Un commissaire de police en croisade...

On a connu les chevaliers croisés, l'auteur nous propose désormais le policier croisé…
En effet, il ne faut pas manquer de foi dans ce pays pour contester des contraventions et surtout "aboutir".
Ainsi, Philippe VENERE dans son "manuel de résistance contre l'impôt policier", commissaire de police, ancien officier du ministère public et professeur à Paris VIII a décidé de s'attaquer à une taxe qui ne dit pas son nom…la taxe contraventionnelle.
Pour sûr, ce livre relève davantage d'un petit guide que d'une œuvre littéraire majeure tant il est répétitif.
Pour autant, l'argumentation est bien menée même si je reproche à l'auteur une déduction numérique à l'emporte-pièce pour justifier "ses" propres statistiques de la "manne contraventionnelle" qui avoisinerait les 4 à 5 milliards d'euros.
Dans une première partie de l'ouvrage, l'auteur tente de démontrer comment la politique du "tout répressif" en matière de contraventions a pu gagner non seulement les uniformes étatiques (police nationale & gendarmerie), mais également les édiles locaux au travers de leurs brigades de police municipale et des Agents de Surveillance de la Voie Publique.
Il est certain que chacun y trouve un intérêt financier.
Les uns parce que le paiement des contraventions remplit les caisses du Trésor Public, les autres parce qu'il existe annuellement, un reversement partiel aux communes du montant récolté.
Le commissaire VENERE, tout en prenant soin de différencier les situations dangereuses de celles qui ne le sont pas, dénonce surtout la méthode de gestion du contentieux de masse.
Il explique assez justement que tout est fait pour que le citoyen verbalisé paie et soit découragé d'exercer son simple droit à recours. D'ailleurs, pour les officiers du ministère public que j'ai rencontré, payer sa contravention signifie…l'accepter; même si on accompagne son paiement d'une contestation en bonne et due forme !
L'auteur s'attaque aussi à l'avalanche coûteuse de technologie mise en avant pour démultiplier les recettes de cet "impôt policier", notamment les radars automatiques ou embarqués.
En cela, je ne peux que le rejoindre et me demande pourquoi cet argent dépensé en pléthore de radars ne serait-il pas investi plutôt aux frontières de l'Europe, par l'acquisition de Scanners à poids lourds permettant l'inspection par rayons X afin de détecter les traces d'explosif ou de drogues qui inondent la communauté européenne…
Le commissaire soulève que "83% des contraventions" dressées par ces moyens automatisés sont de "petits excès de vitesse", ce chiffre étant en constante augmentation alors même que les accidents impliquant la vitesse sont en notable diminution. Il en déduit ainsi la preuve que ces radars n'ont aucun but préventif mais ont simplement pour but de "remplir les caisses de l'Etat".
Il dénonce au travers d'anecdotes le changement de comportement des agents en uniformes qui, voulant "faire du chiffre", feraient de moins en moins preuve de discernement et surtout…feraient une interprétation très "personnelle" des situations de verbalisation.
Dans une seconde partie, l'ancien officier du ministère public détaille les astuces de procédure permettant la contestation des procès verbaux ou des ordonnances pénales.
Il en vient également à avouer qu'il s'agit, notamment concernant la récupération des points de permis de conduire, d'un nouveau business juteux pour avocats.
Cette seconde partie fait l'objet de nombreuses redondances avec la précédente, ce qui rend la lecture des 247 pages quelque peu lassante.
Quelques modèles de lettres permettront sans doute au lecteur de contester les contraventions qui lui semblent injustifiées…c'est pourquoi on gardera ce manuel précieusement dans sa bibliothèque.

Fabrice ROUDERIES

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  Manuel de résistance contre l'impôt policier [Texte imprimé], comment contester vos contraventions Philippe Vénère

  de Vénère, Philippe
  Max Milo / Essais et documents (Paris. 2005)
  ISBN : 9782353410705 ; 12,64 € ; 17/09/2009 ; 254 p. ; Broché

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