Rébétiko (la mauvaise herbe) de David Prudhomme
Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers
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On ne vend pas le vent... il disparaît !
Comme l’explique David Prudhomme dans le préambule de cette bande dessinée, le rébétiko est une musique issue des quartiers mal famés, les prisons, les fumeries de haschish des ports du Pirée, de Thessalonique et d’Athènes. Le rébétiko a pris naissance dans les années vingt. Les musiciens qui le jouent se nomment les rébètes. Ce sont des marginaux, des exilés, des immigrés orthodoxes d’origine turque qui se sont exilés suite à la défaite de 1922. Ils survivent dans les bas-fonds et sont considérés comme des parasites par la population de Grèce.
L’histoire se déroule donc à Athènes en 1936. Nous suivons un groupe de cinq amis rébètes au cours d’une seule nuit qui s’avère très mouvementée. Il y a l’élégant et racé Stavros, Batis l’antiquaire, le « chien », Markos qui vient tout juste de sortir de prison et finalement Artémis. Et n’oublions pas la belle et mystérieuse Béba qui se joint au groupe afin de les accompagner au tambourin. Donc nos cinq amis se réunissent dans la soirée pour jouer dans une sorte de taverne mais lorsque la bagarre éclate, ils doivent changer d’endroit et poursuivre la nuit ailleurs. Cependant, un mystérieux homme en noir suit le petit groupe qui se demande bien qui il peut bien être et ce qu’il leur veut. Ce sera une nuit mémorable pour tous et qui scellera le destin de l’un deux.
J’avais beaucoup de réticences à débuter ma lecture. Les dessins et les couleurs délavées ne m’attiraient pas particulièrement. Le trait est parfois précis sur certaines planches mais très flou sur d’autres. Le jaune domine avec des touches de rouge, beaucoup de noir et de bleu sur la fin. L’atmosphère est lourde, inquiétante, sombre et laisse présager le pire. Mais dès les premières pages, j’ai été conquise par les personnages si attachants et typés. Ils sont tous unis et forment un groupe soudé par une amitié sans faille malgré leurs différences de caractère. Et je les ai suivis tout au long de cette nuit sans pouvoir arrêter ma lecture tellement j’étais captivée par leurs ennuis, leurs joies, leurs petites querelles, leurs moqueries, leurs bouffonneries. C’est très grec comme atmosphère et aussi très humain. L’accent est mis sur la musique mais je suis un peu frustrée de ne pas avoir pu l’entendre cette musique et c’est là tout le problème de cet album. Le thème principal en est le rébétiko mais on ne peut malheureusement pas l’entendre cette fameuse musique et cela frustre au plus haut point. Reste l’histoire mais il manque quelque chose d’important qui ne peut pas être apporté par un simple livre. Ceci dit, c’est tout de même un travail remarquable et extrêmement intéressant qui donne envie d’en savoir plus sur cette forme d’expression musicale si précieuse pour les rébètes. Enfin, je me suis bien amusée malgré les quelques drames et situations déplorables que doivent affronter les protagonistes mais l’humour, la musique et la camaraderie constituent un rempart efficace contre les malheurs et les aléas de la vie de nos cinq complices. Excellent !
« Si vous pouviez entendre la musique que j’ai dans la tête. Elle respire jusqu’à La Poli (Constantinople), suit les chemins byzantins, reviens ici, repart… libre ! Quant à finir en disques, c’est pareil, on va se mettre beaux dans des galettes de cire qu’ils vont vendre. C’est les légumes qu’on vend. Qui peut vendre des notes ? On ne vend pas le vent… il disparaît ! »
Les éditions
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Rébétiko [Texte imprimé], la mauvaise herbe David Prudhomme
de Prudhomme, David (Scénariste)
Futuropolis
ISBN : 9782754801911 ; 21,00 € ; 08/10/2009 ; 104 p. ; Broché
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