Sur la télévision de Pierre Bourdieu

Sur la télévision de Pierre Bourdieu

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Kinbote, le 19 juin 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 156ème position).
Visites : 6 762  (depuis Novembre 2007)

Un petit livre de salut public

En mai 96, deux cours de Pierre Bourdieu au Collège de France sont diffusés par Paris Première. Ils ont pour objet la télévision et les dangers qu’elle fait courir aux « sphères de la production culturelle, art, littérature, science, droit, philosophie, droit » mais aussi à la politique et à la démocratie.
C’est le monde journalistique qui est, non pas attaqué, mais analysé dans son fonctionnement en espace clos, ce que Bourdieu appelle « la circulation circulaire de l’information » où la rivalité qui s'exerce sur fond d’audimat a pour but de guetter l’événement voire de le produire ou de renchérir au plus vite sur des informations traitées ailleurs. Dans l'urgence où elle est tenue de travailler, la télévision fait appel à une panoplie de « fast thinkers » qui peuvent commenter à chaud l’actualité et qui passent aux yeux du public pour les véritables penseurs dans leur domaine alors que, comme le montre très bien Bourdieu, ce sont généralement les éléments en marge de leur discipline, non reconnus par leurs pairs, qui gagnent par l'apparition télévisée le plébiscite du plus grand nombre. L’exemple emblématique étant Bernard-Henri Lévy.
Pour ne pas heurter le public, les journaux télévisés n'abordent pas de sujets qui fâchent ou entraînent trop à la réflexion. Ils relatent à grand renfort d’images et de paroles les faits divers les plus spectaculaires et les grandes compétitions sportives.
« On a ce produit très étrange qu’est le journal télévisé, qui convient à tout le monde, qui confirme les choses déjà connues , et surtout qui laisse intactes les structures mentales », écrit Pierre Bourdieu. Il montre aussi comment ces intellectuels peuvent passer à la collaboration, ce qu'il appelle la loi de Jdanov : « Plus un producteur culturel est autonome , riche en capital spécifique et exclusivement tourné vers le marché restreint sur lequel on n’a pour clients que ses propres concurrents, plus il sera enclin à la résistance. Plus, au contraire, il destine ses produits de grande production (comme les essayistes, les écrivains journalistes, les romanciers conformes), plus il est enclin à collaborer avec les pouvoirs externes. »
Notre conférencier montre aussi comment certains animateurs journalistes censés représenter le savoir et la rigueur morale, tel Cavada en son temps, peuvent orienter le cours d'un débat.
Il montre comment les journalistes, faute de savoir garder la distance nécessaire à la réflexion, jouent le rôle de « pompier incendiaire », de quelle façon ils peuvent créer l’événement en montant en épingle un fait divers, comme cela fut encore le cas, en France, à l'approche des élections présidentielles.
Ce livre est paru dans la maison d’éditions créée autour de Bourdieu, et qui avait déjà donné cet ouvrage dénonciateur du milieu journalistique parisien : « Les Nouveaux chiens de garde » de Serge Halimi. Même si Pierre Bourdieu a disparu depuis, ses « leçons » demeureront...

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La soumission à l'audimat plutôt qu'à l'information

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 7 août 2013

Sans pouvoir constituer une institution médiatique incontournable, une chaîne de télévision, comme n'importe quel autre support, est soumise aux diktats de l'audimat, d'une logique économique, du besoin de vendre, d'où le recours au sensationnel, aux faits divers, plutôt qu'à l'information de fond et à l'analyse qui tend à disparaître.
Les critères culturels et économiques dominent ce court essai, qui veut démontrer que l'important est d'être vu, et non plus ce qu'on dit à la télé, pour la simple et bonne raison le temps n'y est plus laissé de s'exprimer.

Et Bourdieu est lui-même gêné d'avoir peu de temps pour démontrer sa thèse, ce qui ne va pas dans son sens, et peut donner, en effet, comme l'écrit Shelton, l'impression qu'il affirme sans démontrer. C'est également le moyen de démontrer, malgré lui, ce dont il parte. Aussi s'agit-il de la retranscription de deux leçons filmées données... pour la télévision. Aussi note-t-il le paradoxe apparent qui semble confirmer ce qu'il énonce.

Cet essai est utile pour prendre conscience de la perte de poids informatif et de contenu de la télévision, si ce n'est pas déjà fait, ainsi que des causes. Cela fait réfléchir, et rend dubitatif sur l'évolution culturelle.

Médias et télévision

9 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 17 avril 2013

Sur ce sujet (la critique des médias dominants et particulièrement de la télévision), je me plais à lire différents auteurs ; Serge Halimi (Les nouveaux chiens de garde), Noam Chomsky (De la propagande), Michel Desmurget (TV Lobotomie) sont ceux qui m’ont le plus marquée. A chaque fois, je ne ressens aucune redite ou lassitude tellement ces ouvrages vont à l’encontre du flot de désinformations dont on est abreuvés de toute part toute la journée, quand bien même on tente d’y échapper.

Cela fait de nombreux mois que j’avais envie de m’attaquer aux écrits de Bourdieu. J’avais feuilleté à la bibliothèque Méditations pascaliennes, mais le style complexe du sociologue m’avait rebutée. Il y a quelques semaines, j’ai visionné deux vidéos de Bourdieu accessibles sur internet et dont le contenu m’a familiarisé à l’auteur. Il s’agit selon moi d’une bonne introduction à l’œuvre « bourdieusienne » car elles sont plus accessibles que ses livres. L’une d’entre elles reprend le propos de Sur la télévision (lien vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=vcc6AEpjdcY).
Cet essai est d’ailleurs lui-même la reprise d’une intervention de Bourdieu au Collège de France. Il y explicite donc de nombreux concepts issus du champ de la sociologie : faits omnibus, lunettes, violence symbolique, effet de réel, champ… et pose quelques bases épistémologiques de la discipline. Il nous familiarise par exemple avec les biais classiques des sociologues lorsqu’ils se focalisent sur un évènement ou un phénomène : ils les considèrent souvent comme du « jamais vu » ou au contraire du « toujours ainsi » alors qu’il existe une multitude de possibilités entre ces deux extrêmes.

Le support écrit est complémentaire du support audio, mais à mon sens indispensable pour bien saisir quelques mots du vocabulaire du Bourdieu qui jalonnent ces ouvrages et rendent leur lecture difficile.

La thèse défendue par Pierre Bourdieu est la suivante : « la télévision (…) fait courir un danger très grand aux différentes sphères de la production culturelle, art, littérature, science, philosophie, droit ; (…) elle fait courir un danger non moins grand à la vie politique et à la démocratie ». Il détaillera tous les aspects négatifs de ce média qui ne lui sont pas nécessairement propres ; la presse et la radio en prennent aussi pour leur grade.
Son but n’est évidemment pas de proscrire la lecture, l’écoute ou le visionnage de ces médias, mais plutôt de « contribuer à donner des outils ou des armes à tous ceux qui, dans les métiers de l’image même, combattent pour ce qui aurait pu devenir un extraordinaire instrument de démocratie directe ne se convertisse pas en instrument d’oppression symbolique ». S’il se focalise beaucoup sur le lien entre médias et journalistes, il s’adresse également au grand public.

Ce livre m’a permis d’aborder enfin plaisamment l’œuvre de Bourdieu et constitue donc selon moi une bonne initiation aux ouvrages de cet éminent sociologue.

Analyse intemporelle de nos médias

9 étoiles

Critique de Adrien34 (, Inscrit le 18 janvier 2009, 34 ans) - 2 novembre 2009

Ce qui frappe chez Bourdieu, c'est sa justesse, sa précision, cette impression de lire quelqu'un qui avait compris avant tout le monde notre société médiatique, consommatrice, artificielle.
Quand on lit "sur la télévision", on ne regarde plus le monde des médias comme auparavant, on prend des pincettes, on recoupe les informations..on doit faire le travail d'un vrai journaliste si on souhaite se faire une opinion un tant soit peu objective, si on ne veut pas être avalé par les idées bien faites du JT parvenant à abrutir la masse en leur balançant des soporifiques faits divers!
Même si Bourdieu se défend d'attaquer les journalistes, il dresse un ignoble portrait des personnes qui font désormais un métier de désinformation ou du moins une information incomplète, sortie de son contexte médiatique, aspirée par le siphon de l'audimat. Les groupes de presse sont devenus des entreprises désirant faire du profit et pour faire du profit, il faut vendre, quitte à berner les consommateur, vendons pour ne pas perdre de parts de marché. De toute façon, la ménagère de 50 ans devant sa télé ne cherche pas à savoir si nos politiques nous mentent ou que les banques américaines orientent les politiques économiques, non, elles veulent juste savoir quel temps il fera demain, si on a attrapé le meurtrier qui est dans la nature, et voir une allocution du président la rassurant sur son avenir en lui disant que le pays va très bien et que la croissance et l'emploi vont repartir. Peu importe si c'est faux, l'important est de rassurer, de ne pas choquer, ne pas faire réfléchir.
Certains journaux et JT se basent désormais exclusivement sur cette demande: l'abrutissement total du consommateur!!

Merci Pierrot pour cette vision aseptisée de nos médias!

Avis quelque peu différent...

7 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 7 novembre 2008

Comme le dit souvent Thierry Wolton, il existe fort peu d’objet, support ou concept aussi connu et utilisé – ne dit-on pas qu’aujourd’hui 98% de la population française a accès à la télévision et que le Français la regarde près de 3h30 quotidiennement – et aussi peu étudié ! Pierre Bourdieu sociologue « illustre » de son vivant – même après sa mort d’une certaine façon – a décidé de lui consacrer – à la télévision – deux leçons au collège de France. Ces deux textes ont été publiés en 1996 et ce texte reste encore, plus de dix ans après, une référence pour un grand nombre de spécialistes, d’experts et de journalistes… Malheureusement, le grand public n’a pas toujours eu l’envie de lire ces quelques pages, pourtant importantes. Il préférait regarder la télévision qui, elle, changeait d’heure en heure, de jour en jour… Les critiques de Bourdieu sont-elles encore d’actualité ? Le sociologue eut-il raison de d’attaquer les journalistes ainsi ? Les intellectuels ne sont-ils pas les coresponsables de ce que vit la télévision ? Bref, ouvrons cet opuscule ensemble et comprenons ce que Pierre Bourdieu voulait dire à notre société, aux responsables de la télévision, aux journalistes, au public…
La première faille de son raisonnement réside dans un paradoxe important : d’une part, il s’excuse de ne consacrer que peu de temps à cette étude de la télévision – « une analyse approfondie et systématique aurait demandé beaucoup plus de temps » - et, d’autre part, ce reproche fait aux journalistes de ne jamais prendre le temps d’expliquer les choses en profondeur. Oui, cher monsieur Bourdieu, nous aurions aimé que vous preniez le temps d’étudier de façon assez exhaustive la télévision, son milieu, ses acteurs et ses conséquences sur notre société, notre démocratie en particulier. Au lieu de cela, vous allez porter des jugements hâtifs et catégoriques que nous ne pourrons même pas évaluer en fonction de votre argumentation. C’est ainsi ! Point ! Moi, Bourdieu, je vous le déclare et vous devez me croire !
Qu’on ne s’y méprenne pas ! Je ne veux pas dire que tout est mauvais dans ces quelques pages. Non ! Je veux seulement affirmer que rien n’est prouvé et que ce n’est qu’un avis, pas une véritable étude…
Certes, quand il montre du doigt l’audimat, on peut imaginer qu’un certain nombre de Français sont du même avis que lui… Mais, là aussi, restons prudent. J’en ai entendu des gens, des braves gens nous ressemblant, qui affirmaient que les émissions culturelles étaient trop tard, que les programmes de TF1 et M6 ne valaient pas grand chose, que les producteurs exagéraient, se foutaient de nous… et ils continuaient – probablement comme beaucoup d’entre nous – à regarder certains de ces « navets », de ces « daubes » comme on dit aujourd’hui…
Alors ? On ne pourrait pas, paraît-il, s’exprimer à la télévision, encore moins lorsque l’on veut parler de la télévision. Les journalistes seraient intraitables, couperaient les intervenants, reformuleraient n’importe comment… Oui, j’entends bien que ce point de vue n’est pas entièrement faux. Nous avons tous regardé des débats où le journaliste-animateur (espèce nouvelle qui est accompagnée du réalisateur-animateur, du réalisateur-animateur-producteur, du réalisateur-animateur-producteur-actionnaire et je vous en passe des meilleures…) coupe les invités dès qu’ils se lancent dans des explications dépassant les quarante-huit secondes… Mais, qui d’entre nous, reste éveillé devant son récepteur quand un homme ou une femme se lance dans un grand discours ininterrompu, sans fin et trop théorique ? Même Pierre Bourdieu devait bien, parfois, se lasser de ce genre d’intervention ! Oui, le soyons bref qu’il utilise dans son texte me convient parfaitement mais il n’aurait pas du critiquer les journalistes sur ce point car tout leur donne raison… du moins, dans une certaine limite, c’est à dire quand ils laissent leurs invités parler ce que beaucoup font, reconnaissons-le…
La grande diatribe sur la question des banlieues, l’autocensure des journalistes, les faux débats, sont autant de questions pertinentes de Bourdieu mais de réponses ou d’ébauches de réponses surprenantes car le sociologue ignore trop de choses sur le fonctionnement des médias. Prenons les débats et interviews, par exemple. Ce n’est pas parce que certaines personnes se connaissent, éventuellement se nomment par leurs prénoms, se tutoient, qu’elles ne peuvent pas débattre réellement. Dans une famille, le fait de se connaître, de s’aimer même, empêcherait-il les débats ? Cela se saurait ! Certes, lors de ces interviews publiques, il est judicieux de masquer ses relations personnelles, de ne pas donner pour le journaliste d’ Certes, lors de ces interviews publiques, il est judicieux de masquer ses relations personnelles, de ne pas donner pour le journaliste d’avis personnel… mais il ne faudrait pas vouloir une information si objective qu’elle en perde toute saveur, toute odeur, toute spécificité…
J’ai animé des débats, j’ai participé à des débats, sur des radios, à la télévision et sur des sujets fort divers allant des jeux vidéo à la religion, de la politique à l’éducation, de la bande dessinée à la culture en générale. Je n’ai jamais rencontré les situations décrites par Bourdieu, même si je ne veux pas nier le fait que certaines situations semblent, parfois, proches de la collusion… Mais, dans ces cas extrêmes, le public qui n’est pas si stupide que cela, se rend bien compte des liens et corrige de lui-même. C’est que nous faisons tous sur ce site en lisant des critiques des habitués : nous connaissons les positions de untel ou tel autre et nous corrigeons notre lecture pour imaginer si l’ouvrage en question est pour nous ou pas…
Pour autant, le travail de Pierre Bourdieu est assez passionnant à lire et utile. Il nous permet de nous repositionner devant cette télévision. Quel type de spectateur sommes-nous ? Des gobe tout, des éponges, des somnolents, des indifférents… La télévision a-t-elle autant d’emprise que notre auteur semble le dire ? Oui diront ceux qui pensent que l’élection de Nicolas Sarkozy est due entièrement à l’influence médiatique, non clameront ceux qui croient encore à la liberté et l’indépendance des citoyens. La vérité est, probablement, coincée entre ces deux positions. Quand on apprend que la « Star Ac » de TF1 est sur le point de cesser faute d’un nombre suffisant de téléspectateurs, on se remet à sourire et espérer que les hommes seront toujours plus intelligents que ceux qui montent de tels spectacles bidons pour enrichir chaines, annonceurs et sponsors…
Pierre Bourdieu a eu l’occasion dans une émission mémorable de venir défendre son livre, dans Arrêt sur images. Il fut mauvais, mauvais joueur en fait, et après de longs temps de parole, il finit par dire qu’une fois de plus on ne lui avait pas laissé assez de temps… Heureusement, Daniel Schneidermann ne s’est pas laissé impressionner. Il a même écrit un remarquable essai, Du journalisme après Bourdieu, dont je vous reparlerai un jour prochain.
Pour tous les grands amateurs de télévision, pour les défenseurs de la démocratie, pour les spécialistes des médias, pour tous ceux qui aiment réfléchir sans suivre mot à mot les intellectuels… ce petit essai est à lire et à garder ! A ce titre c’est un bon livre, même si comme vous l’avez compris, je ne partage pas toutes les conclusions de l’auteur…
Je dois aussi, par honnêteté, vous avouer que lors de mes études à l’université la sociologie était la matière que j’aimais le moins… L’auriez-vous deviné ?

Essais sociologique très intéressant

8 étoiles

Critique de Aethus (Evreux, Inscrit le 13 janvier 2004, 38 ans) - 13 janvier 2004

Ce court essai sur la télévision de Pierre Bourdieu est très intéressant. De nos jours il est clair qu'il est difficile de trouver une information objective, surtout à la télévision... Il reste peut-être les agences de presse, AFP, Reuters...? A la télévision, que ce soit TF1 ou France2, les journaux sont des ramassis d'idées qui doivent susciter l'émotion, la révolte chez le spectateur... Le besoin chronique d'audimat dans les médias à fait de ces derniers un moyen de gagner de l'argent au détriment de l'information sérieuse... Bourdieu nous explique même que cette course à l'audimat se retrouve dans les journaux de la presse écrite, même chez les plus sérieux... Pour revenir à la télévision, on peut dire que ce qui résulte de son état actuel, c'est un abrutissement pur et simple des masses... Qui peut nier le fait que TF1 soutient clairement la démarche populiste de certaines politiques douteuses... Un professeur d'économie me disait qu'il n'avait jamais réussi à regarder un journal de 13h sur TF1 en entier sans avoir la nausée... Un point important que souligne Bourdieu est aussi le fait que les "nouveaux" journalistes qui se retrouvent dans le milieu sont très vite déconcertés et presque dégoûtés par l'étendue de la corruption des médias... Et que la plupart font marcher le système sans même s'en apercevoir finalement... Il existe du journalisme qui se sert du système et du journalisme intellectuel, qui dénonce ce système...
Enfin... On peut très bien vivre sans télévision...

Quelle presse voulons-nous ?

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 19 juin 2002

Celle qui nous stresse le moins, ne nous fait pas trop réfléchir à des choses qui nous dépassent ou que nous ne voulons pas voir (la politique de l'autruche a encore ses beaux jours devant elle !), celle qui nous fait rêver à un monde mythique peuplé de "vedettes" et dont nous pourrions même faire partie un jour (loft et autres du même genre), celle qui nous donne les secrets du monde du sport (autre grand mythe de notre époque et pendant qu'il nous occupe nos politiques ont les mains libres) etc. Et grand nombre des médias de se ruer pour tenter de satisfaire la demande ! Le nerf de la guerre ?... L'argent sous forme de recettes publicitaires... Pour l'argent, il faut crever l'audimat par une info encore plus sensationnelle que celle du concurrent ! Vérifiée ? Intelligente ?... Qu'importe ! Vendons d'abord, ça, ce sera toujours pris ! On pourra rectifier par la suite s'il le fallait... Déontologie ?... Combien cela rapporte ?... Et la bonne conscience de ces Messieurs réside dans le niveau de leurs ventes. Le public aime ? Le public s'intéresse ? Le public a toujours raison puisqu'il représente l'accès à l'argent. Alors, de temps à autre, le public râle car il a, à de rares moments, l'impression de ne plus être vraiment informé, qu'on ne lui dit plus tout, que tous utilisent la même langue de bois... Bien sûr, puisque c'est lui qui le veut ! En achetant davantage les tabloïds, les journaux à sensations, à grandes photos bien sensationnelles et aux nouvelles aussi fausses les unes que les autres (ils sont chaque fois condamnés mais qu'importe, ils ont vendu), les revues télés, les photos scandaleuses et juteuses des paparazzi etc.
Nous voudrions autre chose ?... A nous de le faire savoir par nos achats et nos choix de chaînes télévisées et de programmes. Les recettes suivront les audimats et si "Bouillon de culture" avait été plus suivi que "Loft" ou "Star Academy" cela se serait su et il ne n'aurait plus été programmé aux heures confidentielles. Ô miracle il y a quelques survivants comme "Envoyés Spécial", "Ushuaya" etc. Mais gare, ils pourraient tomber à leur tour...
C'est comme pour les politiques: nous avons les médias que nous voulons.

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