Et Dieu chassa l'homme du Jardin d'Éden...

Deuxième tome de cette étrange histoire mettant en vedette quatre personnes tout à fait ordinaires enchaînées à leur vie minable et sans espoir. Les premières pages nous montrent la ville de Los Angeles la nuit, toute illuminée. Un personnage étrange déambule dans les rues en philosophant sur le destin de l’humanité. Il est chauve et porte un grand manteau noir. Il arbore le même sourire énigmatique que dans le tome un et semble indifférent à toute la déchéance et la misère humaine qu’il rencontre sur sa route. Enfin, le scénariste nous offre les belles phrases remplies de considérations philosophiques que j’attendais dans le premier tome et qui ne sont pas venues. Mais, il se limite aux toutes premières pages ce que je trouve dommage car l’œuvre se prête bien à de telles envolées et leur absence fait que cette série, qu’on aurait pu qualifier de chef-d’œuvre, doit se contenter d’être excellente ce qui n’est tout de même par rien avouons-le !

Donc, le mystérieux inconnu se balade en songeant à ses quatre victimes, choisies soigneusement en raison de leur vie merdique. Dans ce tome, le personnage de Henry, ce fonctionnaire aux prises avec le démon du jeu est mis en vedette ainsi que Rachel, la serveuse de restaurant qui doit élever seule ses trois jeunes enfants. Ces deux personnages entreront en relation et bientôt, des drames surgissent, soigneusement orchestrés par l’imagination machiavélique de l’homme au manteau noir.

Le côté psychologique des personnages et en particulier celui de Henry est remarquablement bien dépeint. Les souffrances et les tourments que provoquent ses faiblesses, son goût pour le jeu et l’appât du gain font de sa vie un véritable enfer. Henry est un personnage pathétique, pitoyable et sans aucune fierté personnelle. Il est aux abois, poursuivi par des mafiosi qui jurent d’avoir sa peau s’il ne leur rembourse pas une grosse somme qu’il leur doit. Cette situation désespérée pousse Henry à poser des gestes qu’il ne pensait jamais avoir à poser un jour dans sa vie. Lui qui a subi humiliations sur humiliations se découvre une capacité d’action insoupçonnée jusqu’à présent. Il se sent de nouveau maître de sa vie et capable de surmonter ses énormes difficultés. Dans ce tome, un nouveau personnage entre en scène et vient compliquer ce qui l’était déjà amplement.

Je continue donc à lire cette série captivante et si humaine.

« « Et Dieu chassa l’homme du Jardin d’Éden et plaça à son entrée un ange à l’épée flamboyante pour en barrer le chemin. » Tout est dit : l’histoire de l’homme commence par un échec. Depuis, l’humanité porte en elle la nostalgie d’un monde meilleur, d’un paradis perdu. Elle essaie confusément de retrouver cette part d’éternité, mais a oublié à jamais le chemin qui y mène. Alors l’homme tente de recréer ce Jardin originel. Il érige une ville et la baptise Los Angeles, la cité des anges. Belle tentative mais nouvel échec. »

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  Le corrupteur [Texte imprimé] [scénario de] Callède [dessins de] Gihef

  de Gihef, (Illustrateur) Callède, Joël (Scénariste)
  Vents d'ouest / Turbulences (Issy-les-Moulineaux)
  ISBN : 9782749301624 ; 5,94 € ; 04/01/2005 ; 48 p. ; Album

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