Une nouvelle économie de la terreur

Le livre a été rédigé en 2004 donc, depuis, la situation du terrorisme international a changé. Certains groupes n’existent plus ou ont changé de nom tandis que d’autres ont évolué. Il faut donc replacer le propos dans le contexte de l’époque car tout évolue tellement vite de nos jours. Loretta Napoleoni est économiste et journaliste. Le texte est donc écrit dans un style journalistique froid et allant à l’essentiel. Madame Napoleoni ne fait pas de morale ni ne tente de convaincre son lecteur de quoi que ce soit. Elle se contente d’informer et elle le fait d’une façon que je qualifie de remarquable. Elle entraîne son lecteur dans un tour du monde palpitant en débutant par le Salvador et en continuant par la Libye, le Nicaragua, le Pérou, l’Irlande, la Jordanie, le Liban, Israël, l’Afghanistan, la Tchétchénie, l’Ouzbékistan, le Pakistan, l’Inde, le Soudan enfin la liste est longue. Ce sont tous les points chauds de la planète qui font l’objet de son propos. Mais c’est avant tout un livre qui traite d’argent, de finance, de revenus de toutes provenances servant à financer les groupes terroristes armés du monde. Car pour faire la guerre, pour s’équiper en armes et munitions, pour payer des soldats, il faut de l’argent, beaucoup d’argent. Donc c’est tout un réseau clandestin qui existe en dehors du système économique traditionnel, un réseau qui pèse très lourd soit plusieurs milliards de dollars. Si ce réseau venait à disparaître du jour au lendemain, les États-Unis entreraient dans une récession terrible. C’est dire l’importance de cet argent circulant frauduleusement de pays en pays et servant à acheter du matériel militaire. Cet argent provient de diverses activités criminelles mais aussi légales. Ben Laden en est un parfait exemple.

L'ouvrage passe en revue tous les aspects de cette économie de la terreur. De la naissance des proto-États en passant par la colonisation financière islamiste, le réseau des mosquées, le jihad moderne et la mondialisation de la nouvelle économie de la terreur. Je crois sincèrement que tout le monde devrait lire ce livre car ce sont des réalités certes terriblement choquantes car elles démontrent toute la cupidité dont l’homme est capable et elles entraînent des injustices incroyables en concentrant tout l’avoir et la richesse entre les mains d’une élite tandis que des populations entières crèvent de faim. Je trouve cela difficile à concevoir et certains passages m’ont carrément révoltée. Cependant, fermer les yeux sur ces réalités répugnantes relève de la lâcheté la plus vile donc il faut creuser et se renseigner le plus possible sur ces malversations de toutes sortes qui grugent notre monde en coupant des populations entières du reste du monde, les privant de tout espoir d’améliorer leur niveau de vie.

Le volume fourmille d’informations dont les sources sont indiquées par le biais de notes de bas de page. Ce sont souvent des entrevues, des articles de journaux et des ouvrages spécialisés qui alimentent l’auteure et lui fournissent la matière de son propos. En fin de volume, nous pouvons consulter un glossaire des termes spécialisés et une liste des principales organisations armées présentes et passées. Un livre à mettre entre toutes les mains ou presque…

« Dans le village global de l’économie internationale, certains pans de la nouvelle économie de la terreur interagissent inévitablement avec les économies des pays occidentaux. Le blanchiment d’argent, les activités légales des organisations armées, l’aide humanitaire ne représentent que quelques-uns des liens qui unissent ces deux systèmes. Leur degré d’interdépendance est étonnamment élevé. L’Occident est le premier consommateur de stupéfiants et le principal vendeur d’armes au monde, ce qui correspond respectivement aux principaux crédit et débit de la balance des paiements des organisations armées. Les institutions financières occidentales recyclent l’essentiel de l’argent généré par l’économie illégale du monde entier, soit environ 1,5 billion de dollars par an. Lorsque j’ai demandé à un économiste britannique reconnu ce qui se produirait si cette liquidité disparaissait brutalement du système, il m’a avoué que les économies occidentales se retrouveraient plongées dans une profonde récession. »

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  Qui finance le terrrorisme international ? [Texte imprimé], IRA, ETA, Al Qaida... les dollars de la terreur Loretta Napoleoni traduit de l'anglais par Sébastien Marty

  de Napoleoni, Loretta Marty, Sébastien (Traducteur)
  Éd. Autrement / Frontières (Paris. 2001)
  ISBN : 9782746705890 ; 3,48 € ; 04/03/2005 ; 358 p. ; Broché

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