Le petit Poucet de Hélène Beney (Scénario), Richard Di Martino (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Shelton, le 31 mai 2011 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 9 étoiles
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Ah !!!! Vous connaissez déjà ?

On croit facilement deux choses quand on parle « conte pour enfant » et bande dessinée : d’une part rien de nouveau ne peut plus venir nous surprendre des contes classiques et, d’autre part, une bande dessinée est un livre sans importance destiné aux enfants qui ne savent pas bien lire (entendez, qui ont la flemme de lire seuls !). C’est bien pour cela que cette collection, Pouss’ de Bamboo, présente un intérêt majeur, puisqu’elle va venir détruire, que dis-je, pulvériser ces deux partis pris montrant de façon certaine que les contes classiques – Perrault, Grimm ou Andersen, pour ne parler que des auteurs les plus connus – sont à redécouvrir à chaque instant de nos vies et que la bande dessinée est un art majeur et responsable qui nous ouvre à l’art, l’humanité, la vie et la philosophie, tout simplement !

La collection Pouss’ de Bamboo est basée sur un concept simple : on prend une histoire connue, un conte classique que les parents croient connaître par cœur, on l’adapte en bande dessinée, sans aucun texte, et on complète le tout avec un mini atelier pour apprendre à dessiner certains personnages et le texte du conte lui-même, pour ceux qui auraient oublié de savoir lire les images…

Pourquoi suis-je assez fou pour parler de philosophie, d’humanisme, de sagesse, de lecture pour adultes, aussi ? Tout simplement parce que le dessin pousse les auteurs de cette série à aller à l’essentiel, à ne pas utiliser des mots complexes et livrer, de façon graphique l’essentiel du conte qui était déjà, souvenons-nous en, imbibé de profondeur humaine…

Voilà donc dans quel contexte Richard Di Martino nous raconte la fameuse histoire du Petit Poucet… je sais, vous la connaissez bien ! Pourtant, par expérience, je peux vous certifier qu’elle n’est pas la plus connue. Chaque année je montre quelques illustrations signées Gustave Doré de ce conte et c’est la grande surprise. Tout le monde connaît bien le début : une famille d’un pauvre bûcheron, des enfants trop nombreux pour être nourris, des parents qui préfèrent abandonner leurs sept garçons dans la forêt plutôt que de les voir mourir de faim… Un des garçons, le plus petit, malin comme un singe, qui sème ses cailloux blancs et ramène tout le monde à la maison pour la plus grande joie des parents… Et après ?

Oui, je sais, tout commence à se mélanger, les cailloux qui deviennent du pain, les oiseaux qui mangent le pain, à moins que les miettes de pain tombent dans la neige, les enfants perdus dans la forêt et une maison accueillante, celle d’une sorcière… A moins que ce ne soit une ogresse ou la femme d’un ogre… Un ogre stupide qui décide sous l’envie de manger de dévorer des enfants et qui se trompe bêtement en avalant ses filles au lieu de manger les garçons réfugiés… Oui, je sais, j’ai oublié de dire que le Petit Poucet, toujours lui, avait eu la bonne idée de faire l’échange des tenues entre garçons et filles…

Allez, je ne vais pas vous dire comment se termine le conte, vous prendrez bien le temps de le découvrir par vous-même dans l’une des deux versions offertes. Je me suis juste posé quelques questions. Pourquoi des parents abandonnent-ils leurs enfants ? La question n’est pas si abstraite puisque cela arrive bien régulièrement. Pourquoi l’auteur du conte imagine-t-il que l’astuce du Petit Poucet, qui entraîne quand même la mort de sept filles innocentes, puisse avoir comme conséquence l’enrichissement de la famille du bûcheron ? L’argent tomberait-il par hasard sur les uns ou les autres ? En fonction de quel critère ? Enfin, raconter une telle histoire aux enfants c’est leur révéler, de façon explicite, que notre monde est cruel, que les adultes sont parfois dangereux et irresponsables, que le bonheur peut-être gagné au détriment d’autrui ! Quand je vous disais que ce conte était plus important que les apparences données…

Oui, je sais ce n’était qu’un conte, en bédé de surcroît, mais cela m’a fait passer un bon moment et je ne peux que vous conseiller de découvrir les contes classiques avec cette très bonne collection… La narration graphique de richard Di Martino est simple, efficace et certaines bulles ressemblent à des rébus ce qui n’est pas sans provoquer de bonnes rigolades… Ces contes classiques méritaient bien un bon dépoussiérage, bravo et merci !

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  Les contes nous parlent-ils encore ? 21 Shelton 1 juin 2011 @ 18:07

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