La leçon de pêche de Heinrich Böll (Scénario), Émile Bravo (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Enfants , Enfants => 7-9 ans , Enfants => 10-12 ans

Critiqué par JulesRomans, le 31 août 2012 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 336ème position).
Visites : 4 351 

Bonne pêche

Voilà pour la jeunesse un transfert d’une nouvelle d’un très célèbre écrivain allemand originaire de Cologne. C’est toutefois dans un port en mer du Nord qu’il situait ce récit, alors que dans cette BD on est au bord de l'Atlantique. Ce texte a été écrit pour dénoncer l’ambiance de société de consommation qui pointe au début des années soixante. Un touriste réveille un pêcheur assoupi dans sa barque en le photographiant. Il lui propose un vrai plan de carrière en commençant par sortir en mer non pas une fois mais quatre fois par jour. Avec cette accélération de bénéfices, le touriste imagine pour le pêcheur successivement deux barques, un chalutier, deux chalutiers, un hangar frigorifique … Et puis il lui dit qu’une belle fortune acquise « vous pourrez venir vous asseoir sur le port, faire la sieste en plein soleil ou contempler les splendeurs de la mer ». Ce à quoi lui répond le pêcheur que c’était justement ce qu’il faisait lorsque le touriste l’a dérangé. Le graphisme apporte des informations supplémentaires qui renforcent le sens porté par le texte, il est très en phase avec ce qui plaît aux enfants comme dessin et le marin ressemble au capitaine Haddock, ce que les jeunes lecteurs ne manqueront pas de percevoir.

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Adaptation en BD d’une nouvelle d’Heinrich Böll

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 4 juillet 2019

C’est Emile Bravo qui a réalisé les images et qui, j’imagine, a adapté le texte de la nouvelle d’Heinrich Böll, apparemment assisté de Bernard Friot, crédité de la traduction et de l’adaptation.
La nouvelle « La leçon de pêche » fut écrite en 1963. Il ne reste bien entendu – même si je ne l’ai pas lue – que la ligne directrice et quelques dialogues peut-être ? Car de quoi s’agit-il ?
Un pêcheur en train de siester dans sa barque amarrée au port se voit réveillé par le déclic de l’appareil photo d’un touriste en train de le prendre en photo. Du coup la conversation s’engage :
Oui, le pêcheur est sorti ce matin et non, il ne sortira pas cet après-midi. Pourquoi ? La pêche fut bonne entre langoustes et maquereaux, assez bonne pour deux sorties.
Le touriste, digne représentant de la société consommatrice et capitaliste, se lance alors dans un discours qui se veut mobilisateur, lui expliquant que s’il ressortait à nouveau il s’enrichirait, pourrait acquérir une deuxième barque puis un chalutier puis des chalutiers puis … (un peu l’histoire de Rockfeller. Comment vous ne la connaissez pas ? Le jeune Rockfeller, errant dans les rues de New York, pauvre comme Job, trouve une pomme à moitié pourrie. Il l’astique et la revend. Avec l’argent de la vente rachète plusieurs pommes à moitié pourries. Les astique, … et … c’est là qu’il rencontre et épouse la fille d’un millionnaire !).
Mais revenons à notre brave pêcheur. Coi devant le fil du discours du touriste qui en est au stade où le pêcheur vendra directement ses homards, congelés dans son propre entrepôt frigorifique chez Maxim's à Paris il demande « Et puis ? » (oui, il n’est pas futé notre pêcheur !). Et là le touriste porte l’estocade :

« Vous pourriez venir vous asseoir sur le port, faire la sieste en plein soleil ou contempler les splendeurs de la mer !

« Mais c’est ce que je fais en ce moment, je suis assis au bord de la mer et je fais la sieste … C’est le « clic, clic » de votre appareil qui m’a dérangé … »

D’où la conviction qui me vient que Rockfeller était un touriste. Et notre pêcheur pas Rockfeller !
Il ne s’agit pas typiquement d’une nouvelle « Böllienne (d’ailleurs qu’est-ce qu’il en a à faire de Rockfeller notre ami Böll ? Il a bien assez de chats à fouetter avec les politiciens ouest-allemands qu’il ne porte pas précisément dans son cœur !).
Les dessins d’Emile Bravo sont du style naïf (la publication est tournée vers la prime jeunesse). Le texte absent (dans les 99% évaluai-je, à la louche) sont compensés par les détails explicites des dessins. Ca en fait une nouvelle accessible au très jeune public, même si je ne suis pas sûr qu’il soit, ce jeune public, en mesure de bien apprécier l’ironie de la situation. Et d’abord, le très jeune public n’a jamais entendu parler de Rockfeller, alors ? !

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