Une lecture non-marxiste de la genèse des révolutions

En Europe, tout débuta par la révolution hussite qui ensanglanta la Bohême (1415-1436) et ouvrit la voie à la Réforme. Ce fut le premier ébranlement de la chrétienté romaine. Suivront, dans un suite aussi logique qu'irréversible : le séisme du luthéranisme (1517-1555), l'insurrection huguenote (1559-1598), la révolte des Pays-Bas (1566-1609), la révolution britannique (1640-1688), la guerre d'Indépendance américaine (1776-1787) et la Révolution française (1789-1799) qui inaugure le principe d'égalité. Dès lors, il ne s'agit plus simplement de corriger ou de réformer l'ordre existant mais de créer un monde et un homme nouveau. Le rêve millénariste revit dans les Lumières, la Révolution devient une science, une religion, avec ses dogmes, ses lois et ses prophètes. Ainsi, 1848, la Commune de Paris puis la IIe Internationale prépareront l'avènement paradoxal d'une autre révolution, celle d'Octobre, qui ne correspond en rien aux " lois de l'Histoire ", décrites dans Le Capital. Malia suit son déroulement jusqu'à l'effondrement du communisme. Cette onzième révolution, qui devait mettre fin à toutes les autres, était-elle réellement la dernière ? L'auteur se garde bien de trancher. Son propos est à la fois plus modeste et plus sérieux. Et surtout plus inquiétant.
Ce livre se présente donc comme le testament d'un des plus grands historiens du XXe siècle. Il a fait figure de classique depuis sa parution en anglais, à la fin de 2006. Il est la synthèse d'une vie de recherches pluridisciplinaires. C'est un exceptionnel récit d'histoire comparée, limpide, sans artifice, où le modèle théorique est toujours strictement subordonné à l'exposé préalable des faits.
Dans cet ouvrage posthume, Malia conclut sa réflexion en montrant que "le cas russe, si unique soit-il, est aussi l'aboutissement logique, bien qu'extrême de la longue tradition révolutionnaire existant dans l'ensemble de la civilisation européenne." Sa démarche est scientifique et comparatiste, elle minore la grille de lecture proposée par Marx et Engels au profit de celles de Tocqueville, Durkheim ou Weber en étrillant au passage les partisans français de Marx comme Soboul, Lefebvre, Labrousse ou Mathiez. Le marxisme serait-il dépassé ?
Livre polémique, épistémologique et passionnant.

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  Histoire des révolutions [Texte imprimé] Martin Malia traduit de l'anglais (États-Unis) par Laurent Bury

  de Malia, Martin Edward Bury, Laurent (Traducteur)
  Tallandier
  ISBN : 9782847344950 ; 33,24 € ; 11/09/2008 ; 462 p. ; Broché

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