Les croix en feu de Pierre Pelot

Les croix en feu de Pierre Pelot

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par TheCANNIBALwoman, le 26 mai 2010 (Montréal, Inscrite le 19 avril 2010, 31 ans)
La note : 8 étoiles
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... Ça va vous brûler la peau des fesses !

Bien évidemment, la page couverture a été mon premier contact avec le livre. La représentation d'un homme en cagoule en premier plan, suivi du drapeau des États-Unis à sa gauche, et des croix en feu en arrière-plan. Tous ces symboles me rappelaient vaguement quelque chose. C'est en lisant le résumé au verso que j'ai compris de quoi il s'agissait : Le Ku Klux Klan. Le thème est donc le racisme. Ayant peu de connaissances sur cette organisation, j'ai pensé que ce livre me permettrait de m'enrichir.
L'auteur du roman, Pierre Pelot, est né le 13 novembre 1945 dans la montagne vosgienne de la France. Il y a commencé son parcours de « raconteur d'histoires » en dessinant. Pelot a abordé des genres divers tels que le roman noir, la science-fiction, les westerns, le fantastique, le thriller, ainsi que les romans de littérature dite générale. Il écrit également pour la radio, le cinéma et la télévision, voit certains de ses romans adaptés pour les petit et grand écrans.
Son roman, Les croix en feu, évoque un triste événement historique, qui est la naissance du Ku Klux Klan aux États-Unis, après la guerre de Sécession. Malheureusement, à l'heure actuelle, il semble que ce problème dégradant du racisme soit toujours d'une triste réalité. Le Klan existe encore et toujours, uni à d'autres organisations racistes et xénophobes, non seulement aux États-Unis, mais à travers le monde entier.

RÉSUMÉ
L'histoire se déroule trois ans après la Guerre de Sécession, quand un Noir revient dans sa ville natale, où il avait été autrefois un esclave. Celui-ci n'a qu'un seul but en tête : acheter un lopin de terre et se comporter en homme libre. Là-bas, il reverra Dave, son ami Blanc qui chassait jadis avec lui et décidera qu'ensemble, ils s'approprieront un terrain pour cultiver la terre et bâtir une maison.
Malheureusement, à Canetown, avoir la peau noire était toujours un crime et cela, Scébanja ne le comprendrait jamais. Jamais un Noir bon teint ne pouvait commettre la folie d'afficher une égalité effective avec le Blanc. Il y avait contre pareille tentative les pancartes ségrégationnistes pendues au-dessus des bars, à l'entrée des établissements publics. En Alabama, l'idée qu'un Noir ne sera jamais égal à un Blanc était encrée à tout jamais dans le sang et dans les coutumes des Blancs. Sans oublier les chevauchées nocturnes du Ku Klux Klan, groupe d'hommes déguisés en cavaliers masqués, vêtus de suaires et coiffés de cagoules, qui terrorisait et lynchait les Noirs en laissant des maisons incendiées et des croix en feu.
Quand les terres leur furent accordées, Scébanja et Dave regrettèrent vite des les avoir acheté.

DESCRIPTION DE LA STRUCTURE ET DE L'ACTION
L'auteur a divisé son roman en chapitres et les a numéroté sans leur donner un titre. Les deux premiers chapitres racontent le retour de Scébanja à Canetown avec des retours en arrière assez fréquents, qui rappellent l'époque où celui-ci y vivait en esclave et les fois où son ami blanc, Dave, l'invitait à aller chasser ensemble. Le romancier a adopté le point de vue du narrateur-Dieu, permettant ainsi aux lecteurs de découvrir les pensées et les raisonnements des personnages. D'après moi, l'élément perturbateur, qui vient développer le thème du racisme, se trouve au chapitre 4, quand le Klan vient d'apprendre que des terres ont été achetées par des Noirs (alors que ce sont des Blancs qui auraient dû se l'approprier), cela ne lui convient pas du tout. Par la suite, les actions de l'intrigue s'enchaînent en plusieurs chapitres et dorénavant, le romancier décide d'employer un ordre chronologique. Teal et sa femme Dolorès - couple Noir et amis de Scébanja et de Dave Fiddler - se font assassinés par le Klan. Sur son magnifique lopin de terre, Dave apprend la nouvelle et s'apprête à acheter des armes. Kennely, qui s'était battu avec Dave pour avoir le lot 25 - une terre excellente -, vint avertir Scébanja et Dave du danger. Toutefois, lui-même, Kennely, était poursuivi par un membre du Klan (étant donné qu'il était un ancien complice repenti) et représentait un danger pour le Klan. Malheureusement, Kennely fut touché par une balle au ventre par son assaillant. Dave prit immédiatement son fusil et tua l'agresseur. C'est au dernier chapitre, le dixième, que le Klan lui-même vint leur rendre visite et que Kennely mourut. Scébanja et Dave tuèrent une quinzaine de « cagoulards » et le reste du Klan prit la fuite. Dave était un peu blessé, une balle lui avait éraflé le flanc. Le lendemain, ils partirent vers le Nord. C'est ainsi que ça se termine.

DESCRIPTION DES PERSONNAGES ET DES VALEURS
Le personnage principal est Scébanja, un grand gaillard à la peau noire. C'est bien ce qui est dit à la page 30 : « Cet esclave était un grand Noir, énorme, avec des muscles de taureau et une face ronde qui souriait facilement. Il avait pour nom Scébanja. »
Celui-ci est jugé plutôt naïf, puisqu'il ne sait rien à propos de la haine des Blancs et du Ku Klux Klan. C'est à la page 20 qu'on nous le prouve : « Or, Scébanja, dans sa naïveté de grand enfant trop simple, ne savait pas cela. [ ... ] Il ne savait pas, il ne savait rien du piège dans lequel il s'était fourré avec une confiance puérile. »
Pendant son séjour dans le Nord, Scébanja a fait beaucoup d'argent et a économisé suffisamment pour revenir en Alabama et acheter ce fameux lot 25. Le dialogue à la page 50 nous le confirme : « Tu dois être riche, Scébanja. Tu possèdes un cheval, et une timbale. Tu es bien vêtu et tu portes un revolver. »
De plus, Scébanja ne croit pas en la méchanceté des hommes et s'imagine que c'est le Diable qui les pousse à devenir sournois. Il est aussi convaincu que les hommes finissent toujours par se débarrasser des démons, à force de prier le Père du Ciel. Les pages 44 et 45 en sont les sources.
Le personnage secondaire est Dave, un pauvre Blanc, comme dit à la page 28 : « Il était ce qu'on appelait communément dans le Sud un - pauvre Blanc -, jouissant d'à peine plus de considération que les Noirs. »
Il n'est pas très grand et a les cheveux en bataille. Comme à la page 21 :
« Plutôt petit, malingre, [...] Il avait une figure osseuse, poilue, avec de longs cheveux hirsutes. »
Dave a aussi une fierté qui se plait à faire surface aux plus mauvais moments. Voilà ce qui en est dit à la page 29 : « Mais rien de tout cela n'avait réussi à désarçonner Dave, car il était soutenu par l'espoir, et puis aussi par sa fierté, son orgueil piqué au vif. Il y avait surtout cet orgueil, cette fierté de « pauvre Blanc » aiguisée comme une lame et capable du pire comme du meilleur. »
Dave cachait souvent ses vraies émotions.
« Il retrouvait Dave, avec son air buté, son regard qui ne riait jamais, [...], rarement expansif, rarement séparé de son bouclier froid et qui n'engageait pas à l'amitié. Mais Scébanja connaissait le Dave caché, celui qui voulait sourire et n'osait pas, qui voulait éclater mais trouvait cela ridicule. », Est-il écrit à la page 58.

DESCRIPTION DU TEMPS ET DE L'ESPACE
L'histoire se déroule dans l'Alabama, un État du sud des États-Unis. Le genre littéraire est le western, sans aucun doute, puisqu'on y trouve un saloon (avec les portes battantes, un barman et des hommes qui jouent aux cartes), des gens qui passent leurs après-midis à jouer au fer à cheval dans la cour du ranch, le shérif de la ville, les hommes se promènent en cheval, avec à la taille une lourde ceinture d'armes. Ces éléments, mentionnés dans les trois premiers chapitres, sont essentiels dans le milieu pour évoquer le genre western. Le procédé utilisé dans les premiers chapitres est la description mobile de l'espace, puisque le narrateur décrit les lieux au fur et à mesure que Scébanja les perçoit dans ses déplacements. Après le troisième chapitre, Pelot utilise la description sommaire, qui lui permet de ne retenir que les éléments jugés plus représentatifs. En ce qui concerne le temps, à la page 12, il est écrit « Et bien que la guerre fut terminée depuis trois ans... », ce qui veut dire l'histoire se déroule en 1868, après la Guerre de Sécession (qui s'est terminé en 1865). Ce roman pourrait se lire en moins de trois heures consécutives, tandis que la durée de l'histoire racontée est d'environ cinq jours. Pelot n'oublie jamais d'annoncer quand la nuit arrive. Les trois premiers chapitres racontent une seule journée. Ajoutons que dans ces trois chapitres, Pelot prend beaucoup de pauses dans sa narration pour décrire. Dans un même chapitre (le quatrième), l'auteur écrit « Pendant deux jours... » et cinq pages plus loin, « C'est un dimanche. » qui annonce un nouveau jour. De plus, le discours du shérif, Jim-Jim, lorsqu'il dit « Ce dixième jour de juin 1868... » à la page 75, nous affirme donc une date : Dimanche, le 10 juin 1868. Le quatrième jour se termine à la fin du chapitre 5. L'histoire se termine dans la nuit du cinquième jour, lorsque le Klan vint rendre visite à Scébanja et à Dave.

...ET VOICI MA CRITIQUE
Dans son roman Les croix en feu, l'écrivain Pierre Pelot a très bien su combiner réalisme et fiction ! La solidarité entre les personnages principaux - un Noir et un Blanc - rend ce livre très attachant. Voilà ce qu'on aime des romans pour jeunes. Le Blanc, prêt à défendre son ami Noir contre les haines raciales et les honteux préjugés. Le Noir, rêvant de bâtir une maison et de cultiver la terre avec son compagnon. La défaite du Klan donne une fin plutôt classique, mais elle assouvit le sens de la justice du lecteur. Une fin juste, c'est plutôt commun dans les romans Jeunesse. Mais Pelot a eu le bon sens de montrer que la défaite du Klan n'était que momentanée : À l'épilogue, les deux rescapés considéraient qu'il n'y avait de salut que dans la fuite. N'aimant peu les livres qui commençaient avec de longues descriptions, les premiers chapitres m'ont un peu ennuyé. Les livres qui débutent sur le présent invitent les lecteurs à se questionner sur son passé. Mais bon, Pelot a gardé le meilleur pour la fin, comme tout bon romancier devrait faire lorsqu'il achève son livre. Une longue description des lieux était peu nécessaire, à moins d'y inviter des éléments essentiels pour faire un genre western : Ce qu'il a fait. C'est vraiment quand le Ku Klux Klan entre en action que ça devient intéressant. Excitation, peur, colère, déception, remords, vengeance, injustice. Les personnages passent d'une émotion à l'autre, ce qui libère le roman d'une monotonie perpétuelle. D'après moi, les personnages et les valeurs sont ce que Pelot a le mieux réussi. Pour ce qui est de la qualité de la langue et de la structure, c'est tout simplement passable. Il y a quelques fautes dans le roman, comme à la page 34 où on aurait oublié de mettre un S à « vainqueur » et même à la page 183 où on aurait mis un E à « voie » tandis qu'il fallait mettre un X pour dire « Dave reconnut la voix de Frechn ». Comme c'est un livre qui se lit vite et facilement, je pense que ces fautes resteront inaperçues aux yeux de plusieurs lecteurs. En ce qui concerne le génie littéraire de Pierre Pelot, je ne peux me permettre de le juger dans un roman qui comporte seulement 10 chapitres. Cela m'amène donc à découvrir ses autres récits et les différents genres littéraires qu'il maîtrise.

Pour conclure, Les croix en feu mérite quand même d'être lu, parce que :
- ça permet à ceux qui ne savent rien sur le Ku Klux Klan de mieux comprendre cette organisation raciste,
- le type de lien qui unit les deux personnages principaux et les valeurs qui y sont véhiculées ont contribué à ce monde juste et meilleur dans lequel nous vivons,
- le genre évoqué (western) peut permettre à de futurs écrivains (Dont moi!) de s'enrichir à propos de ce genre littéraire,
- chaque livre nous permet de développer des points de vue différents et d'accroître nos connaissances en matière de vocabulaire.

Ainsi, je vous souhaite une bonne lecture !!
- TheCANNIBALwoman alias Alexandra Lavallée

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