L'île des morts Intégrale de Thomas Mosdi (Scénario), Guillaume Sorel (Dessin)

L'île des morts Intégrale de Thomas Mosdi (Scénario), Guillaume Sorel (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Jean Loup, le 28 septembre 2002 (Vaulx en Velin, Inscrit le 8 novembre 2001, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 4 297  (depuis Novembre 2007)

Plongée fantastique

Un jeune peintre talentueux mais sans le sou reçoit la visite de son propriétaire, monsieur Crosier, auquel il doit trois mois de loyer. L'étrange vieil homme prend en gage l'un des tableaux de l'artiste. Marge, la compagne et modèle de ce dernier, découvre peu après un message, rédigé par un inconnu, mettant en garde son amant contre Crosier. Celui-ci paraît en effet très mystérieux, semble s'entourer de créatures surnaturelles et possède un fascinant tableau : "L'île des morts"...
Initialement publiée en cinq volumes de 1991 à 1996, "L'île des morts" gagne à être lue d'une seule traite car c'est un récit d'ambiance. C'est un peu comme si vous lisiez une nouvelle de Poe en une fois, ou en cinq fois avec plusieurs mois d'intervalle entre chaque reprise du récit : vous comprenez alors tout l'intérêt d'une intégrale pour une BD fantastique ! Plus qu'à Poe, c'est à Lovecraft que font référence Sorel et Modsi, de manière très explicite d'ailleurs : R'Lyeh, les créatures tentaculaires, les Grands Anciens sont autant de concepts qui vous sont familiers si vous appréciez H. P. Lovecraft. C'est l'un des intérêts de cette BD : le fantastique est un genre auquel le neuvième art s'attaque assez rarement, et le scénario de Mosdi est plutôt réussi, malgré certains passages un peu confus et une fin décevante. Le trait de Sorel sert admirablement le récit et parvient à créer une ambiance particulière, très lovecraftienne, sombre et désespérée. Le trait évolue entre le premier et le dernier tomes, mais ça n'est pas surprenant et ne remet pas en cause l'unité de l'ensemble. Plus gênant, le recours à l'ordinateur pour les phylactères à partir du tome trois : je reste partisan du lettrage à la main pour la bande dessinée, le traitement de texte entraînant une froideur qui a tendance à gêner l'immersion du lecteur dans l'album. Le découpage est assez remarquable, très original et travaillé. Vous aurez du mal à trouver des bandes blanches entre les cases dans les deux derniers tomes, ce qui crée une atmosphère assez oppressante.
Pas mal du tout donc, et même si ça n'est pas le chef d'oeuvre auquel les amateurs de fantastique peuvent rêver, "L'île des morts" est supérieur à "Mother" que Sorel a réalisé seul par la suite. Ce genre est délicat à traiter, et cette intégrale, d'un niveau tout à fait honorable, mérite que les amateurs s'y attardent.

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