Lumière du Moyen Age de Régine Pernoud

Lumière du Moyen Age de Régine Pernoud

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par CC.RIDER, le 19 juin 2022 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 748ème position).
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Réhabilitation bienvenue

Le Moyen-Âge fut-il une période sombre, barbare et misérable de l’Histoire ou quelque chose d’autre et de nettement moins ténébreux ? L’historienne Régine Pernoud est revenue aux sources, s’en est tenue aux textes authentiques sans s’arrêter aux interprétations et aux approximations de certains de ses confrères plus soucieux d’idéologie que de vérité historique. Les « privilèges » de la société médiévale ne sont pas tout à fait ce qu’on imagine. Beaucoup pour ne pas dire presque tout le monde en bénéficie d’une manière ou d’une autre. La société n’est pas divisée en trois classes (noblesse, clergé, tiers-état), mais en beaucoup plus. Elle est en constante évolution et non pas figée comme aux XVIIè ou au XVIIIè. Tout repose sur la famille et non sur l’individu (paterfamilias) comme dans l’antiquité. La royauté elle-même se fonde sur une famille et une lignée, préférée, car la plus vaillante, la plus courageuse et la plus valeureuse. La famille coutumière formait des pionniers et des hommes d’affaires et la famille de droit romain des fonctionnaires et des militaires. Le droit coutumier, adapté au monde agricole, avait remplacé le droit romain plus favorable au monde urbain. La révolution française puis le code Napoléon firent rebasculer de l’un dans l’autre. Ainsi, le « manant », (celui qui reste, qui maintient l’exploitation agricole) devint le « citoyen » (l’habitant de la cité). Le principe médiéval fondamental était basé sur la fidélité et la protection et non sur l’argent, le salariat et l’état central qui décide de tout. Au Moyen-Âge, tout dépendait des familles, des clans et à tous les niveaux. De vassal à suzerain, d’échelon en échelon, on arrivait ainsi jusqu’au monarque qui ne disposait que d’un pouvoir limité, car lui-même dépendait de ses féodaux.
« Lumière du Moyen-Âge » est un essai historique de première importance dans la mesure où il apporte un éclairage nouveau sur un chapitre injustement décrié de notre histoire. Le lecteur apprendra quantité de choses sur la société médiévale. Ainsi, quand on parle du serf « attaché » à la terre, on s’imagine une sorte d’esclave misérable, alors que la réalité est un brin différente. C’est un paysan à qui un seigneur a alloué une terre à cultiver en échange d’une part de la récolte. L’important, c’est que cette terre ne peut pas lui être reprise et même pas à sa famille s’il meurt. Une sorte d’assurance familiale contre le chômage. De même, on a raconté que les rues des villes n’étaient que des cloaques où les pauvres pataugeaient dans les excréments alors que les riches tenaient le haut du pavé (parties surélevées au-dessus d’une rigole centrale). Image fausse. Dans la plupart des grandes villes, les rues étaient pavées et dotées d’égouts très semblables aux nôtres. On a dit aussi que les gens mouraient de faim, car ils ne trouvaient à manger que des « herbes et des racines ». Au Moyen-Âge, on appelait « herbes » tous les légumes dont on mangeait la partie hors sol (salades, choux, bettes, etc.) et « racines » tous ceux dont on mangeait la partie souterraine, (raves, navets, betteraves, carottes). Les gens mangeaient des légumes et des fruits (ils avaient déjà accès aux oranges, citrons, figues, abricots et amandes venus d’Orient), mais aussi beaucoup de viandes de toutes sortes. On a dit aussi que les gens travaillaient de 9 heures par jour (en hiver) à plus de 15 heures (en été), donc comme des forçats, sans préciser que grâce aux nombreuses fêtes religieuses et patronales, ils disposaient de 80 jours totalement fériés plus 70 jours de chômage partiel soit environ trois mois de vacances par an. Cet ouvrage majeur représente un très beau travail de réhabilitation tout à fait passionnant et mené avec style et brio. Un livre essentiel pour en finir avec certaines falsifications.

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Les neiges d’antan…

10 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 22 juillet 2022

Ce livre est tout à fait réjouissant et après cette lecture on sait tout sur le Moyen-Âge : son organisation sociale, ses rapports internationaux et puis, la religion et l’Église, les arts et les sciences, la mentalité et la vie quotidienne… Bref, tout, absolument tout.
Mais c’est aussi un plaidoyer. Et quel plaidoyer ! Régine Pernoud réhabilite le Moyen-Âge au point de nous faire croire au paradis perdu et elle le fait avec une telle érudition, un tel entrain, une telle maîtrise que, pour peu, on y croirait !

Mais comme tous les plaideurs, Régine Pernoud ne retient que les éléments qui servent sa cause. Elle ne dit rien de ce début du Moyen-Âge qui va de Clovis aux Capétiens, soit quatre longs siècles dont il est vrai qu’on ne peut pas dire grand-chose, sinon qu’ils furent barbares et incultes. On devrait appeler cette période différemment, par exemple : le Bas-Âge.
Régine Pernoud fait donc commencer son Moyen-Âge avec les Capétiens dans le début du Xème siècle. Mais elle parle très peu du Xème et du XIème siècle. Toute sa démonstration tourne autour des XIIéme, XIIIème et XIVème – qui furent en effet des siècles d’or, si on oublie les famines, les épidémies et les guerres qui étaient quand même monnaie courante à cette époque.

Dans un souci pédagogique évident, elle a classé chaque domaine de son étude en des chapitres séparés ce qui facilite la lecture et permet des retours sur les sujets qui intéressent.
Son intention n’était pas d’écrire l’Histoire mais de nous faire partager le bonheur de vivre de nos ancêtres pour qui la vie était belle avec « du pain, du vin, et de la gaîté ». Et ils avaient raison, nos braves ancêtres ! que demander de plus à la vie…

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