Le dernier mort de Mitterrand de Raphaëlle Bacqué

Le dernier mort de Mitterrand de Raphaëlle Bacqué

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par NQuint, le 31 mai 2010 (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 852ème position).
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Un peu sur ma faim

7 avril 1994. François de Grossouvre est retrouvé mort d'une balle dans la tête dans l'aile Ouest du palais de l'Elysée. Nous sommes au coeur de la période crépusculaire du deuxième septennat de François Mitterrand, après le déballage des affaires et alors que le président est gravement malade. Grossouvre était le dépositaire et l'acteur des secrets les plus sombres de la Mitterrandie : les financements occultes, les arrangements de la RealPolitik et surtout Mazarine, dont il était le parrain et qui habitait avec sa mère l'appartement au-dessous du sien. Dès lors, le soupçon sur sa mort court et il court encore. Ce suicide en est-il un ou a-t-on fait taire un ancien conseiller devenu trop gênant ?

Raphaëlle Bacqué démarre par la scène inaugurale du suicide. Dès lors, on espère une enquête qui permettrait d'en savoir plus : suicide ou meurtre d'Etat ? On sera déçu sur cet aspect car le livre n'apporte pas grand chose à ce sujet. En même temps, que pouvait-elle révéler de réellement déterminant plus de 15 ans après ? Dès lors, elle va brosser le parcours de cet homme avec, en creux, celui de la Mitterrandie : la séduction du leader socialiste, ses perversités et ses secrets, le bal des courtisans. Et puis la personnalité de Grossouvre et la fascination qu'il éprouve pour Mitterrand. Sa double vie sentimentale, aussi, comme son maître.

Sa démonstration est que Grossouvre a succombé à un chagrin d'amour : celui qui l'a vu rejeté de la sphère des intimes de François Mitterand. Il devient de plus en plus jaloux et incontrôlable. Jaloux des autres courtisans comme Roger-Patrice Pelat. Au point qu'il s'enferme dans une spirale qui le voit balancer les secrets de ce monde malsain : Urba-Gracco, les actions Triangle et même le secret des secrets : Mazarine. En même temps, Mitterrand l'éloigne peu à peu de lui à sa manière venimeuse : pas de grande scène ou d'éviction du Palais, juste le silence et le mépris. Jusqu'à ce soir d'avril 1994.

Le portrait d'un homme, d'une époque et d'une histoire d'amour entre deux hommes qui tourne mal. On aurait bien sur aimé en savoir plus sur cette mort mais c'était sans doute trop attendre. Un bon livre quand même sur une époque révolue.

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"Je t'aime, moi non plus"

9 étoiles

Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 13 mars 2011

Un excellent livre qui nous replonge dans les années Mitterrand qui sont de plus en plus idéalisées, voire fantasmées, à mesure que l'on s'en éloigne (pas de polémique droite/gauche dans mes propos : on observe petit à petit le même phénomène du côté du chiraquisme).

On y "découvre" des affairistes et des manipulateurs, plus préoccupés d'accéder au pouvoir et de le garder que de servir la République. On y "découvre" la frénésie, l'arrivisme et les convictions à géométries variables de la cour qui entoure le monarque. Malheureusement, ceci n'a pas changé d'un iota depuis !

On y "découvre" une presse informée mais pourtant bien frileuse de révéler quelques secrets tels que la polygamie d'Etat de Mitterrand (en ce sens que la République logeait Anne et Mazarine Pingeot, et pas dans un HLM) et son cancer, dont il apprit son existence dès Novembre 1981 et qui fut caché par les mensonges successifs de l'intéressé et de ses médecins. Tout ceci, en revanche à bien changé ! Aujourd'hui les journalistes ne prendraient pas beaucoup de pincettes avec ce genre de secrets. Et c'est tant mieux ! (Qu'il est loin le temps où le Président de la République pouvait se permettre sans que cela ne choque grand monde de dire à un journaliste face caméra : "vos questions ne m'intéressent pas et je n'y répondrai pas. Veuillez considérer notre entretien comme terminé.")

On y découvre surtout une étrange relation amoureuse du type "Je t'aime, moi non plus" entre Grossouvre et Mitterrand. Cet aspect de leur parcours commun est remarquablement bien décrit par l'auteur qui prend soin de ne pas prendre parti, pour ou contre, mais se contente de raconter une relation et ses péripéties. C'est assez fascinant et c'est en ce sens que ce livre est avant tout intéressant à mon avis.

Enfin, pour ne rien gâcher, j'ai trouvé ce livre particulièrement bien écrit et agréable à lire. Je le recommande vivement.

La seule sortie digne

4 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 19 octobre 2010

Voilà bien le genre de livre que je n’aurais jamais eu l’idée, ni l’'envie, de lire si on ne me l’avait pas mis entre les mains avec une certaine insistance afin de recueillir mon impression sur le sujet et non sur la qualité du récit. Un livre qui n’apprendra rien, ou pas grand chose, à ceux qui suivaient régulièrement l’actualité à l’époque des faits, un livre qui ne fera changer personne d’opinion, un livre pour rien ou à peu près rien, un livre qui avait peut-être sa place dans une collection plus populaire.

Le 7 avril 1994 François de Grossouvre, conseiller du président de la république, choisit la porte de sortie qui lui semble la seule digne de lui, il se suicide dans le bureau qu’il s’était attribué à l’Elysée, à quelques mètres de celui de son ami, de son idole, François Mitterrand, qui travaille encore en cette fin d’après-midi.

Raphaëlle Bacqué, journaliste, au Monde raconte comment ce personnage étrange, atypique, intrigant, anachronique, sorte de dandy sorti tout droit d’un roman du XIX° siècle, est parvenu à cette issue après une longue amitié avec le président le plus adulé de toutes les républiques françaises. Une histoire d’amour déçu pour l’auteur, une histoire d’égo bafoué plutôt, une histoire comme en génèrent tous les monarques qu’ils soient de droit divin, de droit républicain ou de n’importe quel autre droit. Une sorte de rétrogradation insupportable à admettre pour celui qui se prétendait la doublure du président sur certains théâtres politiques, celui qui rentrait du boulot, le soir, avec le président pour rejoindre, dans le même immeuble, chacun sa maîtresse respective.

Ce livre plonge au cœur des turpitudes du pouvoir que tout le monde connait désormais et que tous les pouvoirs, quels qu’ils soient génèrent et nourrissent. Il nous rappelle que ceux qui gouvernent déchaînent inéluctablement les passions, les frustrations, les jalousies et tout ce qui peut blesser et humilier, soumettant les égos à de si fortes tensions que certains ne supportent pas. Et de Grossouvre n’a pas failli à la règle, « c’est la seule façon qu’il ait trouvée pour continuer à exister… »

Quelle époque !

7 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 6 juillet 2010

J'aime bien Raphaëlle Bacqué, même si son journal ( Le Monde ) n'est pas ma "tasse de thé". Quand elle apparaît sur les écrans, prenant part à un débat, sa connaissance des faits, sa modestie, son approche raisonnable font merveille. C'est dire si j'ai été tenté par sa dernière "livraison", bien que je ne recherche guère ces livres politiques, dont on parle pendant une saison à peine...

C'est en fait Mitterand, le héros du livre ; mais François de Grossouvre est tès bien analysé et on comprend mieux cette relation curieuse qui s'est établie entre deux hommes singuliers. Un "aristocrate" égaré en "Mitterandie", quel programme ! L'auteur ne fait que rappeler des faits bien connus de ceux qui ont vécu cette époque ; mieux, elle les confirme après avoir rencontré nombre des protagonistes.

Et tout cela finit par donner la nausée ; Woerth - Bettancourt ne sont que des enfants de choeur ! Edwy Plenel est pourtant toujours à l'affût, mais on a toujours du mal à discerner ses objectifs personnels : hier contre Mitterand, aujourd'hui contre Sarkozy, c'est lui le chevalier blanc, le Saint-Just qui fait tout gober au bon peuple...

Vous ne regretterez pas les quelques heures passées en compagnie de Raphaëlle Bacqué

PS : il n'y a rien de plus à comprendre de la mort de Grossouvre ; il s'est suicidé, ce sont les circonstances de ce suicide qui sont intéressantes à analyser...

Livre truffé d'erreurs

4 étoiles

Critique de Pierda (, Inscrit le 1 juin 2010, 67 ans) - 1 juin 2010

Ancien collaborateur de F. de Grossouvre à l'Elysée, je conteste vigoureusement ce livre : http://pierda.wordpress.com/

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