Le Horla (BD) de Frédéric Bertocchini (Scénario), Éric Puech (Dessin), Guy de Maupassant (Autre)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes , Bande dessinée => Sci-fi & fantastique , Bande dessinée => Enfants
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Plus qu'une adaptation, une véritable relecture de la célèbre nouvelle.
Je me méfie toujours des adaptations d'oeuvres littéraires car elles sont parfois simplement la mise en image du texte, sans qu'il y ait la moindre créativité ou réécriture de l'oeuvre initiale.
Cette bande dessinée retranscrit l'univers et les principaux épisodes narrés par Maupassant dans sa nouvelle, mais prend aussi quelques libertés.
Le narrateur sent une présence chez lui, devine un fantôme ou un esprit et ressent une peur intense face à ces manifestations qu'il ne contrôle pas. Cet être est le Horla. Est-ce un monstre ? une projection mentale des peurs du narrateur ? Et ce dernier, est-il déraisonnable ? On connaît tous l'histoire ...
Les auteurs de cette bande dessinée ont fait quelques choix personnels en s'éloignant quelque peu du texte. Le narrateur est Maupassant alors qu'il était un être lambda dans la nouvelle. L'ami qu'il rencontre à plusieurs reprises est Flaubert, mentor de l'auteur de "Une Vie". Quelques renvois aux oeuvres de Maupassant sont faits. De plus, la parole est souvent donnée au personnel de Maupassant. Ce qui change véritablement est le fait que dans la nouvelle tout est vu à travers le regard du narrateur, ici ce dernier est vu aussi par d'autres protagonistes. Ceux qui attendent une pure illustration de la nouvelle seront peut-être déçus.
Elle est pourtant de qualité, bien écrite, rythmée. L'angoisse et le désarroi du narrateur sont vraiment bien rendus.
Des artistes qui ont su revisiter le texte de Maupassant.
Les éditions
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Le Horla Maupassant
de Puech, Éric Bertocchini, Frédéric
QUINQUET
ISBN : 9791091230001 ; 25,00 € ; 07/06/2012 ; 48 p. ; Cartonné
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L'invisible dans ton oeil
Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 33 ans) - 2 juillet 2024
Et ton esprit s’endigue.
Ta pensée vide,
Ta voix se ride.
Ton œil reflète tes terreurs
Et ton bon sens se meurt.
Des tremblements
Dans tes draps blancs.
Ton œil reflète la faucheuse
Et ton âme est peureuse.
Mains invisibles
Aux doigts horribles.
Ton œil reflète ta folie
Et tu paies tes envies.
Tu es hors toi,
Il est en toi.
C’est une BD formidable. Je suis pourtant très peu friand de ce genre qui marche tant, non que le visuel m’accable, mais j’aime bien imaginer sans autre renfort extérieur que quelques mots mis par l’auteur la scène qui m’est racontée. Toutefois j’admets sans problème qu’entre ces pages on enserre de belles trouvailles à faire. Celle-ci s’inscrit dans ce thème.
Visuellement elle est belle. Des couleurs de jour saturées, des couleurs de nuit contrastées ; on passe du chaud des cocktails aux tons plus froids des nuits d’angoisse. Le gimmick du gros plan sur l’œil nous pose toujours sur le seuil du fantastique mis en place. D’autant mieux senti qu’on sait bien les problèmes de Maupassant qui se plaignait de ses ardents, voyeurs menteurs, auprès des siens.
Pour moi, il est tout naturel que Maupassant soit le héros. Ne pas le faire eût fait défaut. Il a mis dans cette nouvelle tellement de lui qu’il serait être aveugle de ne pas voir sa moustache dans le miroir quand le Horla vient à passer.
Mais pourquoi avoir mis Flaubert ? Il était certes son ami, son plus cher et précieux appui, il était certes comme un père, mais l’histoire s’ouvre un 8 mai, jour de la mort dudit Flaubert. Maupassant ressasse, c’est clair, et le récit en est hanté.
Le plus grand coup de la BD est celui des yeux extérieurs : les domestiques, le docteur jugent de l’état de santé de Maupassant à la dérive. J’y vois en vrai un avantage : on perd certes par ce partage de la focale narrative la pénétration de l’esprit du héros qui, pris dans les transes, est en pleine déliquescence, mais on y gagne les avis, les mots, les vies, l’humanité du nuage de domestiques qui sert, entretient et astique et qui périt dans le brasier ; car bien trop souvent on oublie à quel point étaient monstrueux le geste et l’air vite oublieux du narrateur dans le récit. Cette BD nous le rappelle en donnant plus d’identité, visage et voix à ces valets qui passent comme une étincelle.
J’en profite pour remercier Gaël qui m’a offert ce livre. C’est un beau cadeau qui m’enivre, que j’ai lu, que j’ai apprécié !
Très libre
Critique de Junos2005 (, Inscrite le 12 mars 2013, 34 ans) - 5 février 2014
Tout y est pourtant: l'intrigue, les terreurs nocturnes, les épisodes, le dénouement mais cela ne m'a pas paru correspondre. J'ai au départ été choquée par ce choix de changement de narrateur au point de douter de ma compréhension de l’œuvre que j'ai pourtant lue à maintes reprises; finalement, ce choix était plutôt éloquent et appréciable.
Cependant je n'ai pas vraiment accroché au graphisme trop coloré pour l'intrigue à mon goût. Je n'ai pas retrouvé ce tourbillon, cette chute rythmée dans la folie. Pour moi la BD se base trop sur les personnages secondaires, pas assez sur le narrateur et sa peur, elle se base trop sur les événements diurnes et collectifs, pas assez sur les nocturnes et personnels. Bref je n'ai pas retrouvé la tension dramatique de l’œuvre et suis déçue.
Il faut tout de même conclure qu'il s'agit d'un bon moment de lecture et que chacun a ses propres attente d'une adaptation image.
Par contre j'ai adoré la toute dernière page issue de la BNF où nous avons accès au manuscrit original de l’œuvre; une merveille! On y voit l'écriture de Maupassant, sa manière de travailler et surtout son talent!