Dieu en personne de Marc-Antoine Mathieu
Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes
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Des bulles métaphysiques
Lors d'un recensement de la population, l'administration se trouve confrontée à un individu n'ayant ni numéro de sécurité sociale, ni papiers d'identité. A la question de son identité, ce dernier répond : Dieu. Ce sont les conséquences de cette arrivée divine que Marc-Antoine Mathieu nous donne à voir, notamment le procès de Dieu, perçu comme "coupable universel" (puisque cause de tout).
Une idée bien originale que celle de faire apparaître Dieu, d'un coup et d'un seul, parmi les hommes. On peut au moins accorder cela à l'auteur. Car pour le reste, je n'y ai pas vraiment trouvé mon compte.
Ce qu'il faut souligner de prime abord, c'est que cette bande dessinée n'est pas faite pour tous les amateurs du genre. Les amoureux des couleurs chatoyantes, des planches à la géométrie singulière, des scénarios aguicheurs qui vous tiennent en haleine, passez votre chemin. C'est ce que j'aurais du faire, mais, bon comme je suis, je me suis dévoué à la lecture de ce "Dieu en personne" pour prévenir ceux qui partagent mes goûts d'aller voir ailleurs.
Non, l'intérêt de ces 122 pages de dessin (c'est long 122 pages quand c'est long...) se trouve ailleurs. Y trouveront donc leur compte les amoureux de la pensée, de la référence philosophique ou de la satire sociale. En effet, l'accent est bien moins mis sur la forme que sur le fond. "Dieu en personne" donne conjointement à penser la question métaphysique de Dieu (avec, d'ailleurs quelques références philosophiques) et la nature profondément mercantile de notre société, le tout avec une petite pointe d'humour que certains apprécieront.
De ce point de vue là, il faut le reconnaître, l'ouvrage est plutôt réussi. Reste à savoir ce que l'on cherche en ouvrant une bande dessinée. Moi, je ne veux pas penser, je veux rêver, et là... c'est pas la bonne BD.
Les éditions
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Dieu en personne [Texte imprimé] Marc-Antoine Mathieu
de Mathieu, Marc-Antoine (Scénariste)
Delcourt
ISBN : 9782756014876 ; 17,95 € ; 09/09/2009 ; 122 p. ; Album
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Le Verbe est Dieu !!
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 13 juin 2015
"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu."
La suite repose donc sur la Parole, qui nourrit notre instinct grégaire, dussions-nous nous ridiculiser !
On ne le voit jamais ce Dieu, sinon de dos ou visage flouté. Mais ses interprètes, philosophes, historiens, aux noms transparents (rire), font de lui le Sujet de leurs discours, prolixes, savants - et amusants pour le lecteur !
on cause, on cause, on cause... (rire)
Le Créateur au tribunal
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 26 mars 2012
Ceux qui ont apprécié les délires de Julius Corentin Acquefacques pourront être quelque peu déçus, car il est vrai que l’ouvrage, exigeant, se rapproche davantage d’un huis-clos alors que la série en cinq tomes nous avait emmené dans (presque) toutes les dimensions possibles jusqu’à en perdre haleine… Pourtant, aucun doute, il n’y a pas de rupture de style, et on est bien dans la continuité des questions soulevées dans « L’Origine », simplement l’auteur cherche encore davantage à alimenter la réflexion métaphysique chez le lecteur. C’est dense, touffu, voire cérébral, mais cela reste toujours très créatif, et au moins on est sûr d’une chose : Mathieu ne prend pas son public pour des c***.
Il est presque étonnant que cette BD remettant en cause l’existence d’un dieu (chrétien visiblement, même si toutes les religions sont plus ou moins concernées) ne se soit pas attirée les foudres des intégristes qui régulièrement vont pleurnicher devant les théâtres ou les cinémas… Sans doute parce qu’on n’y voit ni cul, ni bitte, ni chatte, ou toute autre production « impure » de la création…
Moi, j'ai aimé !
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 23 janvier 2010
Il crée, en 1990, un personnage atypique dans cet univers de la bédé, Julius Corentin Acquefactes. En quelques albums, il montre que l’on peut, en bande dessinée comme avec de nombreux autres systèmes narratifs, aborder l’absurde et une forme de réflexion existentielle que l’on n’imaginait pas arriver ainsi dans le neuvième art… Oui, dans la bande dessinée, il n’y a pas que des gros nez, des gags et des super-héros…
Quoique… Quand on voit arriver « Dieu en personne » dans son dernier album on peut craindre le super-héros ou la bande dessinée mystique… En fait, il n’en est rien ! Cette bande dessinée peut être lue de façons différentes. On peut la prendre comme un majestueux gag ! Si ! Mettre le personnage de Dieu en bande dessinée ne serait qu’une grande plaisanterie, une façon de rigoler d’un monde où Dieu reviendrait en force avec de trop nombreux extrémistes… Mais, en même temps, reconnaissons que l’ouvrage aborde de nombreuses questions, fort pertinentes, et, du coup, l’album a un aspect métaphysique. Il questionne, il pousse le lecteur, même athée, à se demander s’il y aurait, ou non, de bonnes raisons de croire en l’existence de Dieu.
Mais, Marc-Antoine Mathieu ne souhaite pas nous faciliter le travail. Chaque affirmation du livre est suivie d’une contradiction bien pesée, histoire de montrer que rien n’est définitivement acquis. Oui, Dieu existe, Dieu est inventé par les hommes, Dieu est mort… Allez savoir !
Pour aborder cela, l’auteur ne joue pas les théologiens ou les philosophes. Il nous raconte une histoire, ce qu’il sait faire depuis longtemps, ce qu’il fait très bien et avec un talent quasiment unique en son genre. Donc, on voit, un jour, Dieu revenir sur terre, être confronté aux hommes, ses créatures, à leur bêtise, à leur cupidité, leur soif de pouvoir… On croise des hommes politiques, des banquiers, des avocats, des artistes, des gens ordinaires… tout le monde a la parole, tous peuvent s’exprimer mais le lecteur peut parfois être en difficulté. Tant d’opinions, tant de versions du grand retour de Dieu ne facilitent pas la compréhension et la construction de sa propre idée…
Le dessin en noir et blanc est presque parfait, la narration graphique est assez lente pour permettre aux idées d’atteindre le lecteur dans son cortex le plus profond…
Un seul bémol, pour moi. Après un ouvrage de cette qualité, je m’attendais à une fin encore plus surréaliste, plus étonnante, plus sublime, plus divine, bien sûr… Mais, en relisant une seconde fois le dernier chapitre, je me demande si ce n’est pas encore un élément fort de ce récit… A voir !
Rien que pour le dessin et le thème qu’il fallait oser aborder, Marc-Antoine Mathieu mérite son Grand Prix de la Critique 2010 et votre attention de lecteur !
Un noir et blanc plus terne que le noir et blanc
Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 13 décembre 2009
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