J'attendais depuis longtemps ce retour...

Parfois, on garde de sa jeunesse des souvenirs forts et persistants, dont on ne peut pas sortir, dont on ne veut pas se séparer… C’est un peu mon cas avec Daniel Ceppi, auteur d’une bande dessinée sortie en 1977, Le guêpier. C’était une publication à compte d’auteur et c’est seulement l’année suivante que la maison Humanoïdes Associés se met à publier cette histoire qui commence et qu’aujourd’hui on appelle tout simplement Stéphane Clément, chroniques d’un voyageur. Depuis le temps a passé et voilà que je découvre que les voyages et aventures de Stéphane Clément continuent dans un douzième album, « L’Engrenage Turkmène »… Quel bonheur de replonger ainsi dans mon adolescence !
Daniel Ceppi est un véritable auteur. Il raconte des histoires mais il parle de la vie, de l’homme, des grands sujets existentiels et des préoccupations humaines. Il s’adresse à tous et sans jouer au moralisateur, ce qu’il n’est pas du tout, il nous pousse à participer à l’évolution du monde. Il veut que nous changions nos regards, nos omissions, nos lâchetés, à défaut de devenir acteurs.

Acteurs, certains de ses personnages le sont puisque dans ce nouvel album on trouve Annick et Téri membre d’une association humanitaire. Mais, ce n’est pas toujours pour louer les grandeurs et bienfaits des ONG que Ceppi nous les fait croiser. En effet, agir est bien, mais il faudrait, surtout, être à l’écoute des populations, ne pas faire passer ses sentiments personnels et intimes avant d’œuvrer pour améliorer la vie quotidienne des populations…

Comme souvent dans cette série, Stéphane se retrouve en difficulté pour des raisons qui le dépassent complètement. On trouve dans cette histoire un je-ne-sais-quoi de fataliste, comme c’était le cas dans le premier album, Le guêpier, en 1977. C’est un peu comme si Daniel Ceppi cherchait à nous faire comprendre que vivre c’est aussi accepter l’imprévu, y faire face tout en restant humain…

Au-delà de l’histoire qui nous montre des personnages plus ou moins sympathiques – Annick la jalouse cynique, Téri le profiteur inconscient, Stéphane le voyageur attentif… – cet album est aussi un reportage bédé sur la vie dans ces pays d’Asie Centrale que nous ne connaissons que fort peu. Achkhabad sonne comme une formule magique qui nous porte au loin mais je crois que nous aurions bien été en difficulté pour situer la ville, parler de sa vie quotidienne et son régime politique. Maintenant, après lecture de l’album, nous avons quelques images et quelques notions qui se sont installées… Une bédé qui rend moins bête, quoi !

Enfin, une grande satisfaction pour le lecteur : nous ne sommes pas en présence du dernier album des chroniques de la vie quotidienne de Stéphane Clément. Oui, la fin laisse notre héros dans une telle situation critique que nous savons que l’auteur va revenir pour nous conter la suite… Quel soulagement !

La narration graphique de Ceppi est toujours aussi limpide, efficace et agréable à lire, voir et écouter… Son dessin s’affine encore, est de plus en plus précis. Les paysages sont de plus en plus détaillés, les visages en gros plan plus humains et réalistes, bref, c’est de mieux en mieux… et je m’en réjouis !!!

Une série à lire, relire, découvrir y compris pour les petits jeunes qui découvriront ainsi que les années soixante-dix ont été belles, réjouissantes et ouvertes sur le monde… Enfin, je crois me souvenir…

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  L'engrenage turkmène [Texte imprimé] textes & dessins de Daniel Ceppi

  de Ceppi, Daniel (Scénariste)
  le Lombard
  ISBN : 9782803626618 ; 14,75 € ; 26/11/2010 ; 54 p. ; Cartonné

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