement le croyant ? En dedans ou au dehors de l'Eglise ? Même si l'on entend par Eglise une communauté de gens qui partagent la même foi, encore faut-il pouvoir y retrouver un dénominateur commun. Et quel dénominateur commun peut-on trouver entre, disons, l'extrême gauche et l'extrême droite de l'Eglise ? La foi en Dieu, me direz-vous... Oui, mais cette foi, d'autres religions la partagent.

Les obligations de croire...

9 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 17 janvier 2003

Qui peut encore de nos jours croire en ces obligations? Au nom de quoi une institution, fut-elle l'Eglise catholique, pas si sainte, je te l'accorde, Jules, pourrait-elle me dicter ma pensée? Je revendique ma foi dans la liberté fondée sur la raison et la réflexion personnelle. Il serait temps que les athées et incroyants apprennent à ne pas considérer les autres comme des débiles ou des moutons, non?
En fin de compte comme me le disait il y a peu un ami libre penseur, il y a très peu de différences entre un croyant et un libre penseur, quand on a affaire à des gens intelligents bien sûr. N'empêche qu'il serait temps que les institutions se mettent au diapason de l'époque, et arrêtent de nous servir des discours qui étrangement dérangent plus les incroyants que les croyants. Paradoxe?

Réponse à Saint Germain

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 16 janvier 2003

Bien sûr que j'attendais ton intervention, le contraire me semblait impensable. Je me permets cependant d'insister sur le fait que j'ai bien souligné la pensée de Jacquard qui dit en effet que les détails des événements n'ont bien sûr aucun intérêt et que ce n'est que la doctrine prônée qui compte. Son souhait se limite simplement à ce que certaines parties du discours soient mis un peu plus en concordance avec les progrès réalisés et que l'on arrête d'ânoner mécaniquement des choses que l'on sait fausses. Un autre exemple qu'il donnait concernait l'obligation de croire en "la Sainte Eglise". Il trouve, avec raison me semble-t-il, qu'il est vraiment très dur de croire celle-ci "Sainte" après tous les crimes et impostures commis par elle ou certains de ses hauts représentants au cours des siècles et son attachement bien trop fréquent à soutenir les pouvoirs plutôt qu'à défendre réellement les idées du Christ.

Chaussons les bonnes lunettes!

8 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 16 janvier 2003

Jules, tu savais à coup sûr que je réagirais à ta critique, alors voici, tu ne vas pas être déçu !
Tout d’abord, Jacquard est une référence, j'ai eu l'occasion de l'écouter et outre sa science, c’est aussi un excellent orateur.
Son regard critique sur la société actuelle vaut vraiment le détour.
Et lorsqu'il entame un discours sur Dieu, c'est toujours avec beaucoup d’intelligence.
Comme lorsqu’il relève certaines incohérences.
De plus, j’applaudis des deux mains à l'attitude préconisée : ce ne sont pas les dogmes qui font Dieu.
Je rejoins Leura : que Marie soit vierge, que Jésus ait eu des frères ou non, qu’est-ce que ça change, bon sang ?
Est-ce vraiment là l'essentiel ?
M’enfin tout de même, arrêtons de prendre les enfants du bon Dieu pour des naïfs !
N’est-il pas évident pour tout le monde que la théorie du Big Bang est l'explication exacte de la façon dont notre univers est apparu ?
Qui (à part certains membres de sectes), à notre époque, oserait prétendre que l’existence physique du monde est le résultat d’un coup de baguette magique divin ?
Le Bible est avant tout un texte symbolique, le « pourquoi » est sa préoccupation, et non le « comment ».
Les récits qu’on y trouve, notamment celui de la création, éclairent la question du sens de la vie et ne visent pas à détailler chaque étape de la réalisation concrète de la matière puis de l’homme !
Or, ce langage imagé était probablement limpide pour ses contemporains mais nous, au 21¡ siècle, ne possédons pas d'emblée les clés et les références utiles.
Donc, si le but d’une lecture de la Bible n’est pas de dresser un réquisitoire en vue d’un quelconque procès, mais si le but est de réellement comprendre ce que le texte porte comme message, il est nécessaire de faire un détour par l’exégèse.
Domaine dans lequel je ne saurais que trop vous conseiller les ouvrages d’André Wénin, prêtre belge.
Ouf !
Je me sens mieux !…

Dieu, les dogmes et les religions

9 étoiles

Critique de Leura (--, Inscrit le 29 janvier 2001, 73 ans) - 15 janvier 2003

On ne peut qu'approuver Jacquard dans sa dénonciation des multiples faiblesses des religions, chrétiennes ou autres. Dieu n'est pas un personnage sexué, et pourquoi le serait-il d'ailleurs? Il n'a pas besoin de se reproduire, et comme le souligne Jacquard, l'appellation de "Père" provient de notre société machiste et paternaliste. Naguère, on parlait de déesse-mère, et pourquoi pas?
Que Jésus soit considéré comme Dieu fait homme dérive d'une longue tradition, mais était loin de faire l'unanimité parmi les premiers chrétiens, c'est lorsque les Eglises primitives ont été centralisées sous la main de fer de Constantin, que l'unification de la pensée s'est faite et pas toujours de manière heureuse, par de multiples dogmes. Ce prêt à penser est parfois des plus ridicules, mais in fine, comme le relève l'auteur ce qui compte réellement, c'est la teneur du message qui fut donné il y a 2000 ans, et non le folklore qui l'entoure. Je me fiche éperdument de savoir si Marie était vierge, ça n'a aucun intérêt. A ce sujet, on peut aussi faire remarquer que beaucoup de dogmes sont issus de la méfiance et du mépris manifestés par l'Eglise depuis ses origines vis à vis de la sexualité et des femmes. Mais ceci est un autre débat...

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