Le moine et le philosophe - Un père et son fils débattent du sens de la vie de Jean-François Revel, Matthieu Ricard

Le moine et le philosophe - Un père et son fils débattent du sens de la vie de Jean-François Revel, Matthieu Ricard

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Béatrice, le 2 juin 2011 (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans)
La note : 3 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 813ème position).
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Trêve de bavardage

Agacée par l’inanité du propos de JF Revel, j’ai arrêté ma lecture en page 250, un tiers avant la fin. Sous forme d’un dialogue dont les protagonistes sont Revel et Ricard, le texte propose un éclairage sur le bouddhisme et met en parallèle deux sagesses, l’orientale et l’occidentale. Ricard évoque son parcours : après avoir débuté comme scientifique, il opère une rupture radicale et part au Tibet. Il pratique le bouddhisme auprès de ses maîtres spirituels.

Quelques repères : le bouddhisme est-il une philosophie ou une religion ? Qu’est ce que la réincarnation ? Pourquoi le bouddhisme s’éloigne du « moi », cette forteresse égoïste que nous chérissons ?
JF Revel et Mathieu Ricard : père athée et fils bouddhiste pratiquant ; négation du père – une hypothèse qui se dégage éventuellement en lisant entre les lignes.
S’il avait été réduit à cent pages, le texte aurait fait un bon ouvrage de vulgarisation. Mais l’éditeur avait sans doute imposé 400 pages. Résultat : bavard et souvent hors sujet.

Voilà un des passages qui m’a rebutée :
« Ceux qui ont été de gauche pendant très longtemps, n’ayant plus de doctrine cohérente de transformation de la société, s’emparent de l’humanitaire et de l’écologie pour continuer à tyranniser leur semblables ».

Un autre point faible à mes yeux :
La vision simplificatrice de la philo et de son rôle à partir du XVIIIe siècle. En gros, Revel dit qu’un volet de la philo s’est déplacé sur le terrain politique, c’est la recherche de la justice et de la sagesse. D’après lui, il n y a plus de recherche personnelle de la sagesse, elle a été remplacée par une morale collective. Pas d’accord ! (p 256) Comme cette piste était vouée à l’échec, Revel prétend : « d’où le regain de curiosité pour les doctrines de sagesse qui, comme le bouddhisme, parlent de l’homme et de la compassion. »

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Cartésianisme ou Spiritualisme ? !

8 étoiles

Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 20 août 2020

Jean-François Revel, l’Académicien (le père), et Matthieu Ricard le Moine Bouddhiste (le fils), décidèrent en 1996 d’échanger leurs points de vue sur l’existence, dans l’isolement d’une montagne du Népal.

Le père philosophe, écrivain est agnostique. Le fils, après avoir abandonné sa très prometteuse carrière en tant que Chercheur à l’Institut Pasteur, consacre totalement son existence au Bouddhisme, depuis le début des années 70.
Dans ce passionnant échange, le père pragmatique, cartésien et le fils spiritualiste confrontent sans complaisances mais de manière respectueuse, leurs différentes « philosophies » de l’existence.

A la fin des années 60, Mathieu Ricard fut donc séduit par le Tibet et ses grands Maîtres spirituels Tibétains.
Et c’est notamment la rencontre avec son premier Maître Kangyour Rinpotché, qui l’a définitivement décidé à changer radicalement de vie.

De plus, il a été profondément marqué par la persécution endurée par le Peuple Tibétain.
A cette époque, le Tibet était en train de subir les monstrueuses invasions et répressions Chinoises du Totalitarisme Communiste de Mao, engendrant le gigantesque Génocide Tibétain.
En effet, à partir de 1959, une foultitude de Tibétains ont été emprisonnés, parqués, déportés en camps de travail, torturés, affamés…
Et presque la totalité des monastères, soit 6150, furent détruits.
Le terrible bilan humain s’élève à : 1 000 000 d’innocents Tibétains exterminés, soit 1 habitant sur 5 !

Depuis cette période, le Dalaï-Lama, le Gouvernement Tibétain ainsi que plus de 130 000 réfugiés sont, à ce jour, toujours en exil en Inde dans l’Himalaya.

Puis, ces deux intellectuels argumentent sur le fait que le Bouddhisme relève plutôt de la philosophie, ou plutôt de la religion.

Ensuite, Matthieu Ricard présente à son père les principales questions que se pose le Bouddhisme, pages 49 et 50 :

« Le bouddhisme analyse et démonte les mécanismes du bonheur et de la souffrance. D’où provient la souffrance ? Quelles en sont les causes ? Comment y remédier ? Peu à peu, à la fois par l’analyse et la contemplation, le bouddhisme remonte aux causes profondes de la souffrance. C’est une recherche qui intéresse tout être humain, qu’il soit bouddhiste ou non ».

Puis également, pages 31 et 32 :

« Mais la science « majeure », c’est la connaissance de soi et de la réalité, la question essentielle étant : « Quelle est la nature du monde phénoménal, de la pensée ? » et, sur un plan pratique : « Quelles sont les clefs du bonheur et de la souffrance ? D’où provient la souffrance ? Qu’est-ce que l’ignorance ? Qu’est-ce que la réalisation spirituelle ? Qu’est-ce que la perfection ? » C’est-ce genre de découvertes que l’on peut appeler connaissance (…). La souffrance est le résultat de l’ignorance. C’est donc l’ignorance qu’il faut dissiper. Et l’ignorance, en essence, c’est l’attachement au « moi » et à la solidité des phénomènes ».

Voici quelques exemples d’origines de la souffrance pour le bouddhisme, pages 50 et 51 :

« En première analyse, le bouddhisme conclut que la souffrance naît du désir, de l’attachement, de la haine, de l’orgueil, de la jalousie, du manque de discernement et de tous les facteurs mentaux que l’on appelle « négatifs » ou « obscurcissants » parce qu’ils troublent l’esprit et le plongent dans un état de confusion et d’insécurité ».

Pour Jean-François Revel il n’est pas nécessaire d’appartenir à une religion ou à une organisation de la « Pensée » quelle qu’elle soit, pour apprendre à réfléchir par soi-même, approfondir la découverte de son « moi », afin de mieux connaître les autres.
Pour lui, les préceptes de : prières, de réincarnations, etc., sont de totales abstractions inutiles.

Matthieu Ricard, lui, nous explique les terminologies les plus connues dans le Bouddhisme, comme : l’Eveil, le karma, le samsara, le nirvana, le mandala, le Petit Véhicule (ou Théravada), le Grand Véhicule, le troisième Véhicule (adamantin ou Vajrayana), la « voie du milieu », etc.
Puis, il expose également les différentes positions tenues par le Dalaï-Lama, sur des sujets de société, tels que : la peine de mort, l’avortement, la contraception, l’euthanasie, le suicide, etc..

La discussion entre ces protagonistes se poursuit sur les notions fondamentales du Bien et surtout…, du Mal. Ce Mal existe-t-il en chaque être humain comme à tendance à le penser Jean-François Revel ; ou provient-il plutôt d’un état de souffrance, théorie de Matthieu Ricard ?

Bref, un dialogue passionnant entre deux intellectuels qui réfléchissent sur la condition humaine. Un Jean-François Revel plutôt pessimiste sur cette nature humaine, pour laquelle qui plus est, il n’existe point de salut, de possibilité de rédemption, après la mort.
Matthieu Ricard est « philosophiquement » optimiste, car pour lui, non seulement, il est possible pour l’être humain de progresser tout au long de son existence vers le Bien et le bonheur altruistes, mais en plus, de nombreuses possibilités de « rattrapages » s’ouvrent à lui, au travers de ses multiples futures réincarnations de l’esprit, après la mort du corps.

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants, de Jean-François Revel :
– Le Regain démocratique ;
– La Grande Parade. Essai sur la survie de l’utopie socialiste.

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