Belle-Méduse de Manuela Draeger

Belle-Méduse de Manuela Draeger

Catégorie(s) : Enfants => 10-12 ans

Critiqué par Precious_thing, le 14 septembre 2012 (Paris, Inscrit le 22 novembre 2005, 35 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 410ème position).
Visites : 2 463 

Le post-exotisme pour les enfants

Bobby Potemkine, le détective fatigué de toutes les aventures des romans pour enfants de Manuela Draeger, est réveillé en pleine nuit par quelqu'un qui tambourine à la porte. Une voix désagréable lui annonce qu'une certaine Belle-Méduse arrive en vue de la côte. Elle est trop large pour entrer dans l'estuaire - qui fait 50 km. Néanmoins, elle désire visiter la ville, pour enrichir sa collection d'odeurs. Elle a besoin d'un guide. Tout de suite. Et c'est Bobby qu'elle a choisi.

Belle-Méduse est le plus surréaliste des deux récits. Le héros, Bobby Potemkine, est contacté en pleine nuit par une femme qui lui annonce que la gigantesque Belle-Méduse a besoin de lui pour récolter toutes les odeurs du monde et les garder en mémoire. Au moyen d’une communication très particulière avec la méduse en question, Bobby Potemkine doit décrire les odeurs perçues, pour en livrer une définition la plus précise possible. Pendant ce temps, une affaire de tentes tremblantes qui se mettent à marcher toute seule et à se promener doit être résolue. La teinte surréaliste du texte n’est pas uniquement contenue dans son synopsis, qui l’est déjà assez, mais s’affirme avec une clarté évidente dans ce qui fait la quête de Bobby Potemkine : traduire en une expression ce qui fait la singularité d’une odeur. Dans la communication que celui-ci a avec Belle-Méduse, ses mots, sans qu’il puisse le contrôler, se transforment en une suite d’expressions toutes plus bizarres les unes que les autres : “une odeur de balle de ping-pong abandonnée dans du vinaigre” ou bien encore “une odeur de vieille mémé championne de tir à l’arc”… autant d’expressions qui, dans leur apparente absurdité, peuvent nous évoquer “la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie” chère à Lautréamont. C’est que, face à cette absurdité de sa quête, et face à la dévastation du monde, Bobby Potemkine doit trouver des images : “On doit renvoyer à des images. Par exemple, tout de suite, j’ai l’impression que ça sent comme un train à vapeur qui se serait arrêté dans un paysage de fin du monde.” Trouver des images pour dire ce que c’est que la sensation, première opération de traduction, suivie d’une seconde, pour la traduire dans le langage de Belle-Méduse. Traduction de la traduction, car après tout, tout est toujours dicible de mille manières.

Ce texte est une vraie merveille d'humour et de poésie, comme on aurait aimé en lire enfant.

Voir une critique plus détaillée sur mon blog : http://hermitecritique.wordpress.com

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Ouvrage pour enfants

5 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 25 avril 2014

Ainsi Antoine Volodine, via le pseudo Manuela Draeger, écrit pour enfants ! Ca ne me serait pas spontanément venu à l’esprit au vu des préoccupations tendances morbides, ou mortifères, ou apocalypso-fin-du-mondesque du sieur Volodine mais … bon …
Donc, « Belle-Méduse ». N’étant pas un habitué des lectures pour enfants, je suis mauvais juge quant à l’adéquation de cette histoire pour des enfants, désignés sur la jaquette comme « plus de treize ans ». Les derniers ouvrages que j’avais lus, pour enfants, dans le cadre des lectures pour « un auteur du mois », déjà, c’était de la plume de Michel Tournier. Et je dois reconnaître que l’état d’esprit « Tournier », les préoccupations « Tournier » me paraissent plus en adéquation avec un public jeune.
J’étais sceptique concernant Volod… euh Manuela Draeger (je peste contre cette multiplicité de pseudos !!!). Alors ?
Moins noir que ses romans, carrément déjanté, ça doit coller pour des enfants, mais ça m’a paru un exercice plutôt vain. Autant derrière une œuvre pour enfants de Michel Tournier il y a une morale exploitable, parfois subversive d’ailleurs, autant là … Je ne sais pas quoi retirer de la lecture. Point de message en tout cas, ou si sous-jacent il m’aura échappé.
On est donc dans un monde totalement imaginaire, qui aurait bien des relents post-apocalypse (Volo … euh, Manuela Draeger, quand même !), avec des crabes laineux, une méduse de 50 kilomètres de long, une ourse blanche qui était écolière avec Bobby Potemkine, le héros, en l’occurrence, et qui mangeait ses professeurs quand elle était en difficulté scolaire …
Je ne sais pas si ça peut faire rêver des enfants ? Peut-être après tout, les mangas japonais ayant bien du succès !!! Personnellement, je l’ai lu sans ennui (c’est très court), mais rien n’a vibré en moi non plus. J’aurais tendance à supplier Draeger – Volodine –Bassmann – Kronauer de rester sur son créneau romanesque désenchanté et plein de suie, noir et collant, avec du Bardo dans tous les coins et des monstres Kafkaïens plus vrais que nature. Essayer d’adoucir et de faire gentil pour les plus petits, c’est … châtrer un coq de combat en espérant qu’il remportera toujours des victoires !

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