Ressusciter de Christian Bobin
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités
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Un peu trop mystique et éthéré...
Voici le tout dernier livre de Christian Bobin. Il ne nous raconte pas une histoire, mais nous donne plutôt une série d'impressions, fugitives ou plus détaillées, qu'il a de la vie, de Dieu, des fleurs, de la mort.
J'en ai lu beaucoup écrits par Christian Bobin (trente et un avec celui-ci), mais ce livre-ci me laisse une impression assez différente des autres. Il y a bien sûr de superbes phrases tant par le style que par le contenu, comme : « Une intelligence sans bonté est comme un costume de soie porté par un cadavre », « .Ils se vantent d’avoir l’esprit libre et, lorsqu’on leur parle de Dieu, deviennent aussi furieux qu'un chien tirant sur sa chaise au passage d’un vagabond. » ou encore « On ne peut bien voir qu'à condition de ne pas chercher son intérêt dans ce qu'on voit. »
Autorisez-en-moi encore deux : « .tout doit trouver sa place sur terre, même la noirceur du coeur humain. » et cette dernière que j’ai assez appréciée aussi : « J'ai trouvé Dieu dans les flaques d'eau, dans le parfum du chèvrefeuille, dans la pureté de certains livres et même chez des athées. Je ne l’ai presque jamais trouvé chez ceux dont le métier est d’en parler. »
Dans ces textes, Christian Bobin me donne cependant la sensation de s’envoler de plus en plus dans un certain mysticisme et de s'éloigner des pauvres mortels que nous sommes. Il en vient presque à ce que nous nous demandions si nous ne sommes pas de trop dans toute cette vaste création qu’est l’univers. Une question qu'il ne nous est pas facile de trouver agréable.
A force de se dépouiller, on devient un ascète et l'on vit hors de notre monde, celui des hommes comme ils sont. C’est son droit, mais faut-il alors s’étonner de se trouver hors du monde pour les autres ?…
Cette dernière phrase me semble illustrer sa démarche : « J’enterre beaucoup d'écrivains dans des cartons que je descends ensuite à la cave : mon cœur se simplifie en même temps que ma bibliothèque. » Que certains méritent la cave, c’est évident, mais je suis un rien inquiet à penser qui doit s’y trouver, supposant au départ qu’il n'a déjà pas acheté n'importe quel écrivain.
Les éditions
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Ressusciter [Texte imprimé] Christian Bobin [ill. par Gilles Dattas]
de Bobin, Christian Dattas, Gilles (Illustrateur)
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782070760688 ; 17,75 € ; 30/09/2001 ; 167 p. ; Broché
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Le pur instant
Critique de Glencoe (, Inscrite le 17 juillet 2008, 60 ans) - 18 novembre 2009
Mais revenons à cette mort et à cette résurrection dont on espère qu'elle peut à tout moment triompher. Plus recueil de pensées, de brèves incursions vers plus de lumière, que véritable 'livre', « Ressusciter », publié en 2003, prend le pouls du monde via celui de Mr Bobin. Il y a d'abord la mort du père frappé d'Alzheimer, « Il y a parfois entre deux personnes un lien si profond qu'il continue à vivre même quand l'un des deux ne sait plus le voir » (p. 25), sans doute pas aimé autant qu'on l'aurait voulu. Puis, vraisemblablement celle des liens superficiels avec l'Église, « Dieu ne se tient pas dans la maison du maître. Il s'abrite dans cette cabane faite de planches assez mal ajustées pour que l'aile d'une lumière s'y faufile » (p. 67). Enfin, et la liste est décidément trop longue pour la dresser dans aucun livre, toutes ces petites morts qui viennent successivement grignoter le tissu même de la vie. Dans ces conditions, que pouvons-nous faire?
Christian Bobin croit à l'attention: à la vie, à la vraie rencontre avec l'autre, bref à tout ce qui vaut la peine d'être préservé et célébré. Célébré? Oui, mais pas question ici de religion, ni même de référence à une quelconque école de pensée. Si sagesse il y a, c'est un fruit né de la patience et de la gratitude devant la vie et les êtres aimés, vivants ou morts. Donc, prendre son temps et croire au silence et à sa lumière « J'aurais aimé passer ma vie à ne pas dire un mot ou bien juste les mots nécessaires à la venue de l'amour et de la clarté, très peu de mots en vérité, beaucoup moins que de feuilles sur les branches du tilleul » (p. 37). Ensuite, rendre grâce à tout ce qui se trouve sur notre route, et ne pas faire le tri dans ce qui vient, car tout est une parcelle du tout. Et c'est à ce tout, à cette vie, que Christian Bobin rend hommage « Ce n'est pas sa beauté, sa force et son esprit que j'aime chez une personne, mais l'intelligence du lien qu'elle a su nouer avec la vie », (p. 113). Parvenu au terme de ces 163 pages, lumineuses souvent, agaçantes parfois – Mr Bobin a en effet la fâcheuse manie de se croire mieux que le reste du monde, probablement du fait de son isolement – le lecteur est en droit de se demander si, plutôt que de résurrection, il s'agit avant tout d'éviter de mourir. Alors, la vie, la mort, l'amour? Et si tout se jouait dans le pur instant? Car, « C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble » (p.20).
Sagesse du simple
Critique de CCRIDER (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans) - 28 novembre 2004
Rien que quelques lignes de cette eau sauvent le bouquin et me laissent admiratif devant tant de simplicité dans la sagesse ou tant de sagesse dans la simplicité . Mais enfin , même un livre de Bobin moyen est mille fois meilleur que les oeuvrettes de certaines et certains que je ne nommerai pas disons par charité !
Revivre
Critique de D'Artagnan (Tournai, Inscrite le 24 octobre 2001, 61 ans) - 5 février 2002
Je crois que ce livre a été écrit peu de temps après la mort du père de Christian Bobin, décédé de la maladie d'Alzheimer (expérience qu'il distille dans "La présence pure"). Peut-être ceci explique-t-il cela... D'autre part, c'est un auteur très solitaire, et de fait, il semble se détacher davantage, suivre un chemin intérieur de dépouillement, de distance. Mais je ne suis pas sûre que cela signifie s'éloigner définitivement de ses semblables...
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