Pourquoi les oiseaux chantent de Jacques Delamain
Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Animaux
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Le voyageur immobile
C’est ainsi que le préfacier, Olivier Frébourg, présente Jacques Delamain dont on réédite le merveilleux petit livre sur le chant des oiseaux. L’ornithologie nécessite patience, don de l’observation, goût de la contemplation et propension à la méditation. Jacques Delamain réunit toutes ces qualités et, outre une érudition exceptionnelle, une belle qualité d’écriture.
Ce beau frère de Jacques Chardonne qui vécut essentiellement en Charente, où sa famille était et reste une des meilleures distilleries de cognac, nous enchante en nous faisant suivre le vol et écouter le chant des oiseaux, aux différentes saisons, des migrations de printemps à celles de l’automne, des charnières de la nature à celles des espèces. « Pourquoi chantent les oiseaux » ne se ponctue pas par un point d’interrogation. Ce n’est pas une question mais une évidence de beauté et de grâce.
Delamain qui connaît tout, comme le lui écrit Colette, raconte ce qu’il a observé saison après saison. Ainsi sait-on que l’oiseau n’est jamais totalement silencieux. Cette créature sociable, constamment en alerte, doit communiquer avec les autres pour prévenir le danger des prédateurs. De l’automne à l’aube du printemps, les oiseaux qui n’ont pas migré vivent en groupe pour se réchauffer, tels les roitelets, et trouver la nourriture nécessaire. Leur cri, plus qu’un chant, n’est alors qu’utile messagerie. Tout commence à partir de la mi février quand l’esprit de troupeau laisse place au temps du retour des migrants et à celui des amours. C’est maintenant que les grands solistes vont se révéler. Le chant est pour le mâle « affirmation de soi, de sa vigueur, de sa beauté, de son bonheur de vivre et de sa place dans la nature ». C’est un défi lancé aux rivaux qui s’affrontent par la voix devant des femelles timides et c’est après que le chant devient un hymne à l’amour pour la bien aimée. Delamain répertorie quatre grands solistes qu’il considère comme de véritables artistes : le Merle, le Rossignol, la Grive Musicienne et le Rouge-Gorge. Eux seuls savent « choisir les notes les plus claires et les plus pures, les relier les unes aux autres, trouver le rythme, composer la phrase, transposer les tons et parvenir ainsi à la musique qui fait du cri jaillir un chant. »
Ce livre nourri de l’observation quotidienne nous introduit dans un monde qui n’est pas sans rappeler celui des humains. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nous avons placé la fête de la saint Valentin à cette période de l’année quand la nature s’éveille. Le livre se termine par le journal de guerre qu’a tenu Delamain de 1915 à 1918. Il y note au 9 mai 1915 avec satisfaction que la violente détonation de l’aube n’a pas eu d’effet sur le chant matinal. S’il décrit longuement le 10 août 1918, à l’inverse le 11 novembre n’est nullement évoqué.
Ce livre écrit il y a 80 ans n’est-il pas celui d’un monde disparu ? J’entends de moins en moins souvent le Rossignol. Serait-il chassé de nos campagnes sub urbaines ? Et que dire de ceux qui traversent les haies vives, se promènent dans les prairies en pente douce, sautent les ruisseaux qui murmurent ou découvrent des futaies profondes un MP3 aux oreilles qui les isolent et les enferment dans une surdité technologique. « Un chant d’oiseau surprend la branche du matin » écrit René Char. Qu’il surprenne aussi le promeneur.
Les éditions
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Pourquoi les oiseaux chantent
de Delamain, Jacques Frébourg, Olivier (Préfacier)
Éditions des Équateurs
ISBN : 9782849901243 ; 12,00 € ; 31/03/2011 ; 204 p. ; Poche
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