Fichu voile de Nadia Geerts

Fichu voile de Nadia Geerts

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Le rat des champs, le 12 mars 2010 (Inscrit le 12 juillet 2005, 73 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 717ème position).
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Argumentaire solide

Ce qui est étonnant à la lecture de ce livre, c'est que des choses aussi évidentes doivent encore être dites et répétées!

On sait que le port du voile dit "islamique" n'est pas une prescription du Coran, mais une interprétation salafiste de celui-ci, et que certaines femmes mentent en prétendant le porter "librement". On sait aussi que ce voile est selon ceux (ou celles) qui le défendent censé "protéger" la femme de la concupiscence masculine, mais il est incontestable que c'est un signe discriminatoire, donc intolérable pour tout démocrate, tout au moins dans les écoles et les administrations publiques. Discriminatoire, parce qu'imposé aux seules femmes.

Les dérives sont nombreuses, et on attend toujours d'un législateur étonnamment muet sur le sujet une décision courageuse visant à protéger les musulmanes qui sont forcées à le porter par leur entourage, comme le démontre le cas de Karima, auteur du livre "Insoumise et dévoilée". L'école, le parlement, les administrations publiques doivent être et rester des espaces de neutralité dans lesquels personne ne peut avoir le sentiment, réel ou non, qu'une communauté, aussi respectable soit-elle, est privilégiée par rapport à une autre.

La situation est en effet préoccupante en Belgique, où l'absence de décision et de courage politique fait que les décisions d'accepter ou de refuser le foulard sont entre les mains des directeurs d'école. Le dilemme devient alors pour eux de risquer de perdre des élèves ou de transformer leur école en ghetto.

Sur ces bases, Nadia Geerts nous offre une réflexion laïque, citoyenne et antiraciste de haute tenue. Il ne s'agit en aucune manière de discréditer l'islam ou d'empêcher le droit d'expression des sentiments religieux de quiconque, mais d'interdire purement et simplement l'expression ostentatoire de ceux-ci, qui viole les principes laïques.

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en pleine actualité

10 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 26 juin 2010

Se rencontrer, vivre ensemble et rejeter l'enfermement


Une femme élue est entrée au parlement en portant un voile. Si cette affirmation d'une double soumission a déclenché une polémique, aucune interdiction ne lui fut faite.
Si la société devient multiculturelle et si le droit d'afficher ses convictions religieuses et philosophiques est inaliénable, alors les athées peuvent exhiber eux aussi partout leurs convictions ! ?
C'est ce qu'a voulu vérifier Franck Sweijd en se présentant devant le parlement bruxellois en portant un simple chapeau indiquant "Dieu n'existe pas"! Il s'est retrouvé au poste de police.
Il a montré par l'absurde à la fois la différence de traitement existant entre athées et croyants et à la fois l'intérêt d'une "neutralité convictionnelle" pour vivre ensemble.
L'auteure explique bien dans son livre la distinction entre la liberté de circuler dans la rue en voile et l'obligation en termes de protection de l'enfant ou de neutralité des services publics d'interdire les signes d'appartenance religieuses aux mineur(e)s dans les écoles et aux fonctionnaires.
La Belgique ce n'est pas la France et la séparation des églises et de l'Etat n'existe pas.
Mais aujourd'hui de plus en plus de belges regrettent que cette laïcité institutionnelle soit absente.
L'auteure montre clairement que le port du voile n'est qu'une interprétation fondamentaliste du Coran et démonte avec une pointe d'humour l'argumentaire de celles qui défilaient-peu nombreuses d'ailleurs à Paris- contre la loi du 15 mars 2004 : manifester sous la bannière de "Liberté, Egalité, Fraternité" avec le slogan "Mon voile, c'est ma liberté" "est à cet égard indéniablement plus porteur, en effet, que "Mon voile, ce sont mes chaînes et j'y tiens"
Le livre aborde toutes les questions essentielles sans se laisser aller aux deux déviations porteuses de dangers : celle qui prône le laisser faire et les accommodements importants dits raisonnables et celle qui confond l'islam et l'islamisme.
C'est en France et ailleurs un débat essentiel qui divise les laïques entre eux et qui conduit vers des dérives communautaristes pour les uns, nationalistes pour les autres.
La diversité reconnue ne doit pas conduire à tout accepter car le cadre général intangible doit être la Convention européenne des droits de l'homme : "C'est un socle de valeurs communes qui, dans l'intérêt même des différentes composantes de la société ne peut être remis en question."
Les intégristes seraient les perdants de l'application réelle et complète de cette Convention, mais les femmes et les hommes, musulmans, catholiques, juifs, athées ou agnostiques auraient tout à gagner.
La conclusion de la postface de Caroline Fourest fixe clairement le combat que nous devons mener :
"Rien n'est plus urgent que de résister au populisme en proclamant qu'une autre approche est possible : l'universalisme interculturel et laïque"

Jean-François Chalot

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