Lettres d'Iwo Jima de Kumiko Kakehashi
(Chiruzo kanashiki : Iòjima sòshikikan Kuribayashi Tadamichi)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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choc des cultures.
Iwo Jima : 22km2 de roches et de broussailles, pas de rivières ni de sources d’eau douce, un volcan, le Mont Suribachi, forme son point culminant à 169 mètres. Le bout du monde en somme. Mais pourtant ce bout de rocher minuscule dont on fait le tour à pied en moins d’une journée a quelque chose de particulier. En venant par le sud, c’est le premier bout de terre du territoire japonais. Située à 1250 km au sud de Tokyo, en plein milieu du Pacifique, cette île fut la première parcelle de territoire nippon a être investie par les Américains en février-mars 1945. Il fallu 36 jours aux « marines » pour se rendre maîtres des lieux, ils y laissèrent près de 7000 morts et près de 25000 blessés. Les pertes japonaises elles s’élèvent à 20.000 morts sur les 21000 combattants qui occupaient l’île au matin du 19 février 1945. Quatre jours plus tard, les Américains hissent la bannière étoilée au sommet de l’île (le cliché est resté célèbre !) mais il leur faudra encore 32 jours pour « nettoyer » le périmètre au prix de pertes énormes.
Kumiko Kakehashi, l’auteure, est née en 1961, bien après la tragédie que fût la Seconde Guerre Mondiale. Elle fait partie de cette génération de jeunes japonais qui ont grandi dans la société consumériste moderne modelée sur les normes américaines, mais ça ne l’a pas empêché de partir sur les trace d’un étonnant personnage : le général Tadamichi Kuribayashi. Sur bases des lettres de ce soldat très différent des généraux japonais de l’époque, elle nous fait découvrir un homme simple, aimant la vie, ses enfants. On est très loin de la caricature véhiculée par les films hollywoodiens. Kuribayashi n’a rien d’un fou furieux attaquant au sabre en hurlant « Banzaï », il ne commande pas en fouettant ses subordonnés. Ayant été en poste comme attaché militaire aux USA et au Canada durant cinq ans, il connaît parfaitement son adversaire et il le respecte. Allant à l’encontre de toutes les stratégies nippones de l’époque, ne disposant de presque aucunes armes lourdes ni avions (les 3 bases aériennes de l’île ont depuis longtemps été dévastées par des bombardements), Kuribayashi va s’enterrer et tenir tête durant plus d’un mois. Il y gagnera le respect de ses ennemis, et même une petite reconnaissance dans son pays, bien qu’il ne soit pas le plus célèbre des généraux là-bas.
« Lettres d’Iwo Jima », dès sa sortie en 2006, fut un best seller au Japon, mais aussi aux Etats-Unis et dans d’autres pays. En 2007, Clint Eastwood adaptera ce livre ainsi que celui de James Bradley (fils de l’un des soldats que l’on voit sur le cliché montant le drapeau sur le sommet de l’île) « Mémoire de nos pères » dans un très beau diptyque cinématographique aux titres éponymes.
Un livre à découvrir, pour une autre lecture d’un aspect de seconde guerre trop souvent méconnu chez nous.
Les éditions
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Lettres d'Iwo Jima [Texte imprimé] Kumiko Kakehashi traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako avec la collaboration de Corinne Quentin
de Kakehashi, Kumiko Dartois-Ako, Myriam (Traducteur)
les Arènes
ISBN : 9782352041344 ; 20,00 € ; 05/01/2011 ; 239 p. ; Broché
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