Une femme fuyant l'annonce de David Grossman
(ʾIšah bwraḥat mibśwrah)
Catégorie(s) : Littérature => Moyen Orient
Moyenne des notes : (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : (539ème position).
Visites : 9 169
une sorte de Dostoïevski israélien
Un grand livre.
Assez long, dense, souvent sous forme de dialogues, avec flash-backs et révélations.
une écriture très pure, la grande classe, quelque chose des grandes tragédies russes ou grecques, mais moderne.
Pour ceux qui veulent savoir de quoi que ça cause: une femme apprend que l'un de ses fils (re)part en mission pour l'armée israélienne et elle est convaincue qu'on va venir lui annoncer sa mort. Alors elle décide de se fuir, de partir randonner, pour que la nouvelle de la mort ne la trouve pas et conjurer le destin. Mais elle ne part pas avec n'importe qui...
UN LIVRE RARE, à LIRE !
Les éditions
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Une femme fuyant l'annonce [Texte imprimé], roman David Grossman traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen
de Grossman, David Cohen, Sylvie (Traducteur)
Seuil
ISBN : 9782021004625 ; 22,80 € ; 05/09/2011 ; 672 p. ; Broché -
Une femme fuyant l'annonce [Texte imprimé], roman David Grossman traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen
de Grossman, David Cohen, Sylvie (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757830413 ; 2,88 € ; 18/10/2012 ; 792 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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Un double déni
Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 26 novembre 2021
Malheureusement, comme il le précise lui-même dans sa postface, l'auteur apprendra, pour sa part, avant d'avoir terminé son roman, la mort d'Uri son fils cadet, tombé au Sud Liban.
Encouragé par le soutien d'amis tels qu'Amos Oz, il se remettra à l'ouvrage après la semaine de deuil, apportant à ce récit une touche finale empreinte d'une émotion et d'une ambiguïté inoubliables.
Un livre, certes un peu trop long et difficile, tant par le fond que par la forme, qui se mérite mais la persévérance du lecteur est largement récompensée, la dernière page tournée.
Très beau
Critique de Clemandarine (, Inscrite le 3 avril 2013, 74 ans) - 9 juillet 2014
Une femme, deux amants, deux fils
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 17 mai 2014
Paniquée, craignant à chaque instant de recevoir l’annonce de la mort de son fils, Ora part faire cette randonnée tant attendue pour se couper du monde, non sans avoir « enlevé » Avram, un ancien ami et amant.
J’ai trouvé la lecture difficile au début : propos incohérents et hachés d’une Ora en proie à la fièvre dans le Prologue, puis tourbillon des pensées d’Ora déboussolée avec une écriture qui fait penser à Virginia Woolf ou à certains passages d’Ulysse de James Joyce. Ensuite la lecture est devenue plus aisée, soit que je me sois habitué au style, soit que l’apaisement né de la marche et des longues conversations avec Avram se reflète dans l’écriture.
Leur parcours devient une occasion de se redécouvrir, de revisiter leur passé commun, d’en découvrir les épisodes cachés, d’évoquer la famille et les fils d’Ora, comme si parler d’Ofer pouvait le protéger. En toile de fond, les difficultés internes d’Israël et les conflits israélo-arabes (de la guerre des 6 jours à la 2ème intifada) avec une description implacable de l’angoisse nerveuse des civils et de la brutalité de la guerre, de son absurdité pour ceux qui sont immergés dans les combats.
Ora peut parfois agacer car c’est une femme singulièrement torturée, confuse, excessive, culpabilisée, animée d’un amour trop fusionnel vis-à-vis de ses fils, douée d’une logorrhée verbale parfois étouffante.
Sur la fin je me suis parfois senti plus proche d’Avram pour qui cette marche est une rédemption, une thérapie qui lui réapprend à vivre alors que le traumatisme qu’il avait subi pendant la guerre du Kippour avait fait de lui depuis un quart de siècle un déchet. Le miracle s’accomplit pour lui en recréant le lien avec la famille d’Ora et en découvrant qui est Olfer, mais aussi sans doute au contact des paysages et de la végétation dont David Grossman fait des descriptions minutieuses et colorées qui m’ont donné envie d’aller randonner en Galilée !
Presque un grand livre…
Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 29 décembre 2013
Oui, il y a des passages auxquels je ne pouvais pas m’arracher.
Oui, mais…
Mais il est vraiment dommage que des incohérences (en lien avec la pratique de la randonnée) m’aient gâché un tiers du livre. Arrivée à la moitié, après avoir lu quelques paragraphes en diagonale, j’ai été lire les critiques sur CL –ce que j’évite de faire habituellement avant d’avoir terminé un livre- pour vérifier si je n’avais pas une trop grande attente sur ce livre. J’ai continué et bien m’en a pris, puisque la seconde partie est effectivement excellente.
Quelques exemples de ces incohérences :
Le taxi dépose Ora et Avram (« les abandonne » serait plus exact vu le contexte) quelque part (en Galilée?). Et ils arrivent quand même à trouver des chemins, et même, après quelques jours, à se retrouver par hasard sur le GR (chemin de grande randonnée) d’Israël, le tout sans consulter la moindre carte…
Leur première nuit à la belle étoile (le taxi les a abandonnés en pleine nuit) ne semble leur poser aucun problème :
« Les premières lueurs du jour viennent les éveiller, encore perdus dans les brumes du rêve, à la lisière d’une prairie. [..] [Avram] avise Ora, étalée sur un gros sac à dos, et , au-delà, un champ, un verger, une montagne. […]
- Où sommes-nous ?
Ora hausse les épaules.
- Je ne sais pas. Quelque part en Galilée.
Le visage d’Avram s’arrondit de stupeur.
- En Galilée ?! Mais où exactement ?
- Là où il nous a débarqués cette nuit
[…]l’errance interminable en rase campagne, au beau milieu de la nuit. [Ora] est tombée à plusieurs reprises en cours de route avant de s’écrouler dans ce champ, où ils ont somnolé à même le sol, sur l’herbe »
Ce qui n’est pas le cas de la nuit suivante, avec tente et duvets…
«Chacun gagne sa tente […] Ils se tournent et se retournent sur leur couche inconfortable […] dormir en plein air à même le sol plein de trous et de bosses […] l’exaltation suscitée par le scintillement des étoiles, la brise tour à tour tiède, fraîche, humide et instable […] »
Et d’ailleurs sous la tente ou en plein air ? Les étoiles ou la brise, sous la tente…
époustouflant !!!
Critique de Coumar (, Inscrite le 1 septembre 2012, 60 ans) - 24 février 2013
On ressent magnifiquement les états d'âmes des personnages.
On ressent l'amour qu'ils ont en eux, la souffrance qui les habite et la force d'une mère hors norme !!
Magnifique
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 29 novembre 2012
Grand livre
Critique de Sola (, Inscrite le 1 novembre 2005, 72 ans) - 6 août 2012
C'est un très grand livre qui nous interroge sur la vie, la mort, la guerre, l'amour.
Une Femme Fuyant l'Annonce
Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 41 ans) - 3 mars 2012
Ora, c'est la pureté rêvée par l'auteur mais aussi par chacun d'entre nous. Mère aimante et réconfortante, elle est aussi une femme libre et émancipée, possède une vision éclairée et objective de la situation qui l'entoure. Elle décide de chasser la mort en y insufflant de la vie, marie le passé au présent pour imaginer un avenir plus supportable. Shéhérazade des temps modernes, Ora ne peut compter que sur sa parole face à la Mort et la seule manière de vivre c'est de revivre par la pensée ce qui a déjà été vécu. On pense par moment au « Livre de ma Mère » d'Albert Cohen, tant Ora incarne la mère parfaite, toujours à l'écoute de ses enfants, les observant sans cesse d'une manière sublime.
Mais Ora, c'est aussi une idée, une vision, la vision idyllique de David Grossman. Dans ce « voyage au bout de la vie », l'auteur multiplie les messages de paix et de lucidité sur la cohabitation entre arabes et juifs, mais aussi entre les Hommes. Loin de tenir un discours hippie cliché et vide de sens, Grossman plonge littéralement dans les êtres peuplant son voyage, glisse sur leur peau, les fait vivre par la parole et surtout détruit par sa prose magique la bestialité de l'Homme. « Une Femme Fuyant l'Annonce » est un « conte à rebours » qui décrit avec finesse la pression psychologique quotidienne que subissent les Israéliens dans ce conflit sans fin. Mais au lieu de sombrer dans le Pathos, de décrire une situation tragique pleinement justifiée, Grossman extrait ses personnages du contexte pour en faire à la fois des héros mythiques et des victimes émouvantes, simplement humaines.
Grossman réalise un Grand Livre grâce à sa prose. Simple, limpide et calme, les phrases semblent flotter sur les pages dans une sorte de légèreté grave. La construction anarchique mélangeant les époques et les personnages vient renforcer ce sentiment de fuite, cette volonté de trouver rapidement un sens à la Condition humaine. Les passages qui décrivent Ora enceinte sont d'une poésie et d'une douceur à couper le souffle. Par moment cette prose émoustille nos sens, on se met à la goûter et à la sentir. Cet arôme donne un peu plus de corps aux personnages tout en nous plongeant dans une contemplation fantasmée de la vie.
Bref, « Une Femme Fuyant l'Annonce » est un chef-d’œuvre qui se termine par trois petits points. Universel et volontairement ouvert, le roman est une initiation à ce que l'on connait déjà mais que l'on ne voit pas. Magnifique.
Grand écrivain...
Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 18 février 2012
C'est un livre bouleversant d'humanité, qui m'a saisi, malgré sa longueur mais grâce à une écriture vraiment exceptionnelle.
Plus qu'un grand livre, j'ai découvert un grand écrivain.
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