La peste verte de Claude Ecken

La peste verte de Claude Ecken

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Kalie, le 1 septembre 2011 (Sarthe, Inscrit le 4 juillet 2010, 54 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 1 988 

Démangeaisons assurées !

Avertissement : Dès les premières lignes de ce roman, le lecteur pourra éprouver une légère envie de se gratter.

Le professeur Thalle, dermatologue, déambule dans les rues de Marseille, déguisé afin de cacher son visage défiguré par diverses dermatoses. Il dépose un peu partout autour de lui (sur les revues des kiosques, les chaises et tables des bars, etc.), les doigts enduits de micromycètes, des cultures entrainant des maladies de la peau.

Et les résultats sont là : rue Tubano, une lichénification irrite la bouche d’un homme obèse, rue du Tapis-Vert, un prurit démange une prostituée et la liste est longue. Dès le premier chapitre, l’auteur ne se contente pas d’énumérer (à grand renfort de termes scientifiques) un nombre incroyable de champignons microscopiques pathogènes pour l’Homme mais il décrit en détail les effets sur les individus (plaques, rougeurs, bubons, boutons, verrues, et autres boursouflures).

Pourquoi Thalle agit-il ainsi ? : « Dans les quartiers malfamés, mais aussi dans les villas et belles résidences, il fallait que soient marqués, indices de leur déchéance, ceux qui s’adonnaient au vice sous toutes ses formes. Ils avaient enchaîné leur âme au mal, ils devaient pour cela être tatoués de façon indélébiles ». Bref, son but est de rendre apparente la pourriture proliférant au fond de chacun pour que tout soit transparent et clair.

Plus loin, le professeur Jean Tallier, lui aussi dermatologue, est réveillé en pleine nuit. C’est une vision d’horreur qui rentre chez lui :

« Très certainement, la personne qu’il apercevait dans l’encadrement avait été autrefois une femme. Mais elle était probablement incapable de s’en souvenir. Elle se trouvait dans un tel état de liquéfaction et de pourriture que l’on avait peine à croire qu’elle était encore vivante. Comment avait-elle fait pour parvenir jusqu’ici, avec ses pieds bubonneux, d’un gris repoussant, aux cloques crevées, et avec ses jambes malades, amaigries, pustuleuses qui la portaient à peine ? Les vêtements, ou plutôt les lambeaux qui masquaient à moitié son corps collaient à la peau et s’incrustaient dans les plaies dont le pus séché faisait office de ciment. Ce que l’on pouvait voir de son torse était repoussant : ce n’étaient que des plaques boursouflées et des crevasses suintantes, des bulles gonflées de liquide séro-purulent qui perlaient, prêtes à éclater tant la peau était fine, sur des éruptions cutanées diverses qui allaient du blanc maladif au rouge vinaigre. Des croûtes jaunes et gluantes s’étaient formées par endroits, mais leur aspect indiquait que l’infection avait déjà gagné les régions sous-cutanées. Sur les épaules de la femme, des taches orange et duveteuses étaient regroupées en petit amas. Là où croissaient ces moisissures, la peau était boursouflée. Les rares cheveux qui lui restaient, gluants de mycélium, avaient dû être bruns autrefois, avant que cette pâte jaune ne vînt les teindre en blond… Elle avança une main aux ongles craquelés et fendus dans sa direction, en un geste implorant… ».

Le professeur Jean Tallier et la sœur de la victime enquêtent. Mais le comportement du dermatologue devient de plus en plus singulier...

Si le début du récit est original, la suite est plus classique avec des thèmes récurrents (savant fou, cobayes humains emprisonnés, monstre végétal, double personnalité). Cependant, tout cela reste d’un très bon niveau avec une révélation finale surprenante et apocalyptique.

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