Histoire d'un Allemand de l'Est de Maxim Leo
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La vie en RDA
Maxim Léo, un journaliste Berlinois, avait vingt ans quand le mur de Berlin est tombé. Dans ce récit familial, il écrit l'histoire de sa famille sur trois générations, couvrant la période qui va de 1930 jusqu'à la fin du communisme. Sa famille donne l'impression d'une sorte de RDA en miniature, avec les conflits entre les membres de la famille qui croyaient dur comme fer à l'idéal du parti et les autres, désabusés par rapport au régime.
Le grand père maternel était un juif, exilé en France, et qui deviendra un héros de la résistance. A la fin de la guerre, il embrassera à jamais l'idéal communisme, car il associera toujours les communistes à ceux qui ont libérés l'Allemagne des fascistes. Son autre grand-père, à l'inverse, était un nazi. Prisonnier de guerre, il reviendra en Allemagne de l'est en 1947, et n'aura aucun mal à se couler dans le moule du nouveau idéal communiste. Il est de ces personnes qui peuvent s'adapter à n'importe quel régime et grimper les échelons.
Ce livre donne un point de vue très intéressant sur l'état d'esprit des allemands à la fin de la guerre. Beaucoup des allemands de l'est ont cru dans le parti et espéré l'avènement du monde meilleur promis par le socialisme. Ils étaient aussi obsédés par la lutte contre le fascisme. Mais on a l'impression que le rêve a été de courte durée. Sur trois générations dont on relate l'histoire, seule la plus ancienne gardera une foi indéfectible dans le régime. Les parents de Léo (l'auteur du livre) sont nettement plus critiques et désabusés. Quant à l'auteur, qui avait vingt ans lors de la chute du mur, on se rend compte qu'il était simplement indifférent, il subissait le régime comme un mal nécessaire.
J'ai bien aimé ce livre, spécialement les évocations de la vie quotidienne en RDA : les cours, les camps de vacances, les tracasseries administratives et l'absurdité de la dictature du parti. Mais il manque un petit quelque chose : tout ce qu'il dit est intéressant, mais je n'ai pas trouvé la même humanité que dans le film "Goodbye Lénine" qui traite du même sujet par exemple. Il manque la petite étincelle, pour qu'on s'intéresse vraiment aux personnages. L'écriture est assez journalistique, c'est un récit, pas un roman. Bref, une semi-déception, mais à lire quand même pour celui qui aime les récits auto-biographiques sur cette période.
Les éditions
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Histoire d'un Allemand de l'Est [Texte imprimé] Maxim Leo récit traduit de l'allemand par Olivier Mannoni
de Leo, Maxim Mannoni, Olivier (Traducteur)
Actes Sud / Lettres allemandes (Arles)
ISBN : 9782742792726 ; 23,20 € ; 02/10/2010 ; 301 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Très bien pour découvrir de manière légère la vie en RDA
Critique de Camille601 (, Inscrite le 21 janvier 2013, 35 ans) - 18 février 2014
Rapide à lire, il est idéal pour avoir un bref aperçu de la RDA, à compléter avec d'autres documents pour une connaissance plus approfondie.
Ni représentatif, ni très bien écrit.
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 18 décembre 2013
Je dis lecteur trompé, car il me semblait qu'en lisant ce livre, j'allais un peu mieux comprendre la vie des Berlinois de l'Est, tant cette image d'une ville coupée en deux reste un marqueur déterminant dans l'histoire allemande et européenne.
On trouve dans ce récit bien entendu des éléments de compréhension de cette société disparue, comment ses membres ont dû s'habituer à vivre avec la suspicion d'être sans cesse observés, continuellement espionnés. On vit avec Maxim les derniers soubresauts du régime d'Honecker, avec la crainte d'un ultime raidissement conduisant à une situation "à la Tienanmen.
Voilà ce qui fait la valeur du livre.
Mais le problème est que, finalement, ces aspects du récit ne forment pas l'essentiel du livre. L'auteur nous raconte par le menu l'histoire de sa famille, celle de ses grands-parents plongés dans la deuxième guerre mondiale, des histoires de résistants, de juifs dans l'Allemagne nazie, de résistants juifs dans l'Allemagne nazie... des histoires qu'on peut trouver ailleurs, dans des milliers de livres... ce n'est en tout cas pas pour ça que j'ai entamé la lecture. La vie de Maxim Léo et de sa famille m'importe finalement assez peu... d'autant qu'elle était plutôt dans le camp des oligarques.
Bref, un style parfois pénible, pour un livre qui examine par le détail l'histoire d'une famille pas ordinaire, donc non représentative. On est loin du document sociologique.
GOOD BYE RDA
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 23 mai 2012
Ce n’est pas à proprement parler un récit des vies de ces personnages mais plutôt la description des conséquences de leurs choix sur la vision du monde de Maxima Leo . Un constat s’impose à la lecture de cet ouvrage : le simplisme n’y est jamais présent pour décrire ce que fut vraiment la RDA, prison à grande échelle et régime totalitaire détestable pour les uns, tentative de bâtir une nouvelle société sur les débris du nazisme et rempart contre le fascisme pour les autres.
Beaucoup d’interrogations sont décrites avec une grande justesse, parmi lesquelles la conception de l’engagement politique d’Anne, mère de Leo : « Pour Anne, le parti est plus qu’une organisation, il est plus que les hommes et les femmes qui le composent. (…) Cette foi dans le grand Tout, dans la ‘cause’, comme on dit chez elle, sera sa consolation plus tard, lorsqu’il lui arrivera d’être désespérée par le quotidien banal de la RDA. »
La justification ultime du militantisme communiste est elle aussi très bien résumée : « Son père faisait la même chose lorsqu’il ne savait plus quoi faire, lorsque l’absurdité qu’il défendait dépassait les limites. « J’ai risqué ma vie pour ça », telle était la phrase qui faisait taire Anne lorsqu’elle était dans sa famille. » Etait-ce une illusion, une réassurance contre le passé nazi de l’Allemagne ? La réponse de Maxim Leo concernant ses deux grands-pères ne laisse guère prise au doute : « La RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier ce qui les avait accablés jusque-là . Nouvelle foi contre ancienne souffrance : tel était le pacte fondateur de la RDA. Ils n’ont jamais pu voir le grand mensonge qu’était ce grand rêve-parce que leurs propres mensonges existentiels auraient été alors révélés. »
Ce livre est aussi une évocation du caractère exceptionnel des destins des membres de la famille de Maxim Leo . Il permet de comprendre, à défaut d’admettre, ce que furent les origines de la société est-allemande. Il dit vrai, ne blesse personne, c’est un récit décisif pour comprendre l’histoire de l’Allemagne réunifiée.
la page 199
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 29 décembre 2011
Dans la catégorie Romans et Récits, c’est le journaliste allemand Maxime Leo qui a été récompensé pour Histoire d’un Allemand de l’Est (Ed. Actes Sud) un récit autobiographique dressant un portrait sans concession de la vie quotidienne en RDA.
Son grand-père fut résistant en France puis a contribué à la fondation de la RDA. Sa mère a cru à l'avenir du jeune État communiste, tandis que son père rêvait déjà de le voir disparaître. M. Leo avait vingt ans lors de la chute du mur. Il raconte sa famille et livre un portrait de l'Allemagne de l'Est au plus proche de la réalité vécue par ses habitants.
TOUT LE DRAME DE LA RDA EST CRISTALLISE DANS LA PAGE 199 DU "ROMAN" :
« Je crois que pour mes deux grands-pères la RDA était une sorte de pays de rêve où ils ont pu oublier tout ce qui les avait accablés jusque là. C’était un nouveau départ, une chance de recommencer depuis le début. La persécution, la guerre, la captivité, toutes ces choses effroyables que Gehrard et Werner ont vécues, pouvaient être enterrées sous le gigantesque tumulus du passé. Désormais, seul l’avenir comptait. Et là le cauchemar s’est transformé en rêve. L’idée de construire un état anti-fasciste était un baume pour ces deux hommes. Gehrard pouvait se laisser bercer par l’illusion que les citoyens de la RDA n’avaient rien à voir avec ceux qui jadis avaient chassé sa famille du pays. Quant à Werner, il pouvait faire comme s’il avait toujours cru au socialisme. Toutes les blessures, toutes les erreurs étaient oubliées et pardonnées lorsqu’on était prêt à devenir un rouge dans cette société.
Nouvelle foi contre ancienne souffrance : tel était le pacte fondateur de la RDA. /… / Ils n’ont jamais pu voir le grand mensonge qu’était ce grand rêve - parce que leurs propres mensonges existentiels auraient alors été révélés. Et leurs enfants ? Projetés dans l’univers onirique de leurs pères, ils ont dû partager leurs rêves, qu’ils l’aient ou non voulu. Ils ne connaissaient pas le pacte originel. Et comme ils n’avaient rien à surmonter ni à dissimuler, la foi leur pesait lourd. Ils voyaient la pauvreté, les mensonges, la mesquinerie, la méfiance. … une grande partie de l’euphorie et de l’énergie s’était déjà dissipée à ce moment-là. Et les petits-enfants ? Ils furent heureux lorsque ce fut enfin terminé.»
Aucun maquillage, la vérité nue. Documents, archives, photos reconstituent peu à peu la vérité que cachait un amas de mensonges. Témoignage, ce livre ne juge pas, ne condamne personne, il cherche à comprendre. Comme l’enfant qui cherche à comprendre les divisions à l’intérieur de sa famille.Sa famille vit d'ailleurs une saga comparable à celle deux pays séparés par un mur. Hélas, l’adulte en quête de son passé familial a eu sa jeunesse ravie par une idéologie fallacieuse. Il a vécu protégé par le cocon de ses parents dans un océan de misère Orwellienne. L'idéologie ravageuse, tueuse d'émotion et d'humanité lui a même volé le supplément d’âme qui aurait donné de la vie à ce livre car l’étude est froide et distante. Sauf quand Maxime, lors d’un interrogatoire par la Stasi au moment de la chute du mur, découvre avec horreur qu’il n’arrive pas à la cheville de son grand-père Gehrard et avoue son désarroi. Elan de sincérité, il touche au fond de lui-même. Ce sera l’occasion de tout reconstruire. Ce à quoi le journaliste s’est probablement attelé avec vigueur pour oublier le cauchemar. Ce roman a l’honnêteté de nous livrer du vécu, de l’historique et ne s’embarque pas dans la fiction.
Maxime Leo a suivi des études de journalisme à Berlin et à Paris. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il tient actuellement une rubrique célèbre dans le Berliner Zeitung, la « Page trois », consacrée aux grands reportages. Il vit à Berlin avec sa femme, française, et ses enfants.
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