Le dernier FOG politique sera-t'il vraiment le dernier ?

Pour ses éditoriaux et ses bouquins, Franz-Olivier Giesbert (dit, FOG) s’est fait le spécialiste du « off », une discipline à la fois délicate (qui nous prouve que ce qu’il raconte est vrai ?) et définitivement faussée dans son principe : quel homme politique serait aujourd’hui assez naïf pour s’imaginer que ce qu’il dit à un journaliste sous le sceau du off ne sera pas répété par ce dernier ?
Après 5 années passées à se faire traiter de sarkoziste par sa profession et par un nombre incalculable de suiveurs (alors que Sarkozy n’a eu de cesse de vouloir le faire dégager de son poste de patron de Le Point), FOG signe ici des deux mains qu’il est avant tout un drôle de type assez inclassable qui, derrière ses airs de girouette, est en réalité doté de solides et vieilles convictions qui font de lui le contraire d’un partisan ou d’un lécheur de bottes. FOG semble même vraiment sincère quand il indique que peu lui importe que ses convictions soient portées par des hommes de gauche ou de droite, pourvu que les problèmes soient traités. On est donc porté à le croire quand il se définit comme fondamentalement indépendant des hommes et des partis politiques.

Ce livre est comme presque tous les autres du genre signés par FOG : amusant (c’est le roi de la formule à l’emporte pièce), un peu agaçant (il a tendance à resservir souvent la même soupe), intelligent (de nombreux passages sont frappés au coin du bon sens) et teinté d’une espèce de triste résignation face au recommencement des mêmes erreurs et des mêmes manquements politiques qui, selon lui, bousillent la France depuis 1981. « Derniers carnets », est l’occasion pour l’auteur de nous raconter des moments de la campagne présidentielle 2012 et de dresser quelques savoureux portraits, dont celui (on s’en serait douté) de François Hollande qui est, selon lui et avant d’endosser les habits de président, un type sympa doté de talent mais sans génie et qui aime les gens. Autrement dit, toujours selon FOG, l’exact opposé de son prédécesseur à l’Elysée ! Reste à savoir si l’exercice du pouvoir ne finira pas par avoir raison de ce qui pourrait ressembler à des qualités pour un homme normal.

On aime bien FOG, comme on aime bien un jeune Papy qui, réalisant qu’il est devenu vieux, se fiche de plus en plus de dire ce qu’il pense lors des repas de famille, quitte à semer la pagaille. On l’aime bien aussi quand il va jusqu’à proclamer que cet opus est son dernier bouquin politique, mais là, on ne le croit pas du tout ! M’est avis que FOG sera comme le vieux chanteur qui fait chaque année ses adieux à la scène, ou comme l’homme politique moyen qui promet avec conviction qu’il va faire telle chose, et sera capable d’expliquer plus tard avec tout autant de conviction pourquoi il a fait l’exact contraire, ou bien qu’il n’a rien fait du tout.

Quoi qu’il en soit, vous ne regretterez probablement pas les deux à trois heures passées à lire ce petit bouquin car FOG est un peu le Beigbeder du journalisme politique : énervant, narcissique (et pourtant modeste), glissant, mais doté d’un talent d’écriture qui fait souvent oublier ses petits défauts.

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  Derniers carnets - Scènes de la vie politique en 2012 (et avant)

  de Giesbert, Franz-Olivier
  Flammarion
  ISBN : 9782081282568 ; 4,90 € ; 11/05/2012 ; 208 p. ; Broché

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