Les reines de sang, Aliénor, la légende noire 1 de Erwan Le Saëc, Arnaud Delalande (Scénario), Simona Mogavino (Scénario), Carlos Gomez (Dessin)

Les reines de sang, Aliénor, la légende noire 1 de Erwan Le Saëc, Arnaud Delalande (Scénario), Simona Mogavino (Scénario), Carlos Gomez (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire , Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Shelton, le 7 octobre 2012 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 956ème position).
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Aliénor l'énigmatique...

Certains personnages de notre histoire de France sont dignes d’être racontés en bandes dessinées car leur vie est une grande aventure et on peut les comparer sans hésiter à des superhéros, des super héroïnes. Quand Guy Delcourt, à Angoulême, nous a annoncé qu’il allait y avoir une série consacrée à certaines reines de France, les Reines de sang, j’ai pensé que cela en valait le coup et presque instantanément j’ai pensé à Aliénor d’Aquitaine et Catherine de Médicis… Or, la première reine à prendre place dans la série est justement cette fameuse Aliénor d’Aquitaine !

Ma première surprise n’est donc ni dans le choix des reines, ni dans le fait de les rencontrer en héroïnes de bédé… Non, ma stupéfaction fut de découvrir que l’idée venait d’une femme italienne – que je connaissais par ailleurs – qui venait pour nous raconter notre histoire ! En réfléchissant un peu, je reconnais que ce n’est finalement pas si étonnant que cela. Nous avons un rapport étonnant avec notre histoire : nous ne la connaissons pas beaucoup, nous pensons que les rois et les reines étaient des dictateurs et des incompétents, et nous sommes si démunis en dates repères que nous avons beaucoup de mal à lire une œuvre ayant un fond historique sans être perdus (qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ?)… il fallait donc bien un regard extérieur pour oser prendre Aliénor comme héroïne et nous transporter sans précaution au douzième siècle…

Sans aucune annonce d’usage pour éloigner de la bande dessinée les plus sensibles des lecteurs, les auteurs nous immergent dans le drame de Vitry-en-Perthois, en 1143. C’est l’épisode sanglant du couple Aliénor-Louis VII, puisque c’est là, lors d’un combat déséquilibré, que le roi fait brûler des paysans qui s’étaient réfugiés dans une église… Une sorte d’Oradour avant l’heure… Le pape Eugène III lance trois ans plus tard l’Interdit sur le royaume… Et ce sera alors, comme pour obtenir un pardon officiel, la seconde croisade avec en vedette, en quelque sorte, Aliénor et Louis VII…

Mais ce premier volume, sur les trois qui seront consacrés à Aliénor, n’abordera pas cette période orientale. On va découvrir Aliénor, avec ses goûts artistiques, avec son sens de la fête et des vêtements originaux, bref avec son caractère de femme du sud que la cour aura tant de difficulté à admettre et comprendre… On va aussi voir ce roi Louis VII, pas toujours brillantissime et perdu quand il ne suit pas son conseiller, le fameux Suger qui a été un grand conseiller de son père Louis VI. Enfin, on découvre quelques personnages plus hauts en couleurs que l’histoire n’avait pas mis autant en avant, mais œuvre de fiction oblige, je veux parler, par exemple, du troubadour Marcabru…

Tout se met bien en place, très rapidement on oublie l’histoire de France pour n’être plus que dans une bande dessinée qui raconte une certaine Aliénor d’Aquitaine. Un rythme bien calculé, un scénario construit au millimètre, une bande dessinée que l’on dévore d’une seule traite… Le dessin de Carlos Gomez est presque parfait. Ses gros plans sur les visages sont de toute beauté, plus exactement intégrés à la narration de façon parfaite. Parfois, on se croirait presque dans de la bédé en relief, une sorte de 3D sur papier… Bref, que du bonheur !

Il ne reste qu’à attendre la suite, la croisade, les tensions entre Aquitaine et Louis VII, le divorce, le mariage avec Plantagenet… Oui, je rappelle qu’Aliénor est la mère d’un personnage que nous connaissons plus en France, un certain Richard Cœur de Lion… mais c’est une autre histoire !

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5 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 14 octobre 2023

L'histoire complexe d'un personnage sortant du commun.
Dans ce premier opus on fait connaissance d'Aliénor au moment où elle construit son histoire : devenue orpheline, elle se plie aux volontés de son père décédé en se mariant avec le dauphine. Sa vie prend très vite une tournure exceptionnelle : à peine mariée, le roi meurt et Aliénor devient donc reine en tant qu'épouse de Louis VII.
Le récit va alors narrer le chemin de cette femme qui veut être tout sauf une reine soumise. Le scénario réussit à simplifier cette histoire d'une grande complexité, sans toutefois être simpliste. Les points importants sont bien évoqués mais tout n'est pas parfait.
Un lecteur non informé un minimum de la biographie d'Aliénor risque de rencontrer des difficultés à comprendre les enchaînements. En effet, certains éléments (le massacre de Vitry par exemple) sont présentés factuellement, sans explications du pourquoi et hors du déroulement chronologique sans aucun avertissement ou indices.
De même pour les personnages qui arrivent dans l'histoire et dont on découvre qui ils sont une dizaine de pages plus loin, ce qui nuit grandement à la compréhension de l'enchaînement des faits.
Il manque cruellement à ce travail, qui se veut quand même une BD historique, une frise jalonnée des grands moments, ainsi qu'un trombinoscope permettant d'identifier les liens de parentés et les fonctions de chacun.
Cela est d'autant plus dommage que le graphisme est une grande réussite et que l'information historique y est présentée de façon concise et précise.

A noter que les auteurs ont pris le parti-pris (mentionné dans les pages de garde) tout à fait respectable de s'inspirer d'écrits présentant une Aliénor beaucoup plus intrigante et manipulatrice que ne le font généralement les autres écrits.

Au final un ouvrage agréable à regarder, intéressant de par le contenu appuyé sur un souci historique mais décevant de par un manque d'informations complémentaires permettant la compréhension à un non initié.
Je ne peux pas qualifier cette BD de mauvaise mais sa construction temporellement destructurée la fait passer à côté de ce qui avait tout pour faire une réussite éblouissante.

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