Vers une société d'abondance frugale : contresens et controverses sur la décroissance de Serge Latouche
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Vivre simplement
Derrière ce titre en forme d'oxymore qui fait penser à pauvreté radieuse ou à frugalité enrichissante, se cache en réalité le développement du concept de « décroissance » qu'il ne faut pas confondre avec le « développement durable » dont les médias nous rebattent les oreilles et qui n'est qu'une imposture dans la mesure où il ne permet pas de quitter la croissance. En effet, la décroissance n'est pas la négation de la croissance ni la croissance négative, mais une sortie véritable et librement assumée de la société de consommation. Un système qui ne consomme pas les ressources plus vite qu'elles ne se renouvellent et ne rejette pas les déchets plus vite qu'ils ne sont recyclés naturellement. Au total, moins de travail servile pour une vie sociale plus riche, plus libre et plus conviviale.
Dans ce livre, Latouche tord le cou à bon nombre d'idées reçues et clôt toutes sortes de controverses autour de ce concept relativement nouveau (quoique Ivan Illich et quelques autres dans la lignée de Gandhi l'aient déjà largement présenté dans les années 1970 de l'autre siècle sans obtenir un grand écho). Ainsi la décroissance permettrait-elle de revenir ou de se rapprocher très largement du plein emploi ne serait-ce que par la relocalisation de l'ensemble des productions vitales du pays et par les gisements d'emploi fournis par les énergies alternatives et le bio. 20% d'électricité solaire et éolienne pourrait créer 240 000 emplois et 100% d'agriculture biologique en créerait 1 million ! Ce programme s'articule sur quatre axes principaux : 1/ Rejet des techniques polluantes et abandon du modèle thermo-industriel.
2/Relocalisation
3/Création d'emplois à teneur écologique
4/Changement des modes de vie et suppression des besoins inutiles (publicité, tourisme, déplacements inutiles etc...)
Et peut se résumer en 8 termes, les 8 R : Réévaluer - Reconceptualiser – Restructurer – Relocaliser – Redistribuer – Réduire – Réutiliser – Recycler. Tout un programme pour lequel Serge Latouche ne cache pas les difficultés que représente sa mise en pratique. Un livre passionnant pour qui s'intéresse à ces sujets.
Citations : « Pas de société conviviale sans technique douce, mais pas de technique douce sans science douce. » (Bernard Charbonneau)
« Je ne suis pas contre la machine, mais contre l'engouement pour la machine. » (Gandhi)
« Vivre simplement pour que tous puissent simplement vivre. » (Gandhi)
Les éditions
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Vers une société d'abondance frugale [Texte imprimé], contresens et controverses sur la décroissance Serge Latouche
de Latouche, Serge
Éd. Mille et une nuits / Les Petits libres (Paris)
ISBN : 9782755505887 ; 4,60 € ; 06/04/2011 ; 208 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (1)
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Même un vieux marxiste peut lire cela…
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 25 septembre 2012
J’aime bien aussi cette citation d’Epicure qui ouvre le livre :
« Des mets simples donnent un plaisir égal à celui d’un régime d’abondance si toute la douleur causée par le besoin est supprimée ». (lettre à Ménécée)
Baudrillard parlait, lui, de « paupérisation psychologique ».
Il va de soi que c’est valable pour autre chose que la bouffe…
Ce constat de Latouche, qui n’est pas vraiment original j’en conviens, mais combien pertinent : « La croissance à tout prix, au détriment de la nature et de l’avenir, voilà l’ingrédient indispensable du système capitaliste ».
Traduction : « Vous en bavez dans une société profondément inégalitaire, d’accord, mais ne vous fâchez pas et vous aurez des cacahuètes plus tard ».
Et, à l’attention de l’un ou l’autre marxiste qui survivrait encore – on ne sait jamais – cette remarque de Georg Lukacs en 1923, comme quoi l’économie « doit être la servante de la société consciemment dirigée ». « C’est bien avec cette conception du socialisme qu’entend renouer la décroissance ».
Vous vous souvenez de la « société d’abondance » qui devait mettre fin à la lutte des classes ?
A la mode d’Epicure bien sûr !
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