Filles Perdues de Alan Moore (Scénario), Melinda Gebbie (Dessin)
(Lost girls)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Hervé28, le 5 novembre 2011 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 606ème position).
Visites : 4 998 

Lost Girls

Avant tout, on ne peut que saluer les éditions Delcourt d'avoir, premièrement eu le courage, enfin, de sortir ce bouquin, et deuxièmement, d'avoir réalisé là un très bel objet éditorial (certes différent de la version originale, je regrette juste la traduction du titre qui certes est littéralement exacte, mais perd de son charme en français- et puis on ne traduit pas les titres d'Alan Moore, que diable!)).

J'ai eu un peu de mal à débuter ce pavé signé Alan Moore et à véritablement entrer dans l'histoire.

Jusqu'à la rencontre entre les trois principales protagonistes, j'avoue ne pas avoir saisi l'intérêt d'un tel livre.
Mais dès cette rencontre, tout se met en place.
Conçu comme un échiquier -chaque chapitre est d'ailleurs constitué de 8 pages- où chacune avance ses pièces (en racontant sa propre histoire), ce conte pour adultes (ah, j'oubliais, ce livre -pour ceux qui ne l'ont pas encore ouvert- est franchement pornographique : pédophilie, zoophilie, inceste etc. s'y côtoient) est superbement illustré (et ceci, malgré des critiques lues sur la qualité graphique de cette bande dessinée).

En revisitant, de façon osée et personnelle, trois histoires tournées traditionnellement vers les enfants ("Peter Pan", "Le magicien d'Oz" et "Alice aux pays des Merveilles"), Alan Moore et Melinda Gebbie nous offrent là une oeuvre de qualité, que je relis, quant à moi, régulièrement.

Alan Moore a toujours réussi à nous surprendre en optant à chaque fois pour des thèmes forts et percutants, avec" From Hell" (mon préféré), "V pour Vendetta" ou encore "Watchmen", et là il y réussit grandement.

Cet album marque officiellement la fin du bannissement des bandes-dessinées dites "pour adultes". En osant publier ce chef- d'oeuvre, Delcourt a ouvert la boite de Pandore, et créant la collection"Erotix" qui remet en selle les oeuvres des auteurs des années 60 voire 70 comme G.Levis ou Frollo, ou encore d'auteurs plus contemporains (comme dans "Premières fois", toujours édité chez Delcourt, livre que je vous invite aussi à découvrir)
Bref, un album qui fera date dans l'histoire de la bd ,ou tout du moins dans l'histoire de l'édition française de bd.
Incontournable.

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Pas de mal à contempler la beauté...

8 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 13 septembre 2013

Travail, individualisme, automobile, cigarettes (et mauvaises manières), il y a longtemps que les femmes ont tout volé aux hommes; cela ne surprendra personne que des oeuvres un peu plus sombres comme Filles perdues surgissent soudain au fil de l'actualité, puis fassent l'époque. Mais la vraie tragédie concerne au demeurant tous ceux qui n'ont pas encore compris que tout n'est qu'illusion - d'abord pour mieux nourrir les ogres du grand-monde derrière des conventions très désuètes, et ce depuis le XIXème - et aussi parceque les mariages d'amour sont tellement rares...

Entre méduses, fées, sirènes et mégères, ce n'est donc pas la peine de conter l'intrigue de ce volume, elle n'est pas si fondamentale, et il vaut mieux que le lecteur la découvre au rythme des belles cases, sinon de ces chapitres soigneusement pensés. Enfin le tout est un peu ambigu quoique on a affaire là à une étude de style aboutie dont la morale n'échappera de toute façon qu'au plus commun.

Trois mythes enfantins disséqués pour mieux défoncer un tabou

6 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 10 décembre 2011

Si j’ai trouvé le scénario d’Alan Moore particulièrement original et la démarche culottée (si on peut dire quand on voit que la plupart du temps les protagonistes sont plus souvent à poil qu’en textile), je suis plus mitigé sur le plan du graphisme de Melinda Gebbie, son épouse. L’ouvrage est superbe en lui-même, l’impression, le papier, l’odeur, tout concourt à le faire aimer. Et pourtant je n’adhère pas du tout au style de la dessinatrice, même si on sent qu’il y a du travail derrière. Les couleurs sont chaudes, parfois harmonieuses, parfois exubérantes voire kitsch, et ce n’est pas rédhibitoire, mais l’amateurisme du trait et la trop grande amplitude de styles pour une même histoire m’ont chagriné d’une manière générale.

Pour le reste, c’est une œuvre qui dégage une certaine puissance, comme tout ce que produit Alan Moore, et que n’aurait pas renié Sade, même si c’est tout de même beaucoup moins gore que ce qu’a pu produire le subversif marquis. J’ai aussi apprécié la manière dont est mise en avant l’incompatibilité absolue entre le plaisir sexuel et la guerre, évoquant inévitablement le célèbre slogan « Faites l’amour pas la guerre » (on ne se refait pas n’est-ce pas Mr and Mrs. Moore ?). Dommage que les dialogues des soldats allemands arrivant sur les lieux encore fumants des orgies des trois libertines n’aient pas été traduits, même si on se doute que Moore ait simplement voulu associer la langue allemande à la brutalité de la guerre… En somme un OVNI porno, graphique et littéraire...

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