De la cave au Carnegie Hall

Voila comment ça se passe : tu vas chez ton fournisseur habituel de nourritures spirituelles, tu montes directement au troisième étage vu que tu n’as prévu de n’acheter que des bouquins (et tu t’y tiens en plus, c’est rare !), tu prends les deux derniers volumes d’une série en cours, tu embrayes à gauche au bout du rayon pour aller récupérer le dernier Naruto et, évidemment, tu tombes sur un truc auquel tu ne pensais pas. Et tu repars avec. Heureusement, l’écart n’a été de que de 9,90€…
C’est la couverture qui m’a accroché le regard. Noire. Forcément noire… Avec un simple petit dessin jaune, un type en train de se faire électrocuter. Le genre de symbole que tu trouves sur les locaux techniques EDF et que tu ne remarques pas quand tu as les flics au cul.
Plus bas, un bandeau : Les lieux du rock. Allez savoir comment, j’ai attendu jusqu’au lendemain pour commencer la lecture. En même temps, j’étais plongé à mort dans la vie de Keith Richards… Bref, un retour du boulot suffit pour lire ce court recueil, 71 pages, paru comme ses deux ainés, chez Tana. L’auteur, pages impaires, Matthieu Rémy, maître de conférences en littérature, culture et communication. Autant dire que c’est du sérieux… Le dessinateur, pages paires : Charles Berbérian. Je connais mais j’ai toujours eu du mal à accrocher son style.
Le cahier des charges imposé par le premier bouquin de la série, Etre Rock, poursuivi par Les Enfer du rock, est respecté. Une page pour chacun et le rock pour tous. Sauf que cette fois, pas de maximes définitives, de citations magiques, pas de rétrospective couillue sur les rapports sur rock et de la mort mais une sorte de petit essai sur les lieux où le rock aime à brancher la guitare.
L’introduction est claire, il ne s’agit pas répertorier les lieux mythiques du rock, d’établir une carte précise, normée des endroits que la légende garde au chaud mais plutôt d’établir une topographie, une portrait robot de the place to rock and to roll. Bien sûr, il y a le studio mais avant d’enregistrer, il a fallu trouver le premier local, cave parentale, salle des fêtes, garage... Et avant ça, il a bien fallu se fournir en matériel et encore avant, il a fallu s’ouvrir les oreilles. Le disquaire, la grand maison du bon pote qui veut bien la mettre à disposition quand papa et maman sont absent sans jouer lui-même, le vendeur d’instruments d’occasion, les premiers accords sur une vielle gratte dans sa chambre… tout ça forme un ensemble disparate de lieux du rock, étapes vitales, indispensables, formatrices avant d’envisager de passer à l’étape supérieure. La scène. Le Paradis et l’Enfer du rock !
A elle seule la scène mériterait un livre. Pour Keith Richards, décidemment, la salle idéale est en brique avec un bar au fond. A partir de là, c’est à chacun de s’inventer. Pas de rock sans scène même si la scène n’est qu’un vague amas de planche dans un champ. Les ravers s’en contentent bien ! Sûr que vous serez en route pour la gloire dans le tour bus (un autre lieu magique), vous repenserez à ces pauvres planches branlantes !

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  Les lieux du rock [Texte imprimé] texte de Matthieu Rémy dessins originaux de Charles Berbérian

  de Rémy, Matthieu Berbérian, Charles (Illustrateur)
  Tana éd.
  ISBN : 9782845676121 ; 10,00 € ; 04/11/2010 ; 71 p. ; Broché

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