Les boeufs sont lents mais la terre est patiente de Pierre Falardeau

Les boeufs sont lents mais la terre est patiente de Pierre Falardeau

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Dirlandaise, le 29 août 2009 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 10 étoiles
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Falardeau forever !

Falardeau forever ! Existe-il plus grand bonheur sur terre que d’ouvrir un livre de Pierre Falardeau ! Pas pour moi en tout cas. D’accord, j’exagère un peu mais à peine… Ce livre de M. Falardeau est un recueil de différents textes, articles et synopsis de films tous écrits dans les années 1996, 97 et 98. Ce sont souvent des règlements de comptes avec de vieux ennemis, des hommages à des gens disparus, des coups de gueule, des mises au point, des cris de désespoir, des critiques et suggestions de lecture, des commentaires sur l’actualité québécoise et internationale, des opinions enflammées enfin bref, c’est falardien donc incisif, percutant, dérangeant, vrai, honnête, virulent et surtout ça provient du fond de l’âme et des tripes. Certains écrits sont très drôles, d’autres m’ont remuée profondément, d’autres sont d’une grande tristesse.

Parmi les textes que j’ai préférés, il y a évidemment le discours d’Elvis Gratton, président du Comité des intellectuels pour le Non, que j’ai trouvé absolument hilarant. Notre Elvis national y va de son petit couplet sur l’importance de ne pas diviser notre beau Canada car il craint comme la peste de perdre ses précieuses Montagnes Rocheuses, ce qui serait une catastrophe nationale pour lui.

L’hommage à Gaston Miron écrit le jour même de sa mort est très émouvant, beau et vrai. M. Falardeau était un ami de ce grand poète québécois sinon le plus grand. Avec des mots simples et un ton intimiste, il rend un dernier hommage à son ami, son frère. À pleurer… Et pour rester dans les textes tristes, un autre absolument magnifique pour souligner la mort du cinéaste Jean-Claude Lauzon dans l’écrasement de son petit avion, un autre grand ami et frère de M. Falardeau. Un hommage d’une sublime beauté et d’une grande sobriété.

J’ai beaucoup aimé le synopsis du film « La job » malgré le manque flagrant d'originalité du sujet mais les personnages sont attachants et le style falardien est irrésistible.

Je mentionne ici les textes dans le désordre. L’hommage aux Patriotes m’a bouleversée mais c’est normal, car ce sujet est une plaie vive sur mon cœur et quand M. Falardeau l’aborde, il me fait fondre littéralement. Là on se rejoint tous les deux et son cœur parle au nom du mien. Là je l’aime, je l’adule et mon admiration pour lui est sans bornes. Je le suivrais jusqu’en enfer s’il le fallait afin de promouvoir cette cause. Il s’agit de douze textes lus par douze comédiens sur la scène du Spectrum , de courts textes pour rendre hommage aux victimes de la haine des colonialistes anglais, des hommes tous jeunes, ardents et qui ont refusé de plier devant l’oppresseur. Terrible !

Et je pourrais continuer mais je vous laisse plutôt découvrir la verve et le franc-parler de Pierre Falardeau. Quelques titres afin de vous ouvrir l’appétit :

« Un cadenas dans le cerveau », « L’argent du crime », « La symphonie des damnés », « Liberté de penser », « La guerre de la poutine aura-t-elle lieu ? », « Un pays conquis et annexé », « Désarmé dans nos cerveaux », « La paix des cimetières », « La fatigue culturelle », « Ma patrie est à terre » et j’en passe.

Certains ne voient en Pierre Falardeau qu’un obscur canadien mais je leur réponds que souvent dans la vie, on ne trouve pas les vrais hommes sous le feu des projecteurs et il vaut la peine de s’aventurer du côté obscur car c’est là qu’on risque souvent de trouver la vraie lumière.

« Brutalement ou subtilement le pouvoir a toujours cherché à mettre à son service, ou au moins à mettre sur une voie de garage pour les empêcher de nuire, les penseurs, les artistes, les intellectuels. Par la simple force de l’inertie, le pouvoir se reproduit, inévitablement, en attirant les arrivistes, les serviles, les ambitieux, les têteux, les mangeux d’marde, les médiocres, les yes men, les béni-oui-oui. Puis il achète les autres, les faibles et les moins faibles, à grands coups de flatteries, de prix ou de médailles. Et ceux qu’il n’arrive pas à acheter, il les écrase, tout simplement. »

« Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sur toute la surface du globe ont travaillé, ont souffert ou sont morts victimes du colonialisme. Ces damnés de la terre, des Noirs, des Jaunes, des Blancs, ont subi dans leur chair et dans leur âme l’exploitation féroce des grandes puissances coloniales. »

« C’est toujours la même histoire. Aussitôt qu’on élève la voix, on est des racistes, des antisémites, des fascistes. Tous. Ils ont quand même du culot, ces petits farceurs. Le peuple québécois subit l’oppression de ces gens-là depuis 234 ans et c’est nous, les racistes ! Et ce cher oncle Bill qui vient nous faire chier en nous accusant d’anglophobie. Quoi ? Faudrait les aimer en plus ? Tabarnak ! »

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Les éditions

  • Les boeufs sont lents mais la terre est patiente de Pierre Falardeau
    de Falardeau, Pierre
    VLB / Partis pris actuels
    ISBN : 9782890057050 ; 48,26 € ; 01/12/1999 ; 248 p. ; Broché
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