L'ultime défi de Sherlock Holmes de Michael Dibdin, Olivier Cotte (Scénario), Jules Stromboni (Dessin)

L'ultime défi de Sherlock Holmes de Michael Dibdin, Olivier Cotte (Scénario), Jules Stromboni (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Shelton, le 13 avril 2010 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 971ème position).
Visites : 6 359 

Un futur grand classique...

On croyait qu’après les albums Jack l’éventreur (Duchâteau et Stibane) et From Hell (Alan Moore et Eddie Campbell) plus rien ne serait possible en BD avec Jack l’éventreur. C’était oublier qu’il y avait un roman de Dibdin qui attendait dans l’ombre des bibliothèques, L’ultime défi de Sherlock Holmes…

Le voilà donc maintenant en bande dessinée dans cette collection de qualité Rivages/Casterman/Noir, espace atypique entre une collection de polars noirs et un grand éditeur de bédés.

L’histoire est simple – Jack l’éventreur est en train de ravager le milieu des prostituées londoniennes, celles du quartier de Whitechapel, « vaste paradis du crime » – et complexe car c’est Watson qui fait le récit de cette affaire à Conan Doyle, longtemps après les faits, comme pour alléger sa conscience avant de disparaître… A l’époque des faits, le pauvre Watson était aussi perturbé dans sa lucidité par la présence de sa fiancée, Mary…

On peut aussi dire que cette histoire, qui donc ne fait pas partie des romans « historiques » de Conan Doyle est à la fois un hommage à un héros adoré, aucun doute là-dessus, et une impertinence de potache puisque Sherlock Holmes… enfin… bref… Ce n’est pas à moi de vous dire comment se terminera cette histoire pour Sherlock Holmes, le professeur Moriarty et le fameux docteur Watson…

Le scénariste de la bande dessinée utilise bien le roman de l’Irlandais Michaël Dibdin, le transforme astucieusement en bande dessinée sans faire du faux cinéma ou du roman illustré. On peut dire qu’Olivier Cotte, grand spécialiste du neuvième art, s’approprie parfaitement et l’histoire et nous offre un véritable scénario de bédé.

Il est vrai qu’il est servi admirablement bien par Jules Stromboni qui a trouvé pour cet album le ton graphique juste : une nostalgie certaine qui permet un plongeon dans le Londres de Jack l’éventreur, un dessin qui n’est pas sans rappeler les illustrations d’autrefois qui accompagnaient les affaires criminelles, celles que j’avais dans ma jeunesse sur les couvertures des romans de Jean Ray (Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain). Enfin, il utilise avec brio les traits de l’acteur Jeremy Brett qui fut en son temps (années quatre vingt) un des meilleurs Sherlock Holmes à la télévision, en tous cas celui que je continue à voir avec plaisir même dans des adaptations dont je connais le scénario par cœur…

Une excellente bande dessinée que l’on lira avec d’autant plus de plaisir que l’on appartient aux fans du détective anglais de Baker Street…

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Les éditions

  • L'ultime défi de Sherlock Holmes [Texte imprimé] adapté du roman de Michael Didbin par Jules Stromboni, dessin et Olivier Cotte, scénario
    de Dibdin, Michael (Antécédent bibliographique) Stromboni, Jules (Illustrateur) Cotte, Olivier (Scénariste)
    Casterman / Rivages-Casterman-noir
    ISBN : 9782203022263 ; 24,52 € ; 14/04/2010 ; 124 p. ; Broché
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Du sang dans l'allée pavée

10 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 3 avril 2018

Basé sur le plus vieux métier du monde exercé en 1888 à Whitechapel, ce roman graphique est une fabuleuse rencontre comme on en rêve plus ; fruit d'une enquête policière et d'un personnage de fiction. On reste totalement interloqué grâce au style nerveux et alerte de Stromboni, très proche d'une gravure ainsi qu'inscrit étonnamment à proximité de cette histoire britannique née des faubourgs les plus pauvres du Londres de la fin du XIXème...

Et oui, pourquoi pas ? Ce n'est en tout cas sûrement pas la vision prophétique qui manque à « L'ultime défi » ni d'ailleurs les protagonistes montrés à la lumière vive de la cruauté du quotidien qui resplendit ici dans toutes les cases. En bref on s'y croirait et l'on ne croise que là-dedans qu'une vérité vérifiée mille fois, et surtout au sujet de ce détective cocaïnomane et membre de l'élite.

Bref, Conan Doyle aurait très certainement apprécié cette issue splendide qui voisine sa BD jumelle en tout: « From Hell » d'Alan Moore et si on ne doit pas révéler qui était ce fameux passager dans ce fiacre noir aux armes de la Reine, l'ensemble donne une bonne idée à s'y glacer les sangs des contours froids de son cochet !

Inoubliable et fondateur.

Une enquête sur Jack l'éventreur menée par Sherlock Holmes

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 14 juin 2013

Des prostituées sont sauvagement assassinées. Sherloch Holmes et Dr Watson mènent l'enquête. Parallèlement, l'on voit Watson plus âgé discuter avec l'écrivain Conan Doyle.

Cette bande dessinée est réussie. Les auteurs ont choisi une couleur de page et une coloration des vignettes qui rappellent les vieux journaux, nous invitant à penser que l'aventure narrée ici est aussi ancienne que les plus célèbres enquêtes du célèbre détective. Les dessins aussi évoquent d'anciennes illustrations et la typographie utilisée dans les vieux journaux.

Comme le précisait Nance, l'on sent que Michaël Dibdin joue avec certaines interprétations et rumeurs qui ont couru sur les personnages de l'oeuvre de Conan Doyle. Certains choix audacieux donnent du piment à cette histoire, déjà suffisamment riche.

Une BD qui se lit comme un bon divertissement et une bonne relecture du célèbre personnage.

Sherlock à Whitechapel

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 13 mai 2013

L’aspect le plus réussi de cette bédé est sûrement le graphisme. Une attention particulière a été apportée afin de rendre le décor de l’époque authentique. De même, un procédé rend les images granuleuses afin de simuler le passage des années. Puisque le scénario est basé sur un roman, le condensé de l’histoire doit forcément tourner les coins ronds et la progression manque de subtilité. Un beau travail tout de même.

Une adaptation partiellement réussie

7 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 13 mai 2013

Dans la forme, j’ai trouvé assez originale la façon dont les auteurs se sont replacés dans le contexte de l’époque, en donnant à l’objet un aspect vieilli. Si ce n’était pour l’odeur de neuf, le code-barre au dos, la date de parution et autres annotations diverses, j’aurais pu croire que la BD était d’époque. Le rendu parcheminé du papier contribue à cette impression, de même que les points de trame utilisés pour la colorisation. Un bel objet, donc.

Il faut également souligner le soin apporté à la reconstitution du quartier sordide de Whitechapel à Londres, un lieu qui a si bien inspiré Charles Dickens. Certaines cases sont tout bonnement saisissantes de noirceur et traduisent bien la grande misère qui pouvait y régner au XIXème siècle.

Si le scénario est certes surprenant, l’adaptation en bd du roman de Michael Dibbin a les défauts de ses qualités, comme si la forme avait cannibalisé le fond. L’intrigue est comme reléguée au second plan dans ce qui m’a paru être davantage un exercice de style graphique. Plus attiré par le côté visuel de l’ouvrage, je ne peux pas dire que j’ai été captivé par l’histoire. D’après moi, il vaudrait mieux lire d’abord le roman avant de passer à la bd.

Décevant

5 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 10 février 2013

Le (seul) côté positif, c’est le dessin et les couleurs, très surprenants et très adaptés à l’histoire, avec des pages un peu grisâtres qui m’ont vraiment donné l’impression de lire un très vieux livre, exhumé du fond d’une ancienne bibliothèque. Au début, ça m’a un peu rappelé les illustrations originales des romans de Jules Verne.

Par contre, impossible de rentrer dans l’histoire, excessivement brouillonne à mon avis.

Je crois avoir lu tous les romans et nouvelles de Conan Doyle dans lesquels apparait Sherlock Holmes (et même plusieurs fois) et je n’ai retrouvé ni Watson, ni Holmes. Décevant donc pour moi … ce qui ne semble pas être l’avis général à lire les critiques précédentes.

(BD lue dans le cadre du prix CL2013)

Une variante

8 étoiles

Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 13 janvier 2013

Une nouvelle aventure de Sherlock Holmes et son ami Watson.
Cette fois Holmes est confronté à Jack l'Eventreur.
J'ai lu la BD juste après le roman.
Bonne représentation de l'ambiance et des symboles expliqués plus facilement dans le roman.
Un très bon moment passé en compagnie de notre héros!

Holmes VS l'Éventreur VS Moriarty

8 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 11 décembre 2012

« - Il se promènerait avec un couteau à découper et improviserait ses meurtres voulez-vous dire ? Non, rien n’est laissé au hasard. D’ailleurs, cet homme ne laisse pas le moindre indice derrière lui... À croire qu’il connaît mes méthodes... »

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée ! Les meurtres de Whitechapel sont contemporains du personnage de Holmes, alors quoi de plus naturel que de mettre le célèbre détective sur l’affaire.

Rien ne m’a vraiment surprise dans le scénario, il faut dire que les retournements sont des théories plutôt populaires. J’ai lu des théories des plus extrêmes comme quoi Holmes et Watson seraient des femmes, d’autres plus classiques, qu’ils seraient homosexuels (en particulier pour Holmes), pour Irène Adler et Holmes ça peut aller de « il n’y a rien eu » jusqu’à « ils ont un enfant », ainsi de suite... Je ne vais pas mentionner les théories que la bédé amène (évidemment !) pour ne pas donner de révélations, juste pour dire que les gens aiment théoriser et imaginer sur ces personnages. J’ai lu des tonnes de théories, donc je m’y attendais un peu quand je les ai vu arriver, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas aimé la bande dessinée. J’ai tout savouré en fait !

Si il y a beaucoup de théories sur Sherlock Holmes, il n’y en a pas moins sur Jack l’Éventreur, personnage réel lui, mais je préfère lire sur Holmes que l’Éventreur. Je veux mentionné en passant que j’ai préféré cette bande dessinée à From Hell d’Alan Moore et Eddie Campbell, dont le travail de recherche est impressionnant, mais c’est gâché par des théories de secte trop extravagantes. La théorie de L’ultime défi n’est pas réaliste évidemment, mais les fans de Holmes, ce que je suis, vont se régaler.

J’ai été contente de voir certaines de mes théories préférées misent en images. J’ai aimé la façon que ça a été amené (même si j’ai trouvé certaines raideurs dans le scénario), on s’attache aux personnages et les quelques touches d’humour ont été très appréciées. Bien que ça ne soit pas un prérequis, je crois que j’ai pu plus savourer les clins d’oeil parce que j’ai lu les oeuvres (je recommanderais en particulier le recueil des Souvenirs sur Sherlock Holmes avec sa nouvelle Le dernier problème). La griffe du dessinateur est agréable, rétro, j’ai aimé le picoté, les couleurs et les traits des personnages sont vivants. Je n’ai pas lu le roman de Michael Dibdin dont la bande dessinée est adaptée, mais ça me donne le goût, je me dis que ça doit être plus approfondi.

Je recommande la bande dessinée à tous les admirateurs des aventures de Sherlock Holmes.

Jubilatoire !!

10 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 5 septembre 2011

Grand admirateur de Sherlock Holmes, je me suis toujours méfié des reprises du personnage de Conan Doyle, pourtant le plus repris à la fois en littérature et au cinéma.
Quelques exceptions toutefois me viennent à l’esprit : « La vie privée de Sherlock Holmes » adapté par Billy Wilder au cinéma et « Les exploits de Sherlock Holmes » par Adrian Conan Doyle et John Dickson Carr, recueil de nouvelles qui reprenaient les canons holmésiens.
Cette nouvelle aventure en bande dessinée est l’adaptation du roman de Dibbin, que je n’avais pas vu passer à l’époque.

Même si Sherlock Holmes redevient à la mode avec le film de Guy Ritchie et sa déclinaison en bd « Sherlock Holmes et les vampires de Londres » (que j’ai tous deux soigneusement évités), je suis très rétif à ce regain d’intérêt. Seule la version originale de Luc Brunschwig et Cécil "Holmes", m’a, pour le moment, passionné.
Pourtant, dès que j’ai aperçu ce livre, j’ai tout de suite été séduit. Séduit par la forme – on croirait lire un journal du début du 20ème siècle avec utilisation d’un mauvais papier- et surtout par le fond. Quel scénario extraordinaire ! Mais j’y reviendrai.
Un seul et unique élément m’a fait pencher vers l’achat instinctif voire compulsif : Jeremy Brett, car le dessinateur a eu la brillante et heureuse idée de faire apparaître Sherlock Holmes sous les traits d’un des meilleurs acteurs ayant interprété le célèbre détective à la télévision, Jeremy Brett, disparu trop tôt.
Du coup, j’ai l’impression d’entendre ses intonations et voir ses mimiques à chaque page. Un régal, vous dis-je. Si Billy Wilder avait certes quelque peu écorné le mythe du détective anglais dans « La vie privée de Sherlock Holmes », le scénariste revisite ici complètement les canons holmésiens avec cette adaptation de Jack l’Eventreur, tout en utilisant les aventures de Conan Doyle (" le dernier problème", Mycroft Holmes, les déguisements de Sherlock Holmes, les chutes de Meiringen) et en distillant dans cet opus des titres d’aventures imaginaires que n’aurait certes pas renié Conan Doyle ("le club des molubdotémophiles ", "la magouste royale"ou encore "le soleil d'azur").

Bien sûr, au fil des pages, on songe au célèbre "From Hell" d’Alan Moore dans les déambulations de Sherlock Holmes et du docteur Watson dans les rues de Whitechapel. Certes, le parti pris d’un dessin assez vieillot peut rebuter certains mais il ne faut pas s’arrêter à cela.

Un formidable pied de nez au mythe de Sherlock Holmes et qui ne peut que ravir les amateurs, tant l’esprit du scénario est fidèle aux autres aventures relatées par Watson, pardon par Sir Arthur Conan Doyle, qui d’ailleurs fait ici une apparition. Watson, dans la seconde partie de cet opus, prend une importance qu’il n’avait pas dans les aventures « classiques » ; mais ne prenez pas garde au quatrième de couverture qui annonce : "A la veille de sa mort, le docteur Watson...", cela peut vous induire en erreur.

J’ai pris un très grand plaisir à lire cette aventure qui tranche vraiment avec le mythe du héros imaginé par Conan Doyle.

Bref, je ne dirai qu’un mot : jubilatoire.

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