Les Olives noires, tome 1 : Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? de Joann Sfar (Scénario), Emmanuel Guibert (Dessin)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers
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Vision savoureuse de la Palestine romaine antique
Il y a deux mille ans, dans la région de Jérusalem, vivait un petit garçon. Je vous vois venir : "ouais, et je parie qu'il mourra à 33 ans entouré de deux larrons crucifiés". Ben justement, non. Ce n'est pas de ce petit garçon-là dont il est question dans "Les Olives noires", mais de Gamaliel, fils du berger Yaacov.
Haut comme trois pommes, curieux comme une pie, déjà marqué par la vie puisqu'il a perdu sa mère, Gamaliel accompagne son père dans la ville sainte, au temple de Salomon (dont ne subsiste plus actuellement que le fameux mur des lamentations). L'enfant, qui redoute les cris des fidèles qui l'avaient traumatisé lors de son dernier pélerinage ("ils ne criaient pas, ils chantaient" lui dit son père ; "ah" répond un Gamaliel peu convaincu), va très vite comprendre qu'il y a des événements bien plus dangereux qui peuvent se passer aux portes du temple...
On savait déjà que les associations de Sfar et Guibert pouvaient être fructueuses, à travers le magnifique "La fille du professeur". Ces deux piliers de la nouvelle vague de la bande dessinée se croisent à nouveau avec bonheur. Le caméléon Guibert (rien ne ressemble moins à un album de Guibert qu'un autre album de Guibert !) adopte un trait clair, avec peu de détails mais beaucoup de talent. Le découpage est d'un classicisme extrême (six cases par planche, toutes du même format), ce qui, curieusement, sert la mise en scène et recentre l'attention du lecteur sur le récit, et non sur ses artifices. Le scénario de Sfar est très réussi. Traitant l'antiquité avec un humour et un langage délibérément contemporains, les dialogues sont assez savoureux ("Dieu, je le déteste. C'est un con.") et les situations oscillent magistralement entre le drame et la drôlerie.
"Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ?" est donc un premier tome très réussi. On ne peut qu'espérer que la boulimie créatrice de Sfar n'entraînera pas d'essoufflement dans les prochains albums, car "Les Olives Noires" peut se révéler être une série marquante. Si Dieu le veut...
Les éditions
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Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? [Texte imprimé] Emmanuel Guibert, Joann Sfar...
de Guibert, Emmanuel (Illustrateur) Sfar, Joann (Scénariste)
Dupuis / Repérages (Marcinelle).
ISBN : 9782800131498 ; 8,26 € ; 06/06/2001 ; 48 p. ; Cartonné
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Déjà que je n’aimais pas le goût des olives noires…
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 11 novembre 2010
Tout d’abord, j’ai assez peu apprécié le dessin, trop minimaliste pour ce type d’histoire. Je ne dénie pas le talent mais on a juste l’impression que Guibert n’a pas eu le temps de peaufiner (des personnages marchant dans le désert sans ombre). Et le trait paraît souvent contrarié pour les visages, qui ne sont guère réalistes dans le mode ligne claire, alors que les corps le sont beaucoup plus… Et puis donc, Joann Sfar, comme ça, il fait le scénariste à ses heures ? Soyons honnête, sérieusement, peut-on parler ici de scénario ? C’est juste décousu, et on a du mal à voir où va l’intrigue, qui n’est qu’un assemblage approximatif de scénettes improbables où Sfar se fait plaisir à lui seul sans penser au lecteur. Je reconnais un certain humour, juif semble-t-il, ainsi qu’une satire bienvenue du fanatisme religieux, mais ça ne suffit pas à faire un récit en plusieurs tomes… Quant au parti pris du gaufrier à six cases, je trouve ça encore une fois déplacé pour un tel projet, de plus, cela confère une certaine monotonie à l’ensemble… Et puis ces titres à rallonge qui ne sont pas des titres… Le tome 1 : « Pourquoi cette nuit est-elle différente des autres ? ». Le tome 3 : « Tu ne mangeras pas le chevreau dans le lait de sa mère »… Et pourquoi pas tant qu'on y est « Neige en novembre, Noël en décembre », ou encore « Reste-t-il un peu de monnaie pour acheter une baguette » ?
Mon impression, c’est que les deux compères ont juste été atteints de « glandouillite » aiguë (en tous cas sur ce coup-là, car j’avoue ne pas vraiment connaître le reste de leur production), à se demander comment ils ont acquis (surtout Sfar en fait) ce statut d’auteurs pseudo-culto-branchés – et d’ailleurs quand je lis que cette histoire n’a jamais été achevée depuis 2003, il me semble que tout est dit… Du coup, j’hésite franchement à découvrir « Le Chat du rabbin » du précité Sfar…
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