La justice en tant que projectile de Pierre Vadeboncoeur

La justice en tant que projectile de Pierre Vadeboncoeur

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Dirlandaise, le 29 juillet 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Une pensée teintée d'un profond pessimisme

Pierre Vadeboncoeur, décédé le onze février dernier, était un avocat et syndicaliste québécois. Acteur de premier plan des luttes ouvrières qui ont marqué le Québec, souvent aux côtés de son ami Michel Chartrand, il s’est éloigné du mouvement après vingt-cinq ans de militantisme pour se consacrer à l’écriture. Merci à Wikipédia pour ces informations. Il s’agit ici d’un recueil de lettres écrites dans les années 2000, 2001 et 2002 publiées dans différents journaux dont « Le Couac », « Le Devoir » et « L’Action nationale ».

Voici dans les grandes lignes les principales préoccupations de monsieur Vadeboncoeur : l’impérialisme des États-unis sous couvert de démocratie, de guerre préventive et de lutte au terrorisme, la création d’un état formel palestinien au détriment du peuple palestinien relégué à l’état de colonisés, la dictature internationale des intérêts privés, la concurrence capitaliste et impérialiste de par le monde et ses ravages tant au niveau humain qu’environnemental, l’abaissement des gouvernements qui mettent leur force et leur pouvoir au service du privé, les principaux mécanismes de la croissance capitaliste et j’en passe.

Je ressors de cette lecture fort impressionnée par la pensée de cet homme mais aussi plutôt attristée par son profond pessimisme. En réalité, ce livre donne froid dans le dos. Il analyse avec une lucidité foudroyante les mécanismes du monde et le pouvoir effroyable détenu par les grandes puissances et en particulier les USA. Car le moins que l’on puisse dire (ou écrire…), c’est que monsieur Vadeboncoeur n’aime pas les USA et encore moins Bush et ses acolytes. Mais n’est-ce pas une opinion qui était largement partagée par une majorité de gens au Québec à l’époque du règne de Bush ? En fait, le livre ne m’a rien appris de bien nouveau mais il m’a fait prendre conscience du jeu de pouvoir et des mensonges entretenus dans le public par les médias à la solde du gouvernement et ce, afin de couvrir les actes et interventions militaires américaines dans différents pays dont bien sûr l’Iraq.

Ce qui m’irrite un peu, c’est que l’auteur se contente de dénoncer et de dénoncer sans jamais apporter de solutions un tant soit peu applicables. C’est une attitude tellement courante et répandue parmi la population et cela m’a un peu déçue de la part d’un homme aussi cultivé et érudit que monsieur Vadeboncoeur. Mais érudition ne va pas toujours de pair avec imagination et je trouve que l’auteur en manque énormément. Il reste que sa pensée atteint des niveaux plus qu’intéressants mais cela reste du verbiage et de la réflexion d’intellectuel dans sa forme la plus typique. Je préfère les hommes de terrain… et d’action…

« Il faut bien constater que le monde actuel ne se trouve plus d’emblée sous l’autorité prédominante de vastes pouvoirs étatiques, mais plutôt, déjà, sous le gouvernement effectif de puissances privées qui ne répondent qu’à elles-mêmes, souveraines, de rien par le droit mais souveraines de tout par le fait. »

« Les raisonnements capitalistes sont impeccables et justifiés mais à l’intérieur du système capitaliste. Si un dirigeant d’entreprise dit qu’il lui faut conquérir à tout prix tel marché producteur ou acheteur, il a parfaitement raison, et sur cette nécessité, et sur le prix qu’il faut y mettre. Ce prix comprend d’ailleurs celui qu’il lui faut faire payer à d’autres, dont les populations à qui appartiennent naturellement ce marché-là et le pays qui le contient. »

« On commence à découvrir que le progrès est condamnation à ce progrès, ce qui s’édifie ne peut guère être démantelé. Nous sommes engagés sur une voie à sens unique. Les grands systèmes de production et de consommation sont rigides pour l’essentiel. L’homme ne peut en détruire grand-chose sans risquer de tout jeter par terre. Il s’agit d’une construction dont chaque élément en supporte beaucoup d’autres et même porte les fondements du tout. »

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