Persépolis, tome 1 de Marjane Satrapi
Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire
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La première BD iranienne
Marjane Satrapi a réalisé l'exploit, le tour de force de nous faire découvrir la fin du règne du Shah d'Iran et les débuts de la république islamique d'Iran à travers les yeux et la sensibilité d'une petite fille de 8 ans.
Le résultat est grandiose : humour, dessins suggestifs en noir et blanc, ton juste, histoires d'emprisonnements mises à la portée des gosses, grandeur et décadence du pays, ennemis d’hier et d’aujourd’hui, mesquinerie des gens, opportunisme, lutte de classe, différences sociales, espoirs de révolution déçus… tout est là. Et l'on ne s'ennuie pas une seconde, même celui ou celle – dont je fais partie - qui ne supporte guère les BD.
Le dessin en noir et blanc parait enfantin à première vue, mais
recèle un esthétisme évident qui jaillit au fil des pages.
Chaque dessin vaut une affiche à lui seul.
Le jour de l'incendie du cinéma REX perpétré par le régime du Shah qui vit ses derniers jours, où les victimes flambèrent comme de vulgaires feuilles de papier, un dessin suggestif nous montre des flammes obliques terminées par des têtes, yeux et bouches béants, bras dans le prolongement des flammes, hurlant au secours.
« Après le vendredi noir, les massacres se succédèrent, il y eut beaucoup de morts ». On pourrait songer pour l'illustrer à des victimes qui jonchent le sol, dans un beau désordre, mais l'auteur procède différemment :
des têtes identiques, yeux fermés, bouches béantes, se succèdent, serrées côte à côte dans le sens d'un tricot entamé par une main experte.
« La fin du shah était proche » : on voit le shah, couronné, revêtu de ses plus beaux atours, poussé dans le dos par une armée de fantômes…
Cette petite fille de 8 ans qui lit Marx en cachette, qui se régale des histoires révolutionnaires de ses oncles et grand-père, qui vit dans un milieu privilégié, qui va manifester avec la bonne à l'insu de ses parents, me fait vaguement penser à « Mafalda », cette petite fille futée née sous le crayon d’un Argentin et qui, ingénument, place les adultes face à leurs contradictions.
Les éditions
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Persepolis [Texte imprimé] Marjane Satrapi
de Satrapi, Marjane (Scénariste)
l'Association / Ciboulette (Paris).
ISBN : 9782844140586 ; 15,00 € ; 01/10/2002 ; 76 p. ; Broché
Les livres liés
Les critiques éclairs (6)
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Très bonne BD
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 septembre 2008
Marjane Satrapi doit énormément à ses parents, gens évolués et a l'esprit ouvert.S 'élever intellectuant n'étant plus possible en Iran, elle partira en Autriche mais les choses y seront moins agréables que prévu. Elle a le mal du pays et se trouve difficilement des amis. A la déprime succédeont bien d'autres maux au point qu'elle décidera de retourner.
Les effets de la guerre entre l'Irak et l'Iran sont très bien rendus puis viendra un semblant d'ouverture.
Je dois avouer que j'ai trouvé que certains passages étaient moins intéressants que d'autres. Cela me venait sans doute du fait que je les trouvais un peu trop long qund elle analyse son propre comportement au sein de la société dans laquelle elle vit.
Oui, le dessin noir et blanc, et volontairement dépouillé, convient très bien.
Superbe!
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 4 juin 2008
On sent tellement le vécu derrière cela, que Satrapi est la seule à pouvoir nous raconter et nous dessiner cette histoire avec une telle franchise et une telle intensité!
Un chef d'oeuvre absolu.
Chef d'oeuvre bouleversant d'humanité
Critique de Le rat des champs (, Inscrit le 12 juillet 2005, 74 ans) - 30 septembre 2007
Une autobiographie en bande-dessinée
Critique de Jemangeleslivres (, Inscrite le 25 mai 2004, 51 ans) - 16 novembre 2005
L'histoire commence en Iran, au moment de la chute du régime du shah. Marji est encore une petite fille mais est néanmoins très sensible aux bouleversements politiques qui affectent son pays: le milieu dans lequel elle grandit (ses parents sont des intellectuels progressistes) et les récits de guerre dont elle se délecte forgent son caractère et son amour inconditionnel de la liberté. Adolescente, ses parents l'envoient en Autriche, espérant ainsi la protéger du régime au pouvoir, totalitaire et particulièrement intransigeant envers les femmes. Elle reviendra en Iran, après quatre années difficiles à Vienne et repartira, définitivement cette fois, pour la France où elle réside toujours. Les quatre volumes de"Persépolis" sont passionnants, mais je dois dire que le séjour de Marjane en Europe, ses déboires et désillusions, qu'elle nous conte dans le volume 3, m'ont particulièrement touchée. L'émotion est palpable, tant dans le texte que dans le dessin, en noir et blanc: celui-ci malgré sa grande sobriété, n'en est pas moins saisissant. La représentation de scènes de violence ou de guerre, souvent très imagée, est aussi réussie que celle des sentiments des personnages: colère, douleur, tristesse et joie sont remarquablement bien rendus, avec très peu de moyens. Un sourire, un regard, et le tour est joué!
Un grand coup de chapeau, Madame Satrapi.
De la toute grande BD
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 9 juillet 2005
C’est…parfait. Un vrai coup de cœur.
Une des prises de conscience du personnage principal :
« (…) on ne peut s’apitoyer sur soi que quand nos malheurs sont encore soutenables…une fois cette limite franchie, le seul moyen de supporter l’insupportable, c’est d’en rire ».
Ce n’est pas très original ?
Sans doute, mais dans le contexte, ça vaut son pesant de larmes et de rires.
à travers les yeux d'une enfant
Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 25 mars 2004
La valeur d'une bande dessinée se mesure à l'aide de trois plans parfaitement perpendiculaires l'un par rapport à l'autre : le dessin, le scénario, le contexte.
Sauf que tout ça, c'est des conneries. Tout ça, c'est bon quand on peut encore réfléchir rationnellement après avoir lu une bd, tout ça, c'est bon quand on peut encore faire marcher son intellect, bref, quand on est passé à côté de l'essentiel, à côté de ce qui fait qu'on s'arrache un livre, une bd : le CHARME.
Le charme qui se dégage de "Persépolis" tient du sortilège. Moi qui suis de nature méfiant par rapport aux succès de librairie annoncés, il faut reconnaître ici que le battage autour de Persépolis est amplement mérité.
MSatrapi nous donne un cours d'histoire bien plus efficace que tous les cours d'histoire du monde : les atrocités des régimes iraniens successifs à travers la naïveté malmenée d'une enfant. C'est beau, c'est sobre, c'est touchant. Une bd faussement naïve qui s'impose d'emblée comme un classique désormais incontournable.
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