Il est parmi nous de Norman Spinrad
( He walked among us)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Ralf, le comique pas drôle venu du futur...
Texas Jimmy Balaban, producteur de numéros de music-hall de second ordre, découvre sur la scène d'une boîte minable Ralf, un comique étrange qui se présente comme venant du futur et qui ne quitte jamais son personnage décalé. Jimmy essaie de placer son poulain à la télévision sur une chaîne plus que confidentielle. Pour cela, il lui adjoint Dexter, un écrivain de science-fiction courant après le succès, qui lui écrira ses textes et Amanda Robin, la grande prêtresse du New-Age de la Côte Ouest qui trouvera des participants pour compléter le plateau. Contre toute attente, l'émission intitulée « Le monde selon Ralf » rencontre un certain succès. Et pourtant Ralf n'est ni drôle ni amusant. Il décrit un futur dans lequel la biosphère a été dévastée, l'air est devenu irrespirable et les derniers représentants de l'espèce humaine se sont réfugiés dans des centres commerciaux pressurisés. Mais qui est véritablement Ralf ?
De plus en plus politique, Spinrad se sert du prétexte de la science-fiction et des voyages dans le temps pour nous faire passer une leçon d'écologie apocalyptique. L'intrigue assez basique intéresse le lecteur au début, mais passé les 300 premières pages, il commence vraiment à s'ennuyer, puis le livre lui tombe carrément des mains car il en reste 400 qui semblent interminables ! Heureusement sur la description du milieu du show-biz, la manière de produire des talk-shows au rabais pour une chaîne de télé poubelle ainsi que sur le milieu plutôt baroque pour ne pas dire glauque des fans de science-fiction, Spinrad déploie toute sa verve, son ironie et son humour grinçant. Dommage que l'histoire ne soit pas à la hauteur... Livre très inférieur à ses chefs d'oeuvre, « Rêve de fer », « Les années fléaux » ou « Jack Barron et l'éternité ». Pour ne rien arranger, ce livre est truffé de coquilles, et de fautes d'orthographe. Par endroit, des mots entiers ont disparu. Quel manque de professionnalisme pour une maison aussi réputée que Fayard !
Les éditions
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Il est parmi nous [Texte imprimé], roman Norman Spinrad traduit de l'anglais (États-Unis) par Sylvie Denis et Roland C. Wagner
de Spinrad, Norman Denis, Sylvie (Traducteur) Wagner, Roland C. (Traducteur)
Fayard
ISBN : 9782213636900 ; 24,30 € ; 18/03/2009 ; 691 p. ; Broché
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Cynique prophète
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 21 mai 2013
Ou « Quand la Science-Fiction nous en dit plus sur nous encore une fois » pourrait être le titre d'à peu près tous les bons romans relevant de ce type de littérature. Car contrairement à ce que pensent les cuistres, il ne s'agit pas de faire de la futurologie ou de jouer les « Madame Irma » mais de parler de notre monde. C'est bien pour cela que les créateurs de la « New Thing » dans les années 60, représentés par J.G Ballard ne se sont même plus embarrassés de parler du futur, mais de rester au présent.
Lire de la littérature « de genre », roman noir ou Science-Fiction, pour les types sérieux, c'est une perte de temps. On me fera remarquer que la littérature est une perte de temps dans leur esprit en général. Qu'ils ne s'embêtent donc pas à lire ce texte où comme les autres on aime beaucoup la littérature et on en parle beaucoup.
Norman Spinrad est un auteur classique de Science-Fiction, bien que cantonné à l'« underground », aux pulps de bas étage, et les romans vaguement gauchisants du moins au début. Il a écrit des épisodes de « Star Trek », comme "The Doomsday machine", à la suite d'Harlan Ellison, des scénarii alimentaires mais qui restent intéressants, puis a pris une autre dimension.
Il a écrit « Bug Jack Barron » (« Jack Barron et l'éternité » dans lequel le présentateur d'un show d'« infotainement » a le choix entre perdre son humanité et l'éternité) sur les dérives tout à fait possibles à son époque des médias, du mode de vie ultra-libéral et des conséquences pour les puissants et les privilégiés. A l'époque, on lui reprochait de pousser un peu loin la caricature et de faire dans le trash gratuit. Nous savons bien, il suffit d'allumer la télévision ou son ordinateur, pour voir qu'il n'en est rien, et qu'il était plutôt en-deçà, y compris pour la parodie de démocratie et d'agora politique que pourrait devenir également le réseau si l'on n'y prenait garde.
C'est un peu Philip K. Dick sans les amphétamines et le délire mystique, sans la légende psychédélique autour du LSD, et les romans à clefs spirituelles, ou pas, car il est possible que Phil Dick soit surtout un manipulateur et une sorte de fumiste littéraire.
Dilettante de génie mais dilettante, ce qui à notre époque est un crime beaucoup plus grave que tout les autres.
Norman Spinrad écrit des choses dans ce genre :
« Le jour le plus triste de votre vie n'est pas celui où vous décidez de vous vendre. Le jour le plus triste de votre vie est celui où vous décidez de vous vendre et où personne ne veut vous acheter. »
Ce n'est pas un optimiste béat comme Isaac Asimov, et il est moins intellectuel que Robert Silverberg qui parfois est difficile à suivre.
Même si parfois il fait dans le genre prophète psychédélique pour « Freak brother » en prononçant des sentences presque définitives, par exemple comme celle-ci :
« Au XXIème siècle, il nous sera possible de choisir préalablement l'état mental dans lequel nous désirons être plongés, puis de fabriquer la molécule qui nous permettra d'y arriver. »
Il arrive d'ailleurs dans « Il est parmi nous » à se moquer de ce genre de formules grandiloquentes prononcés par des auteurs de Science-Fiction qui ne savent plus trop ce qu'ils disent à force de s'envoyer divers alcools pour tenir le coup face aux fans peuplant les différentes conventions SF où ils ont l'habitude d'intervenir en alibi culturel devant des obèses habillés en Spock, ou des boulottes déguisées en danseuses du ventre intergalactique, soient des « globuloïdes » comme il les désignent. Ils se moquent d'eux et les traitent durement, mais qui aime bien châtie bien selon la formule consacrée.
Un producteur de télévision fauché et un rien minable, « Texas » Jimmy Balaban cherche une idée qui ne soit pas trop mauvaise à vendre aux chaînes. Il a pour habitude de ramasser des phénomènes dans les rues et de les montrer dans une émission qui s'apparente plus à de la télépoubelle qu'à l'« Actors Studio » de James Lipton. Les monstres de foire défilent avec les fous persuadés de la seconde venu de Bouddha sur terre en soucoupe volante, alternant avec les dingues certains d'être la réincarnation de Nabuchodonosor.
En allant à un spectacle minable d'un cabaret de province, après s'être fait arnaqué par le propriétaire de l'hotel miteux où il est descendu, avec une jeune personne surtout intéressée par les contrats que pourraient lui trouver le producteur, et son portefeuille, il découvre celui dont il pense qu'il fera sa fortune.
Il y assiste à la prestation dudit personnage, un type bizarre habillé comme l'as de pique qui agresse et insulte copieusement le public, faisant un show à la « Lenny Bruce » du futur, ironisant sur la bêtise de notre époque qui a eu pour conséquence la disparition de quasiment toutes les ressources et qui a rendu la terre inhabitable. Selon Ralf, les êtres humains du futur vivent dans les palais des congrès, les centres commerciaux, les parkings de leurs ancêtres, transformés en casemates climatisés, atteignant par là-même le dernier stade du consumérisme qui fait que le consommateur n'a même pas à quitter son domicile pour aller dépenser l'argent qu'il n'a pas, puisqu'il y est déjà.
Pour s'assurer un succès et du public, et des revenus conséquents, il faut cependant aider Ralf à trouver les inflexions et le costume qui plairont au plus grand nombre. Sans que l'on sache vraiment si c'est un comique raté qui a trouvé un gimmick, un messie caustique et cynique un peu spécial, un sage, ou un véritable acteur venu du futur tenter sa chance à notre époque. Pour cela, Texas Jimmy Balaban s'offre les services d'Amanda Robin, grande prêtresse de la communication et du « New Age » pour « people » croulant sous les millions et l'ennui.
Pour elle, Ralf légitime sa quête spirituelle et ses aspirations qu'elles voudraient nobles et grandioses alors que c'est surtout une quête d'elle-même, une quête individuelle et seulement individuelle.
Pour s'assurer un succès et au moins une « saison » d'émissions, Amanda et Texas Jimmy Balaban font appel à Deter Lampkin, un auteur de Science-Fiction raté qui a malgré tout sa petite côterie de fans dits « transformationnalistes », censés préparer le renouveau de la planète en suivant les préceptes édictés par Dexter dans un de ses romans ayant dans l'idée de suivre le genre de trouvailles qu'a été au départ la scientologie, d'abord religion inventée pour un bouquin à deux sous de L. Ron Hubbard et vendue ensuite comme authentique moyen d'obtenir le salut.
Dexter voit surtout dans Ralf la légitimation de ses aspirations à la gloire et à la consécration, fût-ce celles-ci en partie satisfaites par l'adulation compulsive que lui porte une des ses fans. Il se laisse aller avec celle-ci à un rendez-vous crapuleux dans sa chambre d’hôtel standardisée.
Le projet d'émission autour de Ralf, intitulée simplement « le monde selon Ralf » est présenté à un décideur de la télévision, Archie Madden, prototype du noir américain « WASP », un peu comme Obama donc, carnassier et séducteur, toujours entre deux golfs avec l'un ou l'autre politique, dur et malléable. Archie Madden n'a plus grand-chose de ses ancêtres, il ressemble à tous les types en costume-cravate sans pitié que l'on trouve dans tous les non-lieux pullulant en ce vaste monde globalisé et sans cervelle.
La carrière de Ralf finira dans le délire le plus complet et une tentative d'assassinat par une groupie hystérique défoncée au crack qui voulait tuer le messie cathodique pour avoir l'impression d'exister. Et il repartira d'où il était venu, sans que l'on sache si c'était le futur ou simplement l'Oklahoma....
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