Quelques bonnes choses...

Comment un acteur majeur des campagnes présidentielles pourrait se transformer en observateur crédible des mêmes campagnes présidentielles ? La question est assez sérieuse car elle pose la crédibilité même de l'ouvrage. Prenons donc le temps de voir chacun des deux auteurs avec des yeux plus universitaires que politiques.

Jacques Séguéla est un publicitaire bien connu et nous n’avons pas à rajouter dans ce domaine. Par contre, il est l’un des premiers professionnels de la pub à avoir préconisé que les mêmes méthodes pouvaient s’appliquer à la communication politique. Il a d’ailleurs porté des candidats vers les sommets, puisqu’il est à l’origine de la « France tranquille » de François Mitterrand. Il est aussi celui qui a travaillé avec Lionel Jospin, y compris au moment de la cinglante défaite de 2002. Mais on sait que dans le monde il a travaillé avec de nombreux candidats à des présidentielles et ils sont une quinzaine à pouvoir se louer de ses services car ils ont gagné, tout simplement. Au premier abord, je pense qu’il n’est pas à sa place en proposant une analyse des évènements, des choix faits, voire quand il s’aventure à faire des pronostics… Mais j’avoue que j’ai eu l’occasion de l’écouter en conférences et débats et que du coup je suis moins catégorique car je l’ai toujours entendu avec beaucoup de lucidité, y compris quand il parle de ses propres erreurs. Néanmoins, je le trouve plus crédible quand il parle des campagnes où il n’a pas été acteur.

Et Thierry Saussez, me direz-vous ? Lui, il n’est pas acteur comme Jacques Séguéla. Oui, mais il fut un expert indiscutable de la communication politique. On l’a vu aux côtés de leaders de droite, ce qui est rassurant puisque Jacques Séguéla a souvent été plus au service de candidats de gauche. Cette différence des engagements est positive mais elle ne donne pas des garanties assez solides pour dire que l’analyse serait bonne dans cet ouvrage.

En effet, ces deux fins observateurs de la communication politique nous livrent un ouvrage qui a des points forts, indiscutables, mais aussi des points plus fragiles, qui « plombent » un peu l’ouvrage. Ce qui me paraît positif est situé dans le fait de retracer les grandes lignes historiques des différentes campagnes de 1965 à 2007. Rien que cet aspect est passionnant. En effet, si nous avons bien retenu le nom des vainqueurs – De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy – on a vite oublié le nom des candidats malheureux dont certains sont retournés dans l’ombre qu’ils n’avaient quitté que fort peu de temps.

Un deuxième point intéressant est dans le fait d’avoir à disposition un ensemble de feuillets avec des affiches clefs de ces campagnes. En effet, si Séguéla n’est pas totalement impartial, il est excellent quand il oublie le contexte et qu’il parle d’une photo, d’un texte, d’une situation… Les affiches proposées illustrent les grandes tendances constatées, expliquent certaines réussites ou échecs, permettent de mieux comprendre la compétition que se livrent les différents communicants qui s’engagent auprès des candidats…

Donc, finalement, avec toutes les remarques faites, on peut considérer que la lecture de cet ouvrage apporte au lecteur plusieurs points positifs et j’avoue que je le conseille assez souvent à mes étudiants qui cherchent des éléments solides sur la communication politique, sur l’histoire de la Vème République, sur les présidentielles en général…

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  La prise de l'Élysée [Texte imprimé], les campagnes présidentielles de la Ve République Jacques Séguéla, Thierry Saussez

  de Séguéla, Jacques Saussez, Thierry
  Plon
  ISBN : 9782259205634 ; 3,43 € ; 08/01/2007 ; 263 p. ; Broché

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