Les étonnantes origines de la querelle linguistique en Belgique de Jean-Marie Gillet
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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Un faux problème qui crée de véritables nuisances...
Sous forme d'un dialogue avec sa filleule Perrine, Jean-Marie Gillet revient sur les origines de la querelle linguistique en Belgique, notamment en faisant appel aux découvertes de l'anthropologie. A force d'être répétés par la presse et les responsables politiques, certains clichés et légendes s'incrustent dans les consciences et finissent par s'imposer comme s'il s'agissait de vénérables vérités.
L'auteur démontre que les Flamands et les Wallons ont une histoire commune bien avant 1830. Un exemple : suite au rachat du comté de Namur par le comte de Flandre Gui de Dampierre pour son fils Jean, la Flandre et Namur forment un seul Etat et ont, tous les deux, le lion flamand sur leur blason respectif. A partir du Moyen Age, les anciennes principautés féodales se regroupent peu à peu autour du Brabant. Les dernières années du XVIème siècle voient naître deux Etats antagonistes : la république des Provinces-Unies (les actuels Pays-Bas) et les Pays-Bas méridionaux (l'actuelle Belgique moins la principauté de Liège). L'opposition entre ces deux Etats est surtout religieuse.
Jean-Marie Gillet fait remarquer avec raison : "L'illusion est de croire qu'il existe des Etats naturels, des Etats de bonne qualité, et d'autres qui seraient artificiels, des Etats de pacotille, de la camelote d'Etat. Tous les Etats du monde sont des créations politiques, ils sont donc tous artificiels : la Belgique, la France, comme tous les autres. C'est la durée qui nous donne l'illusion que l'existence d'un Etat va de soi, qu'il n'aurait pas pu ne pas être et que c'est dans le cours naturel des réalités de ce monde qu'il fallait qu'il fût là".
On cite souvent la lettre ouverte de Jules Destrée au roi Albert Ier en 1912 ("Sire, il n'y a pas de Belges : il y a des Wallons et des Flamands"), mais il avait changé de discours après la première guerre mondiale. Ainsi en 1921, il a écrit : "Le fleuve Escaut roule ses eaux et ses idées de Tournai à Gand, et les prestiges d'une merveilleuse école d'art, qui devait réjouir le monde et la postérité, sont également magnifiques en Wallonie et en Flandre. Toutes ces splendeurs, c'est notre passé belge et ce serait diminuer notre richesse que de le vouloir séparer, ce serait folie que de vouloir en opposer une partie à l'autre".
La Question Royale a-t-elle marqué une fracture entre le nord et le sud du pays? Oui si on analyse les résultats de la consultation de 1950 sur le plan linguistique. Si on prend le critère politique, on remarque que les provinces socialistes (Anvers, Hainaut, Liège, p.ex.) ont voté contre le retour de Léopold III, tandis que les provinces catholiques (Luxembourg, Flandre occidentale, p.ex.) ont voté en sa faveur. En ce qui concerne les transferts financiers, Jean-Marie Gillet rappelle qu'ils ont eu lieu dans le sens sud-nord jusqu'au milieu du 20ème siècle, que les provinces de Liège et du Hainaut ont autrefois assuré la prospérité de tout le pays, et que le Brabant wallon est la province la plus riche de Belgique.
Terminons par deux citations de l'auteur :
1° "On a transformé un Etat unitaire en un Etat fédéral sans jamais rien demander aux citoyens et cela sous prétexte que la Constitution belge ne prévoit pas le référendum. On aurait au moins pu faire une consultation populaire, comme au temps de l'affaire royale".
2° "La question linguistique n'est qu'un faux problème qui crée de véritables nuisances".
Les éditions
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Les étonnantes origines de la querelle linguistique en Belgique
de Gillet, Jean-Marie
J.M. Collet
ISBN : 287367086X ; 15/01/2000 ; 224 p.
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