La parabole du semeur de Octavia Estelle Butler

La parabole du semeur de Octavia Estelle Butler
(Parable of the sower)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Pietro, le 10 août 2011 (Inscrit le 14 mai 2006, 44 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 106ème position).
Visites : 4 040 

Un immense livre!

Voilà c'est dit, ce roman est une véritable bombe littéraire, à placer aux côtés des grands romans de science-fiction tels que 1984, La route, ou encore Le meilleur des Mondes. Pas moins.

2024, Californie. Le narrateur, jeune fille de 15 ans, vit dans une amérique retournée à la barbarie, la peur et la violence règnent partout, avec un gouvernement corrompu, à la solde de multinationales qui transforment leurs employés en esclaves.
Les gens sont obligés de vivre dans des ghettos entourés de murs protégés, et doivent subir les assauts répétés de pillards sans foi ni loi, prêts à tuer pour une bouchée de pain.
Et l'inévitable finit par se produire: la famille de la jeune fille est massacrée.
Refusant la soumission aux grandes compagnies, qui offrent à leurs salariés la sécurité contre un véritable esclavage, l'héroïne tente de gagner une nouvelle terre promise.
Mais le chemin sera dur, et le danger partout!

Quête initiatique, roman d'apprentissage, pamphlet contre les injustices sociales, mais surtout formidable roman d'aventure à l'atmosphère apocalyptique, crépusculaire, La parabole du semeur prend à la gorge dès la première page.
Le formidable talent de conteur d'Octavia E. Butler y est pour beaucoup.
Il y a même une suite à ce chef d'oeuvre: La parabole des talents.
Un must de la SF

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Impressionnante dystopie

8 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 67 ans) - 14 juillet 2021

Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit nullement d’une méditation pieuse sur l’une des paraboles les plus connues des Évangiles, même si elle est bel et bien citée à la toute fin du volume, mais d’un roman de science-fiction, de ce sous-genre qu’on appelle dystopie, autrement dit d’une description de notre monde imaginé dans un futur plus ou moins proche, sous des couleurs toujours très sombres.
Octavia E. Butler (1947-2006), romancière noire américaine qui s’était spécialisée dans les récits futuristes, commença en 1993 un cycle de romans sous l’égide des paraboles des Évangiles, cycle qui, malheureusement, resta inachevé. Seuls deux volumes furent écrits et publiés : La Parabole du Semeur suivi de La Parabole des Talents (1999).
Dans le premier volume, la romancière s’emploie à décrire, du point de vue d’une jeune fille vivant à Robledo, près de Los Angeles, le monde dévasté, ravagé, ultraviolent, terriblement angoissant de… 2024 ! Plus exactement, le roman commence en cette année-là, mais s’étend sur plus plusieurs années. Il est écrit sous forme d’un journal tenu par une jeune fille noire prénommée Lauren, qui n’a que quinze ans au début de l’histoire. Elle est l’une des enfants du pasteur de la communauté de Robledo. Or la situation de cette famille, tout comme celle des autres habitants de la bourgade, est plus que critique. Le monde est devenu fou et il est dévasté par les catastrophes écologiques et les crises économiques. Aux États-Unis, un président succède à un autre président, sans qu’aucun ne soit capable de remettre de l’ordre dans le pays. En fait, la situation s’est tellement dégradée que les habitants de Robledo sont obligés de se protéger derrière de hauts murs et de ne sortir que le moins possible à l’extérieur. Hors de leur barrière de protection, en effet, tout n’est que chaos, violence et dérèglement. L’eau potable et la nourriture manquent drastiquement. Des bandes de pillards sèment la terreur partout où ils le peuvent, incendient les maisons, tuent les habitants. Certains même sont devenus anthropophages. Des meutes de chiens affamés n’hésitent pas à s’attaquer aux humains isolés. Le danger est partout, au point qu’il est impensable ou fou de sortir de Robledo sans être solidement armé.
Tous ces éléments, s’ils demeurent très impressionnants, pourraient néanmoins être perçus comme des poncifs de ce type de romans. Cependant, au fur et à mesure qu’on lit l’ouvrage, on n’a jamais le sentiment d’être en présence de quelque chose de rabâché. La romancière a su inventer des personnages qui ne sont pas de simples stéréotypes. C’est le cas, en particulier, de la narratrice, la jeune Lauren qui, rédigeant son journal, imprègne le livre d’un ton de confidence. De plus, cette jeune fille, qui n’a pas froid aux yeux, qui sait se servir d’une arme et est capable de se défendre s’il le faut, cette jeune fille est pourtant porteuse d’un handicap. Elle est hyperempathique, ce qui veut dire qu’elle ressent, dans son propre corps les plaisirs (plutôt rares dans le contexte de ce roman) et les souffrances de celles et ceux qui lui font face. Autrement dit, lorsque, par exemple, elle est amenée à se défendre en tirant sur quelqu’un, elle éprouve elle-même la douleur de l’individu blessé. Et si celui-ci meurt, Lauren meurt également l’espace d’un instant pour revenir ensuite à la vie. Ce personnage, le plus intéressant et le plus prometteur du roman, non seulement se présente comme une adolescente et, bientôt, comme une femme d’action, décidée à ne pas passer sa vie entière à Robledo, mais aussi comme une étonnante penseuse. Ses réflexions, elle les note dans son journal, mais elle les a également compilées dans un ouvrage auquel elle a donné le titre de Semence de la Terre. Dans ce livre, elle a consigné sa religion à elle, sa religion nouvelle, différente de celle que prêche son père quand il exerce en tant que pasteur (un père auquel elle n’a jamais osé se confier sur ce sujet). Mais sa religion, elle l’a élaborée, elle l’a écrite et elle en est sûre : pour elle, Dieu n’est pas différent de l’univers visible, il est comme lui, il est changement.
Le roman s’écrit donc non seulement comme l’odyssée classique d’un groupe d’individus essayant de survivre dans un contexte de danger extrême, mais aussi sous la forme d’une fondation, celle d’une communauté de croyants (plus ou moins convaincus, il faut le préciser) rassemblés autour de la religion conçue par Lauren, celle-ci en étant, bien sûr, la figure de proue. Cela donne à ce roman, divisé en deux parties, l’une se déroulant à Robledo, l’autre, après que la ville ait été prise d’assaut par les pillards, sur les routes de Californie, une incontestable originalité. D’ailleurs, malgré les nombreuses scènes de violence extrême décrites au fil des pages, il reste toujours, néanmoins, grâce à Lauren et à celles et ceux qui la rejoignent au cours des événements et des rencontres, une part d’espoir, celui d’un monde meilleur, peut-être de la construction d’une communauté où l’on pourra trouver, retrouver, quelque chose de l’ordre du bonheur de vivre. À vérifier dans La Parabole des Talents, le deuxième volume de ce cycle.

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