Classique et moderne, la nouvelle vie d'Orion

Je sais bien que certains sont allergiques aux bandes dessinées signées Jacques Martin à qui on peut reprocher sa surabondance de texte, sa narration graphique trop lente, ses personnages un peu trop figés et ses détails historiques trop nombreux pour un lecteur normal… Je sais tout cela ! Il est quand même vrai aussi que certains lecteurs, ceux qui ont appris à lire des bandes dessinées avec Alix, Lefranc, Jhen et qui ont prolongé avec Loïs, Kheos et Orion, ne peuvent pas voir une bande dessinée de ces séries sans une petite larme d’émotion au coin de l’œil… Je vous avoue n’appartenir à aucun de ces deux clans-là car j’ai appris la bande dessinée avec le magazine Pilote et que j’ai pris énormément de plaisir avec la série Lefranc, surtout au moment de sa reprise par Gilles Chaillet… Quant à Orion, j’avoue avoir lu Le lac sacré en 1990, un album qui était paru aux éditions Bagheera. J’avais lu les deux albums suivants mais j’avoue ne pas avoir été en attente à tout prix de la suite… Quand j’ai vu la reprise, j’avoue avoir mis du temps à la lire, mais c’était évidemment une erreur…

Ce tome, Les oracles, est très réussi. Tout d’abord, comme toujours dans ces albums des séries de Jacques Martin, une documentation de qualité, un scénario très bien construit, une précision historique peu répandue à ce niveau… Ce sont probablement des points qui avaient été contrôlés par les garants du patrimoine de Martin. On ne s’improvise pas « repreneur » d’une série du grand maitre…

Mais cela ne peut pas suffire pour donner du punch à ces séries orphelines. Le plus difficile est de se glisser dans la narration graphique de Jacques Martin, en gardant ses qualités propres et en s’appropriant de cette façon de raconter une histoire pour la faire évoluer. Il faut qu’elle se modernise, qu’elle se perfectionne, sans pour autant révolutionner le genre que les lecteurs apprécient… En quelque sorte, comme le dit un critique, il faut faire du Martin en prenant toutes les qualités et en oubliant discrètement tous les défauts… Est-ce possible ?

Il semblerait bien que Marc Jailloux ait réussi ce pari fou et improbable. C’est en tous cas mon avis… Dès la première page tout est en place. On sait que c’est du Martin avec par exemple le profil de Périclès directement identique au premier album de la série, mais on devine que ce sera du Jailloux avec ce gros plan partiel sur le visage de la maitresse de Périclès, Aspasie…

L’histoire, parlons-en un peu, est assez simple. Athènes est assiégée par les Spartiates et Périclès, le leader de la ville en difficulté va chercher l’appui des dieux pour sauver la ville et sa démocratie. Pour cela il utiliser les oracles divins que les Spartiates, de leurs côtés, vont tenter de troubler pour induire Périclès en erreur… Orion va se retrouver un peu par hasard dans cette histoire et va devoir retrouver Périclès pour lui donner un coup de main alors qu’il déteste profondément le personnage…

Aventures, politique, histoire, mythologie… tout est là pour enchanter le lecteur. Mais pour que cela fonctionne bien, il fallait une bonne dose d’amitié, sentiment essentiel chez Martin et dans ses séries, et c’est ce qui va naître entre Orion et le jeune Panaïotis… enfin, pour renouer avec les premiers albums de la série, il fallait qu’Orion découvre que sa chère Hilona n’était pas morte comme il le croyait… Le voici donc maintenant en quête de sa bien-aimée… La série redémarre en beauté avec un véritable auteur à la barre. Merveille !

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  Orion, Tome 4 : Les oracles

  de Martin, Jacques Jailloux, Marc (Illustrateur)
  Casterman
  ISBN : 9782203014749 ; 13,50 € ; 19/01/2011 ; 48 p. ; Cartonné

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