188 contes à régler de Jacques Sternberg
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Quel humour froid !
Pour compléter la présentation de STERNBERG, je voudrais vous proposer la lecture de ces 188 contes.
Chaque page est un régal et, comme le critiqueur Kinbote, j'apprécie particulièrement les contes les plus brefs. Ils contiennent un condensé de force et de dérision, d'auto-dérision peut-être. En fait, l'auteur voit la "vie" sous un autre angle que nous.
A titre d'exemple (extrait de la page 340), voici :
"Le vainqueur.
Aux jeux Olympiques de 2016, on disqualifia l'athlète qui gagna le marathon avec plus d'une heure d'avance sur celui qui le suivait. Il y avait plusieurs années déjà que le vainqueur vivait avec un coeur artificiel."
Il utilise aussi des techniques déconcertantes ; ainsi il écrit "Les vangiles" en lieu et place de Les Evangiles. Immédiatement il parvient ainsi à accrocher le lecteur...
Enfin, découvrez le !
Les éditions
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188 contes à régler [Texte imprimé] Jacques Sternberg ill. de Roland Topor
de Sternberg, Jacques Topor, Roland (Illustrateur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070404162 ; 9,20 € ; 24/03/1998 ; 377 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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DES COURTES NOUVELLES COMME VOUS N’EN AVEZ JAMAIS LUES!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 1 mai 2018
En 2088, au cours d’une importante vente aux enchères, un réfrigérateur Bosch modèle 1985, dit rarissime, fut adjugé à une multinationale belge pour la somme de 7 millions de dollars.
Inutile d’en douter, on avait dû le prendre pour une œuvre du génial Jérôme Bosch.
Composé de très courtes nouvelles (la plus courte fait une ligne, la plus longue 5 pages), qui «flirtent» tout le temps sur la ligne très floue qui sépare le monde réel et la science-fiction (et oui il y a des voyages dans l’espace !...) ou encore le fantastique, «188 contes à régler» du génial auteur belge, se distingue surtout par son écriture très originale.
De par son efficacité et sa «densité» tout d’abord puisque en quelques lignes, servant parfois d’introduction d’ailleurs, Jacques STERNBERG arrive à nous plonger totalement dans son histoire et à nous faire partager la psychologie de ses personnages.
De par son style ensuite, tout en nuances, toujours à la limite de l’agressif, de «l’acide», du caustique et j’ose le dire du subversif!
La religion p. ex. n’est pas épargnée…
«La perte»
Il était une fois un Dieu qui avait perdu la foi.
Mais le thème récurrent principal reste la stupidité pour ne pas dire la «connerie» humaine! Et là bien sûr le thème est sans limites…
«Les clichés»
D’après les estimations, 250 000 japonais eurent le temps et l’idée de prendre un cliché de l’explosion atomique qui devait les tuer et raser Tokyo à la fin de la guerre sino-japonaise de 2014.
Certaines nouvelles ont des thèmes très «communs» simples, pour ne pas dire simplistes, mais jamais communs et il faut parfois le dire littéralement «prémonitoires» (rappelons que ce livre date de 1988):
«Le droit»
Alors, trouver un emploi, même minable, devint si difficile que tous les salariés durent obligatoirement payer un droit d’entrée au bureau, fixé à 20 francs par jours pour les modestes employés et à 150 francs pour les chefs de service importants.
C’est facile à lire, très prenant et on rit beaucoup, parfois jaune il faut le dire. Mais on se surprend à tourner les pages sans même s’en apercevoir, et à toujours vouloir lire la nouvelle suivante.
«La dissension»
Leurs légendaires malentendus et leurs ressentiments n’avaient fait que s’amplifier, mais la panique gagne vraiment le monde des hommes quand ils apprirent que les femmes avaient la bombe atomique.
Il est vraiment dommage que le belge Jacques STERNBERG (1923-2006) ne soit pas plus connu du grand public, parce que franchement il le mérite! Ce livre est vraiment idéal pour partir à la découverte de son écriture, je le recommande donc à tous!
Une nouvelle, un peu plus longue, parmi tant d’autres :
«La bille»
C’est avec un enthousiasme affairiste que cette importante multinationale de la métallurgie avait acheté à prix d’or une planète lointaine qui n’était qu’une énorme bille de métal. Lisse et vierge de tout autre détail. Du métal, donc de la matière première, à perte de vue.
L’enthousiasme tomba cependant de plusieurs degrés quand on comprit qu’il paraissait impossible d’entamer le sol luisant de ce monde de métal. Les foreuses se rendirent ridicules et volèrent en éclats. On employa ensuite les grands moyens, le marteaux pilons les plus puissants, des chalumeaux géants, des seringues faites pour injecter des acides corrosifs, des canons de l’armée capables de trouer n’importe quel blindage. On en vint à larguer une bombe qui aurait pu pulvériser plusieurs blockhaus superposés. Rien n’y fit. On n’arriva même pas à creuser un trou dans cette masse compacte, on ne fit même pas une légère éraflure sur ce sol dont l’éclat brillant paraissait un glacial défi. Qu’on se résigna à ne pas relever.
Sur Terre, la société était sur le point de déposer son bilan ; le coût colossal de cette aventure galactique risquait de l’entraîner dans une faillite sans fond.
Un quart d’heure avant de s’embarquer dans la dernière fusée à destination de la Terre, un ouvrier qui n’avait plus soif, déversa sur le sol immaculé le contenu de son verre de bière. Au milieu d’un nuage de fumée ocre, il vit se former un véritable petit cratère dans le métal qui, au contact de ce liquide tellement anodin, fondait comme du beurre.
L’homme éclata de rire, haussa les épaules et ne signala le fait à personne. Cette planète ne lui disait rien, il y faisait trop chaud, et l’avenir de l’entreprise le laissait froid.
L'art du conte-goutte
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 13 mai 2002
"Au commencement, il y eut cette assourdissante déflagration dans les ténèbres de l'espace qu'on appela le big bang. Dieu, dans un éclair prémonitoire d'aveuglante lucidité, avait compris qu'en déclenchant la vie, cette aventure cosmique aboutirait inéluctablement un jour à la naissance d'un humain, et, terrifié par l'absurde de son acte, il s'était fait exploser."
Trop peu connu hélas !
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 12 mai 2002
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