Une société sans école de Ivan Illich
(Deschooling society)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Apprentissage obligatoire : oxymore ?
"Les Grecs de l'époque classique et patriarcale possédaient une tournure d'esprit morale. Ils construisirent une société fondée sur la raison et l'autorité. Ils conçurent et élevèrent des institutions qui leur permettraient, pensaient-ils, de tenir en respect les maux répandus sur la terre. Ils découvraient qu'ils avaient le pouvoir de façonner le monde et de le domestiquer pour satisfaire à leurs besoins et à leurs désirs. Et sur ce qu'ils étaient capables de bâtir et de créer de leurs mains, ils voulurent modeler leurs besoins et les futures demandes de leurs descendants.
Chez les Grecs l'homme véritable se définit comme l'excellent citoyen qui, par la paideia, s'est soumis aux institutions élevées par les ancêtres. "
"L'homme contemporain veut aller plus loin : il s'efforce de créer le monde entier à son image. Il construit, planifie son environnement, puis il découvre que pour y parvenir il lui faut se refaire constamment, afin de s'insérer dans sa propre création."
Comme ces extraits le laissent entrevoir, cet essai d'Illich, au répercussions tentaculaires, s'enfonce bien plus avant que ce que son titre, déjà audacieux, le suggère.
En 1970 déjà, le gouvernement américain injectait dans l'enseignement une part sans cesse plus importante de son P.I.B. Or, les résultats qui s'ensuivirent furent pire encore que les précédents. Le problème de l'éducation ne tient pas dans les moyens qu'on lui fourni, mais dans sa conception même.
L'école, à son insu, est la porte d'entrée vers un monde aliéné, construit par l'homme, mais qui pourtant lui échappe. Elle est la condition d'insertion dans ce monde anti-naturel, où sans formation préalable, il est impossible de vivre. À l'image de ce monde, fondé sur la rareté, elle place la valeur du savoir dans sa rareté. Dans un tel schéma, le savoir est jalousement gardé par ceux qui le possèdent. La création se retrouve alors entachée de cette conception, et une technologie nouvelle ne devient intéressante que si elle ne peut être reproduite et réparée que par ses concepteurs.
Le démantèlement de l'enseignement suppose donc une conception antinomique de notre rapport à notre environnement : Une nouvelle technologie se devra d'être transparente, solide, et réparable.
"Je connais une zone côtière de l'Amérique du Sud où la plupart des habitants ne survivent que par la pêche. Ils disposent de petites embarcations et l'introduction du moteur auxiliaire a représenté pour eux une véritable révolution, aux conséquences parfois dramatiques. Dans le secteur que j'ai étudié, la moité des moteurs achetés entre 45 et 50 fonctionnait encore grâce à un entretien constant ; au contraire, ceux achetés en 64 ne marchaient plus parce qu'ils n'avaient pas été conçus pour être réparés. Le progrès technologique fournit à la majorité des êtres humains des instruments inutiles, trop coûteux, tout en les privant d'outils plus simples dont ils ont besoin. "
L'environnement est notre éducation.
La curiosité naturelle qu'il suscite est donc l'énergie qu'il faut exploiter pour édifier notre société.
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L'expression de la pensée d'Illich est confuse et répétitive. Certains passages s'enlisent dans une série d'interminables conséquences qu'il est inutile de confiner dans un si petit espace.
La critique d'Illich est radicale. Elle est juste. Les méthodes qu'il propose afin de replacer l'éducation dans son cadre originelle sont elles, plus discutables. Il suggère la mise en place de trois services.
1)Chargé de mettre à la disposition du public les objets éducatifs : visite d'usine, d'atelier, de ferme.
2)Service d'échange de connaissance, en vue duquel chacun bénéficierait de "bons" à la naissance. Il serait possible d'en obtenir plus en enseignant les connaissances soi-même.
3)Un organisme qui faciliterait les rencontres entre personnes ayant les mêmes ambitions en matière d'éducation.
Les critiques que l'on pourrait formuler à l'encontre de cette organisation nouvelle sont multiples, et je ne m'y attarderai pas, car un tel système souffre d'un défaut de conceptualisation, son essence même nous étant par trop étrangère. Ce que ce livre a de transcendant, c'est qu'il arrive à retracer l'origine perverse, pourtant farouchement dissimulée, de ce malaise universel, de cette sensation d'impuissance totale, que l'homme pauvre comme riche, du nord comme du sud, ressent confusément, mais si intensément.
Les éditions
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Une Société sans école [Texte imprimé] Ivan Illich traduit de l'anglais par Gérard Durand
de Illich, Ivan Durand, Gérard-Henri (Autre)
Seuil / Points (Paris).
ISBN : 9782020055512 ; 17,77 € ; 25/03/2003 ; 219 p. ; Poche
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Tous moches ces profs
Critique de Nabu (Paris, Inscrit le 26 février 2005, 38 ans) - 1 mars 2012
Autant le dire tout de suite, l’auteur a le ton de discours, soit d’un adolescent anarchiste révolutionnaire qui dit « il faudraait faire çaaaa, le reste c’est maaal voyyeezzz ? » soit d’un patron éloigné des réalités du terrain qui voit un truc cool et dit derrière qu’il faut le faire parce que c’est cool voyez ?
En fait, le propos d’Ivan Illich est de détruire le système scolaire actuel qui est en réalité une entreprise à former les futurs consommateurs de la société capitaliste. Donc, le plan, on dynamite le système scolaire pour renverser la société. Et bam.
Pour remplacer ça, il propose de donner des crédits de formation aux gens qu’ils utilisent quand ils veulent, comme ils veulent, à n’importe quel moment de leur vie.
Ah oui, il propose aussi que les gens se rencontrent dans des cafés pour discuter du sujet qu’ils veulent, ils vont apprendre comme ça.
Hem..
Vous inquiétez pas, il dit plein d’autres grosses conneries aussi. Genre dès le début, histoire de bien se décrédibiliser, « Le système de santé qui protège tout le monde, c’est pas bien, je trouve ça caca parce que les gens ils sont trop assistés » (Bon il dit pas ça exactement, mais c’est l’esprit).
Vous devez savoir également que tout au long de son discours, il va avancer un tas de faits, sans jamais avancer une seule source « Les désertions se multiplient », « Les profs, c’est des cons », « les enseignements sont pas efficaces », « quelle bande de sales cons ces profs » (Oui, je me répète mais c’est rien par rapport à lui).
Ce qui nous amène à l’autre point gonflant, il va critiquer les professeurs pendant touuuuuuuut le récit. Trop chiant. Je suis pas particulièrement un partisan des professeurs mais là, c’est stupide.
Je finis sur les points gonflants : il critique la compétition « bouhouhou, c’est pas bien la compétition, le sport de compétition, c’est pas joli joli, c’est mauvais esprit et pas très très gentil » et il fait des plans trop nuls. Batman s’en retournerait dans sa tombe. « Ok, super simple les gars, on fait ça, ça et ça et pof, nickel le nouveau système éducatif ok ? Regardez ça tient sur un post-it, à se demander pourquoi personne n’y a pensé avant. »
Parce que tes idées sont nulles mon gars !
Nous finirons cette note sur les points positifs. Premièrement, il n’a pas tort quand il dit qu’ il est l’une des seules voix à se positionner pour une refonte aussi radicale du système éducatif. c’est beaucoup remis en cause mais de manière interne sans jamais penser à un développement de l’individu sans système scolaire du tout.
Ensuite, je trouve sa réflexion très juste sur le fait qu’il y ait des diplômes « bons » et d’autres « pas bons » et qu’on pousse tout le monde vers les diplômes « bons ». Il n’y a qu’à voir à l’heure actuelle avec la filière S puis les écoles d’ingénieur ou de commerce.
Bref, ne vous attardez pas dessus. C’est une lecture très pénible qui n’apporte pas grand-chose à mon sens, à la réflexion sur le système éducatif. Faut savoir que ça date de 1971 en plus, donc il avait pas mal de chances à la base d’être un peu décalé. Avec son discours, il rend son livre carrément mauvais.
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