Pachyderme de Frederik Peeters

Pachyderme de Frederik Peeters

Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers

Critiqué par Dirlandaise, le 12 avril 2010 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 955ème position).
Visites : 4 568 

Une intrigue à la "Shutter Island"

Le moins qu’on puisse dire c’est que les dessins et les couleurs ne sont pas le point fort de cette bande dessinée. Heureusement que l’histoire est d’une belle complexité et nous réserve des rebondissements salutaires car ma note aurait été très basse.

Nous sommes en Suisse-Romande en 1951. Une jeune femme fort élégante, marche sur une route encombrée de véhicules immobilisés par un éléphant étendu sur la chaussé. Visiblement, l’animal est en mauvais état et des gens s’efforcent de le déplacer afin de libérer la route. Mais cela demandera encore un certain temps et la dame, qui doit se rendre à l’hôpital car son mari vient d’être victime d’un accident, décide d’emprunter un raccourci à pied et de traverser la forêt toute proche, trajet qui lui prendra une vingtaine de minutes à pied. Elle s’enfonce donc dans le sous-bois et y fait une étrange rencontre. Arrivée au centre hospitalier assez sinistre d’aspect, elle réalise que son mari n’est pas celui qu’elle croyait et la réalité lui échappe peu à peu pour laisser place à un monde cauchemardesque dont il lui sera difficile d’échapper.

Comment ne pas faire de rapprochement entre cette histoire et « Shutter Island » pour la complexité de l’intrigue et pour sa fin surprenante. Enfin, ce n’est pas tout à fait la même histoire mais des procédés narratifs sont à l’évidence assez semblables. J’ai bien aimé le personnage principal, cette jeune femme qui semble complètement perdue dans une réalité qu’elle n’arrive plus à bien saisir et qui se débat pour faire la différence entre fantasmes et réel. Mais je crains de trop en dévoiler alors j’arrête ici pour l’histoire.

À propos des dessins, nous retrouvons le procédé de la ligne claire mais je n’ai pas du tout aimé le style. Les visages sont parfois très laids, repoussants, les cadrages sont ordinaires et manquent de rythme. Mais le pire, ce sont les horribles couleurs criardes. Un jaune affreux, un bleu tellement laid et déprimant, un rose bonbon tirant sur le violet tout à fait navrant ! Mais je ne veux pas trop charger l’auteur car c’est peut-être voulu afin de nous plonger dans l’ambiance de ces années d’après-guerre. Mais comme c’est agressant pour les yeux. Cela manque de finesse, de douceur, d’un certain fini dans les détails qui devient très irritant à la longue. Les dialogues manquent aussi de subtilité et sont à la limite de l’ennui.

Une déception donc pour moi. Dommage…

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Un pachyderme, ça trompe énormément…

8 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 20 août 2014

Je ne me risquerai pas à faire l’exégèse complète de cet album, une telle tâche s’avérerait certes passionnante mais assez fastidieuse, tant il y a matière à interprétation. Une fois encore, Frederik Peeters nous entraîne dans un univers fantastique bien à lui, avec ses propres codes, où il est parfois difficile de différencier la réalité du rêve. Déjà ce titre singulier. Le pachyderme en question ne fait qu’une brève apparition au début dans la scène de l’accident. Image terrible : on y voit le regard paniqué de l’animal révélant une âme prise au piège d’un corps trop lourd pour se relever de lui-même. Et on le retrouve à plusieurs reprises sous forme de pendentif indien, lequel semble si pesant au cou de la belle Carice, figée en pleine chute sur la couverture. La jeune femme, en plein questionnement existentiel, prend conscience qu’elle a renoncé à ses rêves de pianiste concertiste pour vivre une existence bourgeoise et ennuyeuse dans l’ombre de son mari fortuné. Le monde lui devient étranger, et à la façon d’une Alice grandie trop vite, Carice (synthèse d’Alice et Caprice ?) va entrer contre son gré dans un univers où les merveilles apparaissent plus inquiétantes que merveilleuses, mais salutaires sans doute.

Côté dessin, rien à redire, on retrouve la maîtrise à laquelle nous a habitué l’auteur suisse, avec un trait unique capable de faire le va-et-vient entre réalisme et onirisme débridé. Les couleurs sont recherchées, avec une dominante cosy saupoudrée de teintes acides, induisant cette notion de confort menacé quelque peu perturbante.

Bien sûr, il y a des tas de choses qui m’ont échappé, et j’ai dû le relire au moins une deuxième fois pour mieux cerner cet objet très zarbi, bien mieux construit qu’il n’y paraît, mais je l’ai fait sans me sentir contraint. L’histoire est tellement fascinante qu’on la lit un peu à la manière d’un jeu de pistes lynchien. De toute évidence, cette BD n’a pas pour objet de distraire mais elle le fait quand même grâce à cet aspect envoûtant qui permet aussi d’exiger la participation active du lecteur.

Tel un récit-miroir qui parle à l’âme, ce Pachyderme tente de nous égarer dans sa jungle luxuriante pour mieux provoquer la panique en nous, comme pour son héroïne sur le fil du rasoir, mais au final récompense notre persévérance d’être allé jusqu’au bout en nous conférant un supplément de légèreté… Une production qui pour moi conforte Frederik Peeters comme un des auteurs les plus originaux et les plus passionnants de sa génération.

inclassable

8 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 5 septembre 2011

Longtemps, j'ai feuilleté les pages de cet album avant de me lancer dans la lecture.
J'avais quelques a priori en découvrant au fil des pages d'étranges créatures, des situations plus que loufoques, mais dès le début de ma lecture, j'ai été littéralement emballé par le scénario de Peeters, qui après" Koma" (avec Wazem) nous refait le coup du récit onirique.
Mais là où "Koma" pêchait par une scénario mal maitrisé, "Pachyderme", au final, se révèle être un petit bijou de mécanique scénaristique.

Je n'ai nullement été déstabilisé par les rencontres réelles ou imaginaires de Carice.
Peut-être à l'image de la longue valse entre le Docteur et Madame Sorrel, nous sommes pris dans le tournis de l'histoire mais la fin nous donne envie de relire l'album sous un autre éclairage.
Le trait de Peeters est très séduisant.

Un Peeters de très bon cru, loin de ses histoires réalistes (comme" RG") ou plus intimiste ("Pilules bleues") voire décalées ("Lupus") de ces dernières années.

Supercherie ou talent fou?

8 étoiles

Critique de Maxrun (, Inscrit le 23 avril 2009, 45 ans) - 20 juillet 2011

Fan du travail de Peeters depuis longtemps, on peut dire qu'il m'a particulièrement bluffé sur Pachyderme. L'histoire est complexe et la fin surprenante. On frôle le surréalisme et l'inexplicable. A lire, au risque d'être un peu déstabilisé. En ce qui concerne son dessin, je n'ai pas été choqué, sans doute parce que je suis habitué à son trait.

Un récit embrouille-cerveau

7 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 18 juillet 2011

« - C’est un rêve. Je suis en train de rêver.
- Ou moi. Ou eux... là autour...
- Ou peut-être ne suis-je pas là en ce moment... »

Dur de résumer une telle histoire, un récit intentionnellement déstabilisant. C’est difficile de savoir ce qui s’est vraiment passé, ni comment. N’ayant ni lu vu Shuttler Island, je ne peux pas faire de rapprochement avec l’histoire ou le style, mais j’ai très aimé. Le point le plus faible est en effet le graphisme. Je ne sais pas, c’est peut-être les couleurs criardes, le trait grossier, en tout cas il manquait quelque chose d’esthétique, mais en général ça collait bien à l’histoire.

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