Une personnalité politique exceptionnelle

Maurice Duplessis, surnommé "Le Chef", fut l’un des plus importants premiers ministres de la province de Québec. Sans être séparatiste, il était profondément nationaliste et a consacré sa vie à l’avancement et au progrès social de sa chère province. Dénigré après sa mort, il a réussi à conserver l’amour et la confiance de ses électeurs tout au long de sa longue carrière. Conrad Black brosse ici un portrait impressionnant du grand homme, sans toutefois insister sur sa vie privée mais en mettant plutôt l’accent sur les relations qu’il entretenait avec ses adversaires politiques, les membres du clergé, les hommes d’affaires dont entre autres le richissime J.W. McConnell, l’homme le plus riche du Canada à l’époque, les magnats de la presse et surtout le petit peuple des ouvriers et des agriculteurs qui lui vouait un culte et un amour hors du commun.

Duplessis a « régné » sur la province de Québec pendant une quinzaine d’années, de 1936 à 1939 et de 1944 jusqu’à sa mort en 1959, contrôlant l’Assemblée Nationale, jouant au chat et à la souris avec les membres de l’Opposition, pouvant parfois faire preuve de la plus grande cruauté et lorsque ses adversaires étaient mis hors jeu, de la plus grande compassion envers eux. Né à Trois-Rivières, Duplessis était avocat. Célibataire, il menait une vie totalement vouée à la politique. Dans sa jeunesse, il a abusé de l’alcool pour finalement y renoncer complètement en 1943. Il aimait la gent féminine et ses conquêtes étaient nombreuses. Bourreau de travail, il possédait une mémoire phénoménale et savait tout ce qui se passait dans la province.

Le livre est passionnant, extrêmement bien documenté et bien construit. L’auteur a su rester neutre et le portrait qu’il brosse de Duplessis est honnête et fort crédible. Certains chapitres m’ont particulièrement captivée entre autres celui portant sur les lois sociales, les syndicats et la presse au Québec, celui sur les progrès économiques du Québec et les relations avec les industriels et celui sur l’Église et l’État. Le dernier chapitre est aussi très intéressant car il décrit le caractère, les méthodes de travail de Maurice Duplessis. L’auteur y fait une courte description de l’après Duplessis et nous voyons émerger des personnalités comme René Lévesque, Robert Bourassa et l’imbuvable Pierre Elliot Trudeau de même que Brian Mulroney.

J’ai apprécié la neutralité qu’a su observer Conrad Black tout au long du récit contrairement à sa préface qui est fortement partisane mais il a eu le bon goût de ne pas insister. Ce livre est un document à lire absolument pour qui s’intéresse à la personnalité de Maurice Duplessis, à ses combats politiques et surtout à ses nombreuses réalisations sociales et économiques qui ont permis à la province de Québec d’accéder au rang de nation développée et connue à l’échelle internationale. Le livre est enrichi de fort beaux documents photographiques de diverses personnalités politiques et religieuses de l’époque.

« Le gouvernement et l’ère Duplessis étaient fondamentalement de nature transitoire. L’État du Québec est alors devenu infiniment plus important que jamais auparavant, par rapport à l’Église, au gouvernement fédéral et à l’industrie. Finie l’époque où le premier ministre de la province siégeait au conseil d’administration de grandes sociétés, frayait avec les hommes d’affaires et était considéré comme le président-directeur général de sa propre compagnie : l’État du Québec. Duplessis a élevé son gouvernement au-dessus de tout cela ; ce gouvernement est devenu national, bien que non souverain. (…) En 1944, Duplessis a pris les rênes d’un gouvernement qui était provincial dans tous les sens du terme. En 1959, il a laissé derrière lui le gouvernement national d’un peuple nationaliste, vigoureux et moderne. »

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  MAURICE DUPLESSIS

  de Black, Conrad
  les Éd. de l'Homme
  ISBN : 9782761914772 ; CDN$ 9.97 ; 01/01/1999 ; 552 p. ; Paperback

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