Lettre ouverte d'un chien à François Mitterrand au nom de la liberté d'aboyer de Jean Montaldo

Lettre ouverte d'un chien à François Mitterrand au nom de la liberté d'aboyer de Jean Montaldo

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Shelton, le 30 août 2010 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 6 étoiles
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Le pamphlet à l'état pur !

Après avoir lu de très nombreux ouvrages sur François Mitterrand, après avoir succombé au charme de Mazarine Pingeot, je voulais revenir à des textes plus polémiques sur les aspects les plus noirs de ces deux septennats qui ont indiscutablement marqué la France. J’ai choisi de le faire en relisant une lettre ouverte que Jean Montaldo avait écrite en 1993 après le discours présidentiel de Nevers, devant le cercueil de Pierre Bérégovoy, le 4 mai 1993…
Deux raisons m’ont poussé dans ce choix. Tout d’abord, j’ai eu l’occasion de rencontrer deux fois l’auteur, Jean Montaldo, un homme qui m’a toujours paru solide dans ses argumentations, perspicace dans sa recherche journalistique, impitoyable avec ses ennemis et presque haineux envers François Mitterrand. Ce dernier sentiment est si fort que lors de notre deuxième rencontre, pour une interview à la radio, j’avais l’impression qu’il se mettait à vomir sa haine avant même de pousser ses arguments qui, pourtant, semblaient solides… Mais il y avait une seconde raison à replonger dans un de ses livres, celui-là en particulier. En effet, plusieurs fois cette année, j’avais entendu parler de la mort de l’ancien Premier ministre de François Mitterrand, à chaque fois avec des suspicions de meurtre, d’abandon par tous ou d’honnêteté fondamentale de l’ancien cheminot et militant socialiste. Je voulais voir si Montaldo, à chaud, avait laissé des traces de ces aspects-là dans sa lettre ouverte…
La lecture de cette lettre ouverte m’a tout d’abord conforté dans le fait que Jean Montaldo est, avant tout, plein de haine. Sa lutte contre François Mitterrand est viscérale. Ce n’est pas la raison ou l’enquête journalistique qui le motive, c’est atteindre l’homme avant tout et rapidement, cruellement et définitivement ! Du coup rien ne peut trouver grâce à ses yeux ! Il voit du complot, de la magouille, de l’organisation-racket partout et, trop, c’est trop ! Je ne nie pas que beaucoup de faits soient véridiques, je suis même certain que c’est bien le cas ! J’affirme que sa méthode, pour être crédible auprès des lecteurs non partisans est mauvaise. Trop de haine semble irrationnelle, manipulatrice, politique et non citoyenne…
Le second point est la certitude d’un clivage incommensurable entre les citoyens et la classe politique française, du moins dans ces années quatre-vingt-dix. Chaque parti – Montaldo parle du parti socialiste mais on sent bien qu’il en est de même pour tous les autres – cherche, de façon prioritaire, un financement pour ses campagnes passées et à venir. Un des hommes politiques qui criera avec Montaldo, Philippe de Villiers, en fera la cruelle expérience : pas de financement, pas de campagne, pas de campagne pas de voix, pas de voix pas d’argent public donc pas d’action politique à venir…
Quand on referme l’ouvrage de Montaldo, on sent comme une lassitude et un épuisement citoyen : non, rien n’a changé depuis ces années. Certes, les lois ont tenté d’organiser un meilleur financement des partis politiques, de rendre les choses plus transparentes, mais les dernières affaires en cours montrent bien que tout cela est poudre aux yeux… les dons occultes, les manipulations économiques, les détournements de fonds existent toujours et frappent à gauche comme à droite…
Ce qui manque à cet ouvrage de circonstances, ce sont des perspectives politiques : comment organiser mieux notre démocratie pour permettre l’expression de tous, le choix libre des citoyens et éviter les tricheries sans nom que nous avons déjà constatées par le passé… Mais, Jean Montaldo est avant tout un journaliste d’investigation à charges, pas un théoricien de la démocratie pratique…
Cet ouvrage est à lire, malgré ses défauts, car il donne le ton d’une époque, pas si lointaine, où le pouvoir socialiste était englué dans des affaires pas très claires… un peu comme l’UMP aujourd’hui. Non ?

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Les éditions

  • Lettre ouverte d'un "chien"à François Mitterrand au nom de la liberté d'aboyer [Texte imprimé] Jean Montaldo
    de Montaldo, Jean
    Albin Michel / Collection Lettre ouverte.
    ISBN : 9782226065353 ; 15,00 € ; 18/06/1993 ; 170 p. ; Broché
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