A la pointe de l'épée de Ellen Kushner

A la pointe de l'épée de Ellen Kushner
(Swordpoint)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Nabu, le 2 juillet 2012 (Paris, Inscrit le 26 février 2005, 37 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
Visites : 2 925 

Cape et d'épée cherche épique

« A la pointe de l’épée » est un roman de cape et d’épée (on aura deviné vu le nom) écrit par Ellen Kushner. Bon perso, j’en avais jamais entendu parler mais Folio SF est rudement balèze pour faire des couvertures plutôt cools et c’était en occasion donc hop, in my pocket.

L’action se déroule dans une cité où il y a un quartier craignos avec des pickpockets et de la racaille : Bords-d’eau. Et un quartier coolos avec les nobles qui font des trucs de noble : manger, boire, faire la fête et faire de la politique (qui se résume principalement à faire des gossips de merdeuse de 15 ans, mais passons).

Pour régler leurs affaires ou faire un peu de spectacle, les nobles font appel à des « bretteurs », des badass de l’épée. Richard Saint-Vière est l’un d’entre eux et c’est le meilleur. Coup de bol pour nous, les lecteurs, c’est le héros principal.

Vu que c’est le meilleur, le pauvre vieux se retrouve plongé au sein des disputes de nobles. Bon autant le dire tout de suite, c’est pas ouf de chez ouf. Il y a quelques éléments sympas sur lesquels je reviendrai plus tard. Mais concernant l’histoire, elle reste assez basique. Je pense que pour réussir à rendre une histoire de nobles qui se tapent avec des armes de nobles (genre coups bas, manipulations et autres coups tordus), il faut avoir une sacrée imagination, que malheureusement Ellen Kushner n’a pas.

Ne s’y trompons pas, l’auteur nous a pondu là une histoire ma foi assez sympathique qui ravira les fans de cape et d’épée mais ça ne va clairement pas plus loin. Pour tout vous dire, une semaine après l’avoir lu, j’avais déjà oublié la fin et j’ai dû la relire pour écrire cette critique.

Concernant les personnages, ils sont très bien détaillés. L’auteur a clairement fait un très bon boulot là-dessus. On se les imagine sans problème évoluer dans les situations. D’autant plus que l’auteur réussit à sortir des sentiers battus en rendant son bretteur homosexuel ! Ca crée du coup une dynamique complètement différente et qui est plutôt intéressante.

Le style d’écriture est quant à lui très propre et permet une lecture fluide et rapide.

Bref, « A la pointe de l’épée » est un bon roman de cape et d’épée. Mais si vous n’êtes pas fan du genre, ne vous y attardez pas forcément, il y a des meilleurs livres de fantasy à découvrir qui laisseront des meilleurs souvenirs que celui-ci qui manque clairement d’épique à mon goût.

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Les éditions

  • À la pointe de l'épée [Texte imprimé], un mélodrame d'honneur Ellen Kushner traduit de l'anglais par Patrick Marcel
    de Kushner, Ellen Marcel, Patrick (Traducteur)
    Gallimard / Folio. Science-fiction
    ISBN : 9782070399079 ; 8,90 € ; 04/03/2010 ; 409 p. ; Poche
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Une des rares Manner's Fantasy

8 étoiles

Critique de Goupilpm (La Baronnie, Inscrit le 23 juin 2017, 67 ans) - 8 juillet 2017

A la pointe de l'épée, bien que paru en France après Thomas le Rimeur, est le premier roman de l'auteur. Ici pas de monstres, pas de magie, pas de monde à sauver, pas de panthéon, de folklore... De la Fantasy ? Pas vraiment ou pas seulement ! Du roman de cape et d'épée, alors ? Pas vraiment ou pas seulement !

L'auteur retient quand à elle, une fantasy de mœurs calquée sur la so british comédie de mœurs.

À la pointe de l’épée marque le début de la carrière d’Ellen Kushner, une carrière qu’elle poursuit brillamment en 1991 avec Thomas le Rimeur, un étrange et court roman protéiforme inspiré d’une célèbre ballade écossaise.

Plus abordable, l’univers de À la pointe de l’épée est le référent de l’œuvre de l'auteur, une note d’intention vers laquelle elle ne cesse de revenir au travers de nouvelles ou de romans. A la pointe de l'épée, tire ses influences des romans de capes et d'épées mais aussi des mœurs de la société.

L'histoire se déroule dans un monde inconnu, pas si différent du nôtre, qui oscille de l'époque de Louis XIII à Louis XIV. Une époque fictive qui se situerait entre notre Renaissance et l’Époque Victorienne, avec une société très médiévale dans son monde de vie, mais moderne dans son fonctionnement politique. Une société qui règle ses différents politiques, de cœurs, d'argent,... dans le sang par des duels. Des combats qui sont l'apanage des bretteurs qui officient, comme des avocats, pour représenter leurs clients à la pointe de l'épée.

Nous suivons dans ce roman les péripéties de Richard Saint-Vière qui loue ses services de talentueux bretteur. Issu des Bords-d'Eau, son métier est de se battre à l'instigation des nobles de la Colline.
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Le récit navigue donc entre les aléas de la vie de Richard et de son amant, Alec un ancien universitaire en exil forcé ; et sur des épisodes particuliers de l’existence de mortels qui croiseront celle de Saint Vière (on notera particulièrement l’apprentissage de la science du bretteur par un jeune noble, Michael Godwin) ; tout cela en décrivant peu ou prou les mœurs, règles et coutumes qui régissent les Bords-d’Eau et la Colline.

L'histoire met un peu de temps à se mettre en place et s'effectue de manière progressive : c'est un calcul de l'auteur afin de donner à certaines scènes plus d'impacts. L'intrigue est efficace, le suspense au rendez-vous et l'auteur maintient avec brio à le lecteur en haleine et, des fois à totalement le surprendre. Cette manière de procéder nous offre une intrigue plus immersive et rend les révélations tout simplement bluffantes.
Ce roman regorge de personnages secondaires bien dépeints tant au niveau caractère que physique, les interactions avec le héros et l'environnement sont très efficaces. Les personnages sont volontairement très caricaturaux : les nobles, caractérisés par cette morgue nonchalante, sont retors, lascifs et langoureux, richement habillés, toujours à comploter et intriguer. Ils habitent là-haut sur la colline. Les autres, la plèbe, les bretteurs, les voleurs et prostituées habitent en bas, aux Bords d'Eau. Les uns ont besoin des autres, un certain équilibre règne entre ces deux classes.
Le style est léger, fluide, très agréable mais un peu fuyant dans le premiers chapitres, ce qui donne un certain flou dans le début de l'histoire. L'auteur porte un soin tout particulier à ses personnages et privilégie les petites histoires de chacun d'eux, faisant fi de tout enjeu dramatique fort, elle choisit de traduire les liens intra et extra communautaire des Bords-d’Eau et de la Colline. Des relation parfois surprenantes, telle l'homosexualité.
Le rythme est vraiment très bon, bien mesuré et en accord avec une dynamique bien menée tout au long du récit. On retrouve une touche d'humour, parfois cynique même, qui passe soit par le comique de situation soit à travers les dialogues, utilisés avec beaucoup de réflexion, qui participent beaucoup à l'ambiance générale du roman.

Nanti d’une écriture soignée, à la musicalité malicieuse, à l’érotisme latent et à la préciosité amusée , À la pointe de l’épée risque de déboussoler les lecteurs habitués à une narration classique et par trop calculée.
À la pointe de l’épée est un roman atypique des plus séduisants, où honneur, pouvoir et argent, animent les protagonistes de cette fantasy intimiste. Une œuvre particulièrement emblématique du renouveau de la fantasy post-moderne. À la pointe de l’épée est une œuvre qui peut être considérée comme la fantasy dit maniériste.

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